La tempête
de Juan Manuel de Prada

critiqué par Jules, le 12 décembre 2000
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Une bonne intrigue, une belle écriture, une semi-réussite
Juan Manuel De Prada est un jeune auteur espagnol né en Biscaye en 1970.
Ceci est son second roman. Il écrit aussi des chroniques dans les journaux, ce qui lui a valu le prix César Gonzalez Ruano.
Alejandro Ballesteros est un jeune assistant d'université en Espagne et est le souffre douleur de son professeur. Il lui refile toutes ses corvées pour ne conserver que les plaisirs de sa charge. La spécialité de Ballesteros c'est la peinture. Il débarque à Venise pour étudier, sur place, " La Tempête " de Giorgione plus en détail. Il s'agit d’un tableau du Quatrocento se trouvant à l’Accademia. Venise est totalement inondée et sous la neige.
A peine installé dans sa petite auberge, un coup de feu retentit à l'intérieur d'un palais abandonné, face à sa fenêtre. Il l’ouvre et, de l'autre côté du canal, il voit un homme sortir du palais en titubant, la main sur la poitrine. L’homme s’écroule dans la neige. Alejandro se précipite, traverse le canal et prend l’homme dans ses bras. Peu de temps plus tard, celui-ci expire dans ses bras, sans avoir rien pu lui dire. Le voilà embarqué dans une aventure qui lui fera fréquenter les milieux policiers vénitiens, mais aussi celui de l’Art et des faussaires. Il participera activement à la recherche du meurtrier et les rebondissements seront nombreux. Malgré l’intrigue policière, les deux " personnages " principaux de cette histoire resteront Venise et " La Tempête ".
L'écriture de Juan Manuel De Prada est superbe et il connaît très bien la peinture et son milieu. Il rend à merveille les ambiances. Jugez par vous-mêmes :
" Janvier déversait ses rigueurs, avec un froid de chloroforme recelant pourtant quelque bonté, Venise se profilait dans le fond, sous une cuirasse de neige, maintenue en un équilibre dispendieux qui semblait annoncer son anéantissement. Une brume visqueuse descendait sur la lagune, collait à la pierre comme un mollusque et brouillait les contours, donnant aux palais qui flanquaient le Grand Canal des allures de fabriques condamnées, où les écaillures des façades évoquaient les plaies du corps d'un lépreux. Et Venise avait quelque chose d'un lépreux qui s’entête à rester debout alors que le verdict de sa disparition est déjà tombé, Venise avait quelque chose d'une morte qui ne peut plus cacher les atteintes de la putréfaction. "
L’intrigue est bien trouvée et l'écriture est donc très belle. Pourtant je ne donnerai que trois étoiles à ce livre. Je sens que je dois expliquer cette position. Je reproche à l'auteur de trop jouer de son écriture, lors de longues descriptions parfois un peu répétitives, ou en monologues intérieurs de temps à autre superflus et trop longs. On a envie qu’il avance dans son histoire et ce jeu d’écriture alourdit par trop souvent le livre, à mon goût. "
Du grand roman ! 9 étoiles

Ce bouquin, je l'ai tellement aimé que je l'ai lu deux fois!
Et je me suis autant laissé emporter à la deuxième lecture qu'à la première.

J'aime de plus en plus ces auteurs espagnols qui ont vraiment un style à part!

Juan Manuel de Prada signe pour moi un excellent livre, avec une athmosphère particulièrement collante, poisseuse et humide. Comme Venise en hiver...

Je n'ai pas pu m'empècher en retournant à Venise d'aller à l'Accademia et de rester devant "La Tempête" de Giorgione. Impressionnant! Tellement impressionné que j'en ai même achté une reproduction.

C'est dire à quel point un livre peut vous marquer...

Olivier1180 - Bruxelles - 52 ans - 11 novembre 2007


Pourquoi aime-t-on un livre? 8 étoiles

Je ne connaissais pas De Prada lorsqu'à sa sortie j'ai acheté son roman. Je suis un amoureux de Venise et je ne passerais pas une seule fois dans la cité sans aller faire un tour à l'Académie pour y revoir le tableau de Giorgione. Cela suffisait donc pour me lancer à l'aventure. J'ai découvert un jeune écrivain plaisant à lire mais aussi surtout quelqu'un qui comme moi connait bien cette ville. J'ai découvert aussi quelqu'un qui a un regard sur l'art intéressant. J'aime beaucoup quand la littérature rencontre les beaux arts. De Prado pour moi, dans cette perspective, rejoint des gens comme Pierre-Jean Rémy dans la Nuit de Ferrare, Pilippe Beausaint dans le Rendez-vous de Venise voire Siri Hustvedt dans Tout ce que j'aimais.

Hambraine - Fosses La Ville - 73 ans - 21 mars 2004


L'écriture est magnifique mais... 6 étoiles

... je pense, tout comme Jules, qu'elle finit par desservir l'intrigue. A la longue, je me suis lassée et j'avais l'impression qu'il ne se passait rien. Les envolées stylistiques de l'auteur donnent une impression de lenteur assez pesante. C'est dommage car l'intrigue est très bonne et les personnages assez savoureux.
Mais il n'en demeure pas moins que cela reste un bon livre et que Juan Manuel De Prada est doté d'une magnifique plume.

Féline - Binche - 45 ans - 30 septembre 2003


Venise et Giorgione selon Juan Manuel de Prada 8 étoiles

Il me semble que c’est effectivement une erreur que de réduire ce roman à une simple intrigue policière. Non, ce qui prime dans ce livre, c'est plutôt le style de l’auteur, sa vision de la cité vénitienne et son interprétation de la Tempête.

Esperluette - * - 51 ans - 25 août 2002


Je persiste... 6 étoiles

J'ai vraiment bien aimé ce livre mais je trouve que l'auteur joue un peu trop de son style au point de ralentir le rythme du déroulement de l'histoire. En plus, certaines descriptions deviennent répétitives. Un bon livre quand même mais je préfère Munoz Molina.

Jules - Bruxelles - 79 ans - 21 août 2002


Shakespearien 8 étoiles

Avec un titre comme celui-ci, il ne pouvait s'agir que d'une oeuvre ambitieuse.
« Trame policière, feuilleton, intrigue, et même certaines ficelles de la pulp fiction et du cinéma de série Z m'ont servi de support » nous dit Juan Manuel de Prada dans sa préface. Je trouve, en effet, que c’est un roman très riche qui n’est pas sans rappeler Le tableau du Maître flamand d'Arturo Pérez-Reverte. Malheureusement, il y a trop longtemps que j’ai lu ce livre pour aller plus loin dans la comparaison.
Quoi qu’il en soit, j’ai particulièrement apprécié le style « flamboyant » de Juan Manuel de Prada. On sent que c’est un auteur passionné qui prend plaisir à écrire, parfois à provoquer. La Tempête est un régal d'érudition et d’humour. Juan Manuel de Prada a été qualifié de « génie de la littérature » et je trouve que c’est justifié.

Esperluette - * - 51 ans - 20 août 2002


roman policier? 8 étoiles

Je n’ai pas trouvé que ce livre était un roman policier. Ok, il commence par un meurtre mais je n'ai pas trouvé l'intrigue passionnante malgré le fait que je n'ai pas deviné qui était le meurtrier.
En fait, je n’ai pas cherché à trouver qui avait tué.
Je me suis plus intéressée à l’écriture qui, si même est, en effet, répétitive n’en reste pas moins magnifique ! Et pourtant, je ne suis pas une fana des longues descriptions !
Il règne dans ce roman une atmosphère assez pesante, sans doute, du fait que cela se passe en hiver. Prada nous dévoile une autre Venise, celle des Vénitiens, la vraie Venise.
Les personnages sont très touchants et ont plus d’importance que l'intrigue policière. (de mon point de vue) Bref j’ai adoré ce livre.

Séchat - Bruxelles - 57 ans - 8 mai 2002