Quatre soeurs
de Junichirô Tanizaki

critiqué par Saule, le 7 décembre 2001
(Bruxelles - 58 ans)


La note:  étoiles
Une chronique familiale Japonaise
Ce livre est une sorte de chronique familiale, dans laquelle Tanuzaki nous raconte les faits et gestes des quatre soeurs Makioka. Un portrait d'une grande beauté d'une culture et d'une époque pleine de finesse (l'histoire se passe dans la fin des années 1930, à Osaka et à Tokyo).
L'auteur parvient à nous passionner et à nous amuser par tous les petits événements qui émaillent la vie de la famille. Ainsi les rencontres organisées en vue de trouver un mari à Youki ko, la troisième des filles, qui malgré sa beauté et sa sensibilité typiquement japonaise n'est toujours pas mariée. Il y a aussi les visites annuelles de la famille aux cerisiers en fleurs, les représentations de danse, les diners au restaurant et tout les autres petits faits de la vie courante que l'auteur brosse avec humour et sensibilité. Et puis on rencontre une foule de personnages très attachants, notamment les petits enfants allemands des voisins ou la domestique dévouée mais trop bavarde.
C'est un livre dans lequel il faut s'immerger, le rythme est assez lent, il n'y a pas beaucoup d'action. Et pourtant, malgré ses 850 pages, le livre n'est jamais ennuyant loin de là. Le lecteur patient, qui sera rentré dans l'atmosphère et qui est intéressé par la culture japonaise sera comblé par ce livre, unique dans son genre.
Les soeurs Makioka 10 étoiles

Classique de la littérature japonaise, adapté au cinéma en 1983 par le grand cinéaste Kon Ichikawa, "Quatre soeurs" intimide d'abord par ses 900 pages dont la lecture n'est pourtant jamais pénible. L'écriture de Tanizaki est beaucoup moins imagée, moins métaphorique que plusieurs de ses contemporains. La traduction nous laisse découvrir un style épuré qui va droit au but, toujours au service du récit. Les thèmes de la déchéance des grandes familles et de l'émancipation des femmes sont développés de manière touchante et adroite, sans jamais verser dans le mélodrame ou l'exposé sociologique. Tanizaki présente avant tout des femmes fortes qui tracent leur chemin dans un Japon en grande transformation à l'aube de la Deuxième Guerre mondiale. On termine la lecture de ce chef-d'oeuvre avec l'impression de posséder une meilleure compréhension des moeurs et coutumes japonaises de l'époque. Les chapitres sur les mariages sont spécialement intéressants. Tout au long de ma lecture, j'avais en tête les films de Naruse, Ozu et Mizoguchi. Une belle découverte.

ARL - Montréal - 38 ans - 5 août 2018


Au coeur du Japon 7 étoiles

Ce gros (près de 900 pages) livre permet de rentrer dans la vie d'une famille japonaise un peu déchue dans les années précédant la guerre de 1940-45, de participer de sa vie intime, de connaître ses relations avec la société japonaise. Tous les détails de la vie quotidienne sont décrits avec une belle précision et dans une langue simple et variée. En particulier les rites accomplis (fêtes, anniversaires, cérémonies religieuses, etc.) sont présentés de manière très réaliste, permettant au lecteur de comprendre leur importance dans la vie courante du Japon de ces années-ci. Deux des soeurs n'étant pas mariées, on assiste aux efforts pour marier l'une (Youki ko) et à ceux de l'autre (Tae ko ou Koi san) pour vivre sa vie, exemple d'une modernité naissante. Il reste cependant que le récit devient répétitif, particulièrement pour les efforts vers le mariage de Youki ko. A la quatrième ou cinquième "présentation" d'un éventuel mari, même si les circonstances changent, l'attention baisse devant la ritualité des démarches.

Falgo - Lentilly - 84 ans - 16 juin 2016


Du plaisir assuré.... 9 étoiles

Pour ceux qui aiment la rencontre tranquille avec un monde si différent du nôtre. Pas de grands effets, du quotidien ..... Un rythme lent, une entrée dans ce monde codifié et rigide du Japon de l'entre deux guerres : une famille qui doit faire face à sa réalité : la "branche ainée" donc responsable manque de plus en plus d'argent, il faut marier la troisième soeur (d’où des scènes où on oscille entre l'incrédulité et le rire jaune, sans mauvais jeu de mot), canaliser la quatrième un peu trop hors norme et la plupart des responsabilités incombent à la seconde !
On croise dans ce livre un nombre étonnant de personnages et de situations : l'auteur sait nous entrainer avec bonheur dans la vraie vie...
Les soeurs et leurs proches sont à la fois (ou tour à tour) adorables et exaspérants : des humains, tout simplement ! Le récit est émaillé de détails d'un réalisme confondant.
On reste stupéfait devant l'absence totale de prise de conscience politique de cette famille quand le monde entier bouge et que la Mandchourie est déjà créée...
Une famille, un univers, une très belle découverte à savourer !

DE GOUGE - Nantes - 67 ans - 5 janvier 2012


Très bon ! 10 étoiles

J'ai également beaucoup aimé ce roman qui nous permet une plongée dans le monde japonais à l'époque de la seconde guerre mondiale.

"Paisible" (comme dit Duncan) est en effet le terme qui convient le mieux à ce roman. Mais paisible ne veut pas dire sans intérêt, loin s'en faut.

Un des aspects qui m'a le plus plu est la description des voisins allemands et de leurs relations avec les héros japonais, le tout décrit du point de vue d'un écrivain japonais.

Tanizaki me semble être un merveilleux trait d'union entre le Japon et le reste du monde.

Il est à noter que Tanizaki a reçu le prix Nobel de Littérature.

JEANLEBLEU - Orange - 56 ans - 13 mai 2007


Passionnant 9 étoiles

Et pourtant c'est vrai que les rebondissements sont rares... Disons que la vie s'écoule assez tranquillement entre les propositions de mariage pour Youkiko et les frasques de Taeko.

Bon, il y a quand même des inondations de temps en temps... et la guerre gronde partout dans le monde... Mais cela semble tellement lointain, tellement étranger...

Un merveilleux roman, captivant à condition de se laisser porter et d'être curieux de cette culture "où tout est à l'inverse de chez nous" selon les premiers missionnaires arrivés au pays du soleil levant...

Ce livre, publié en feuilletons, fut interdit pendant la guerre... car cette tranquilité et cette vie "traditionnelle" sonnaient comme autant de reproches envers la politique agressive de l'époque, la soif de façonner l'Asie, la certitude d'être la race supérieure de l'Orient... autant de notions étrangères à Tanizaki et que ce livre met merveilleusement en exergue par son déroulement "paisible", presque hors du temps.

Duncan - Liège - 42 ans - 16 août 2004


Superbe ! 8 étoiles

J'adore Tanizaki et ce livre est un de ses meilleurs. J'ai aussi adoré "La confession impudique" et "Svastika". Un très grand écrivain !

Jules - Bruxelles - 79 ans - 12 décembre 2001