Un immigré très français

Kassa Houari est un immigré comme ceux que nous croisons tous les jours, adolescent précipité d’un djebel reculé dans un monde aux antipodes du sien. Pour la première fois, l’itinéraire muet parmi nous de millions d’hommes venus d’outre-Méditerranées est décrit de l’intérieur par l’un d’eux : la vie et le travail quotidien, les chocs sensuels, l’assimilation insensible, les Français dans le regard maghrébin. Tout cela « sublimé » chez Kassa Houari par une bouleversante histoire d’amour avec la culture de son pays d’adoption, qui seule explique ce livre, extraordinaire de vérités crues.
Il y raconte sa découverte de la littérature Française en se rendant à la Bibliothèque Municipale d'Aubervilliers. Le premier ouvrage qu'il a lu, en s'aidant d'un dictionnaire pour tout comprendre, fut Germinal, dans lequel il découvrit et comprit que "les Français avaient, eux-aussi, connu dans leur passé des années de misère et d'injustice, de faim et de froid".
Il dévore ensuite les vingt volumes de Zola et, véritable coup de foudre, découvre "La Mère" de Maxime Gorki, puis, du même auteur Enfance, Mes Universités, En gagnant mon pain, qui lui ouvrent l'esprit à l'idée de pouvoir "sortir de sa condition, même en étant issu d’un milieu très pauvre, démuni et sans instruction".
Décrochant un stage de formation, il se trouve en compagnie de "Français de souche" et se trouve profondément étonné, et déçu, par leur ignorance : Daudet, Saint-Éxupéry, qui sont-ils ? Victor Hugo seulement connu par son adaptation cinématographique des Misérables !...
Il étudie ensuite l'Histoire de France et lors de la période des Guerres de religion et, surtout, de l'Inquisition, ses yeux s'ouvrent en découvrant les similitudes d'intolérance avec l'Islam. Du coup, il balance ses croyances aux orties et devient athée.
Venu à l’émission de Michel Polac "Droit de réponse" pour défendre l'athéisme au sein de l'Islam (il portait une pancarte sur laquelle était écrit "Voltaire ! Au secours"). Confronté au Cheikh Guessoum, vice-recteur de la Mosquée de Paris, et au Professeur Mohamed Arkounn diplômé de la Sorbonne et chercheur en Sciences Islamiques, Michel Polac posa la question de savoir s'il "était possible d'appartenir au monde musulman tout en étant athée.
Et Kassa Houari de conclure ainsi son ouvrage : "Pour ma part, je dis à tous que, quelle que fût mon incapacité à bâtir des analyses et des théories je ressentais l'Islam comme un poids écrasant, étouffant. Je n'avais pas besoin de croyance religieuse pour mon équilibre. Je souhaitais, ajoutai-je, que l'Islam me reconnaisse en tant que citoyen laïque et qu'on cesse d'enfermer tout le monde entre les quatre murs de la foi musulmane. Inutile de préciser que j'eus droit aux foudres du représentant de la Mosquée de Paris. Il me traita de "marginal" et décela en ma personne le cas typique des "paumés" issus de l'Immigration, étrangers à leur langue, qui est nécessairement l'arabe, et étrangers à leur culture, qui se réduit inévitablement à la Religion".
Ce livre, écrit en 1987, reste très actuel. Et il faut saluer le courage de Kassa Houari pour l'avoir écrit. Et fort bien.

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  Confessions d'un immigré [Texte imprimé], un Algérien à Paris Kassa Houari

  de Houari, Kassa
  Lieu commun / Islamie.
  ISBN : 9782867051029 ; 89 F ; 11/03/1988 ; 249 p. ; Reliure inconnue

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