Ma mère à boire de Régine Vandamme

Ma mère à boire de Régine Vandamme

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Zoom, le 8 décembre 2001 (Bruxelles, Inscrite le 18 juillet 2001, 70 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 951ème position).
Visites : 5 206  (depuis Novembre 2007)

Ode à la compassion

Ah, les filles et leur mère : tout un programme... Celle-ci n'y échappe pas, à sa mère, et ce livre semble en être une tentative : desserrer le noeud dans la gorge, coucher sur le papier larmes et souvenirs , rancoeur et tendresse mêlées et dormir, enfin, plus tranquille, moins coupable.
Ce livre est très beau. Il pèse lourd de compassion, d'amour, de générosité, d'acceptation.
De plus il est superbement écrit, malgré des maladresses bien de chez nous (" ma mère, ses fourneaux, c'est son royaume "). Il recèle aussi des perles trop rares (" elle n'a rien connu des grands moments qui font la petite vie des femmes, ses luttes et turluttes au jour le jour ")
Il est le premier roman d’une belge, dont la belgitude est incontournable et succulente. Ainsi cite-t-elle de ci de là quelques expressions qui sentent un ciel si bas qu’il fait l’humilité. Une mère tourne souvent mal, pour peu qu'elle ait été belle - mais elles le sont toutes- et plonge dans la vieillesse comme dans une tourmente solitaire, ou pire dans le vide. Seule la chaîne de la vie qui suit sa route leur prête alors parfois un sourire.
Je ne sais si on a parlé de ce livre : je suis tombée dessus par hasard . Il me semble qu'il en vaut la peine.

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Relation tumultueuse mère-fille

9 étoiles

Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 82 ans) - 23 septembre 2006

Ce n’est pas la mer à boire… ce n’est pas si terrible, si difficile ! Mais Régine joue avec les mots : ma mère à boire, c’est sa mère… qui boit. Et tout le drame est là et va même plus loin : c’est la personnalité de sa mère qu’elle fait découvrir et ses sentiments personnels face à ce mal-vivre.
Régine Vandamme nous fait entrer dans son intimité : sa relation avec sa mère. Elle porte un jugement sévère à peine tempéré en fin de roman. Mais entre les lignes, on retrouve toute sa détresse personnelle face à la déchéance de sa mère, maman, mamma, moeder, mamy comme elle l’appelle. On assiste à une lente descente aux enfers, avec un antagonisme mère-fille qui va croissant, une fille qui ne supporte plus sa mère et qui, pourtant, souffre de cette situation car on ne peut couper si facilement le cordon… D’ailleurs, il y aura résurrection : après le noir vendredi saint il y a la lumière de Pâques !
La plume de Régine Vandamme est particulièrement alerte, colorée, imagée à souhait. Elle décrit des objets tout simples auxquels elle donne vie en évoquant des souvenirs personnels.
Elle joue merveilleusement avec les mots, les expressions qu’elle déforme pour accentuer ses sentiments personnels :
« Quand elle remonte les six étages, elle débouche une nouvelle bouteille. Remplit son verre et boit debout dans sa cuisine entre sa planche à repasser qu’elle ne replie plus et son frigidaire qu’elle ne remplit pas. Elle boit, gorgée après gorgée, presque avec dignité, à sa santé de fer soudée à ce corps qui rouille et ramasse la mouise. »

Je rejoins Zoom et SGDP

9 étoiles

Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 61 ans) - 9 mars 2002

Un livre vraiment très bon en effet. Je l'ai vivement recommandé à Thémis il y a quelques temps d'ailleurs. Voilà deux avis qui devraient l'inciter à le lire.

Superbe!

10 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 9 mars 2002

Quelle écriture !
L’auteur nous gave de phrases au parfait équilibre face auxquelles on s’arrête pour les reprendre, dont on savoure le rythme, des phrases parfaites qui laissent sur nos lèvres un « waow » pantois…
La narratrice fait en quelques pages le tour de sa mère, fumeuse, alcoolique, une mère qui n'a de la vie que l'apparence.
A l'instar de Lucien, j'ai voulu faire le test de la page 100.
Mais la page 100 est blanche, entre deux chapitres.
Comme la vie de cette mère, vide.
Sauf qu'elle a renoncé depuis longtemps à en écrire le chapitre suivant.
Elle s’écoule dans l’intemporalité, se voue au néant, se vautre dans la négation d’elle-même.
Quelques extraits :
(Après une page de développement sur le fait que sa mère ne possède pas d’aspirateur) « Si au moins ma mère aspirait à une autre vie, peut-être n’y aurait-il plus chez elle que de la poussière de rêve. »
« J'eus la très nette impression, ce jour-là, que je devenais la mère de ma mère.
Que je n'étais plus un maillon de la chaîne généalogique de la maternité mais le fermoir à moi toute seule. »
« Et j’en reste à me demander comment on peut passer une vie sans faire de liens quand de naissance on a la science des nÏuds. »
« Tant qu'à ne plus être aimée, autant fourbir les armes indispensables à l'entretien de la haine.
Tant qu'à ne plus pouvoir aimer, autant commencer par se désaimer soi-même. »

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