Jolies ténèbres de Marie Pommepuy (Scénario), Fabien Vehlmann (Scénario), Kerascoët (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Sci-fi & fantastique , Bande dessinée => Adultes

Critiqué par Miss teigne, le 17 avril 2009 (Inscrite le 6 mars 2008, 42 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 629ème position).
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Conte macabre

Il est difficile de résumer ce conte macabre pour adultes. D’autant que ce one shot ne fait pas appel à l’esprit rationnel ou logique du lecteur, il le prend aux tripes. Je n’ai rien lu de plus original et de plus féroce depuis bien longtemps. Ce sont les Kerascoët (Miss pas touche) et Velhmann (le Marquis d’Anaon) qui sont les géniteurs de ce conte cruel à la Tim Burton. Aurore, le personnage principal, a des allures d’une Alice au pays des merveilles alors qu’elle évolue au pays des horreurs dont la plupart des héros sont des gamins méchants et cruels.

En bref, alors qu’Aurore prend le goûter avec Hector, son Prince Charmant, les murs et plafonds de guimauve s’écroulent soudain. Ils prennent la fuite. Une fois dehors, le lecteur constate qu’ils ont surgi du corps inanimé d’une petite fille allongée dans un bois. Mais ils ne sont pas seuls à fuir, d’autres créatures minuscules émergent de ce corps désormais inhospitalier qui s’avèrera vite être un cadavre. Livrée à elle-même, la petite communauté s’organise comme elle le peut dans cette forêt hostile. Aurore prend les choses en main et s’occupe soigneusement de chacun : les nourrir, les abriter,… Et elle reçoit bien peu en retour.

On peut difficilement s’extasier devant la beauté du graphisme relativement simple mais tour à tour charmant et agressif et devant ce scénario qui véhicule une morale franchement douteuse. Pourtant, ce graphisme enfantin qui porte nettement la signature des Kerascoët est parfaitement adapté à l’histoire qui effleure l’absurde. La cruauté de certains épisodes qui se déroulent dans l’indifférence générale est poignante. Et parfois, contre toute attente, elle fait honteusement naître un sourire sur les lèvres du lecteur, péché véniel mais difficilement avouable face à tant de férocité qui se raconte sans vergogne. C’est pourquoi le verbe "s’extasier" est totalement inapproprié. On est frappé, interpellé, choqué et ce peut-être d’abord par nos propres réactions,…

Le lecteur s’interroge beaucoup sur la nature de ces petits personnages surgis du cadavre de la fillette. Qui et que sont-ils ? Certains d’entre eux donnent parfois l’impression de représenter un trait de caractère de la fillette. Ils ont ses traits mais sont une caricature d’eux-mêmes. En réalité, la fillette n’est utile qu’au décor. Excepté son prénom, on n’en apprend rien. Et finalement, les auteurs nous laissent libres d’interpréter comme on le souhaite. En fermant cet album, un instant de silence…

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"une charogne"

10 étoiles

Critique de Hervé28 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 54 ans) - 4 septembre 2011

Voici une bande dessinée que j'ai lue et relue trois fois depuis son achat, et sur laquelle j'ai du mal à m'exprimer tant le sujet est fort.

C'est en effet une véritable claque, une bombe évidement à ne pas mettre entre toutes les mains.

L'objet éditorial en lui-même est superbe : une belle jaquette représentant une scène champêtre voire bucolique : une petite fille dort dans l'herbe !
Que nenni, Fabien Velhmann et Marie Pommepuy nous ont concocté un conte macabre, cruel, parfois gore, sordide et..., bon j'arrête là les adjectifs tant on sort dégoûté de cette histoire, même complètement retourné tant le décalage est fort entre le dessin (presque de l'illustration de livre d'enfant) et la cruauté du récit.

Le scénario n'explique pas tout, et c'est d'ailleurs une volonté des auteurs. Qu'est-il arrivé à cette fillette, qui est l'homme habitant la forêt (son père, son assassin, un quidam ?), qui sont ces étranges créatures sorties du corps d'Aurore (pour ma part, je pense qu'il s'agit de la production de son cerveau, de ces histoires que se racontent les petites filles... mais cela n'engage que moi) ? Mais c'est au lecteur d'imaginer le passé et la suite de cette aventure.

Un récit qui, au fil des saisons et de la décomposition du corps (tiens cela me fait songer au poème de Baudelaire intitulé Une charogne, lisez-le, vous verrez) nous met mal à l'aise, voire nous répugne mais bon sang que c'est réussi !

Une excellente bande dessinée

dur!

1 étoiles

Critique de Mariaverdine1 (, Inscrite le 6 janvier 2010, 43 ans) - 6 janvier 2010

ce livre m'a profondément troublée et dérangée. j'ai du mal à comprendre quel est le message, ce qu'a voulu dire l'auteur.... la cruauté des personnages, leur absurdité sont poussées à un tel paroxysme!! je ne comprends pas quel plaisir a pu prendre l'auteur à transmettre des émotions aussi malsaines ????
je suis de nature ouverte, grande fan de bd, mais la, je réagis violemment à ce type d'ouvrage. pour moi, âmes sensibles, s'abstenir. mon ami en a fait des cauchemars.

Petits anges diaboliques…

8 étoiles

Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 9 juin 2009

Ce qui m’a attiré au premier abord, c’est la couverture, que je trouve somptueuse. L’ouvrage est également très soigné et les planches agréablement coloriées, ce qui fournit au moins un argument en faveur de l’achat.

Ce qui frappe ici dès les premières pages, c’est le contraste entre le graphisme enfantin des personnages et la radicalité du propos. D’emblée, le malaise s’installe à la vue du cadavre de la fillette et de toutes ces petites créatures orphelines qui semblent en sortir, sans se poser la question sur leur situation. Tels des naufragés débarqués dans un monde inconnu et trop grand pour elles, elles vont pourtant s’adapter avec une facilité incroyable, mais toujours dans l’improvisation et hors de toute rationalité. Toutes ont une personnalité différente mais agissent avec l’innocence de l’enfance, capables de commettre en toute insouciance les actes les plus cruels, inconscientes de leur portée.

Spectateur de cette micro-société en formation qui produira ses lois et ses chefs, notre œil d’adulte est souvent interloqué, fasciné... Un peu comme si l’on observait une immense cour d’école sans surveillant, sans pouvoir d’intervention aucun, l’histoire se déroulant au rythme incohérent des humeurs de ces lutins diaboliques, avec souvent des épisodes monstrueux.

Et du coup, on ne sais plus ce qui nous met le plus mal à l’aise dans ce conte étrange : le cadavre en décomposition de la fillette ou le comportement brutal des enfants livrés à eux-mêmes qui pourraient presque être humains, abstraction faite de leur taille ?

C’est peut-être à cet effet que les auteurs nous rappellent, avec quelques références bien placées (Peau d’âne notamment) que les contes pour enfants comportent plus ou moins leur part d’immoralité et de cruauté.

Cette histoire absolument pas banale se lit très vite, presque trop vite. J’aurais apprécié un récit plus long, plus élaboré, et du coup, je suis resté un peu sur ma faim. Peut-être faut-il considérer cela, non pas comme une œuvre « sérieuse », juste comme une comptine légère et morbide distillant sa petite musique lancinante qui ne s’oublie pas si vite... OVNI graphique sulfureux, ces « Jolies Ténèbres » charment autant qu’elles révulsent, mais en tous cas ne laisseront personne indifférent. En tout état de cause, nul ne pourra nier l’originalité et l’audace à partir d’une base narrative aussi risquée...

Sur un tapis de feuilles mortes...

9 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 44 ans) - 7 mai 2009

Je partage entièrement la chronique de Miss Teigne... Et donc qu'ajouter?

Un thème surprenant, sombre, fascinant et dérangeant qui est mis en exergue par un graphisme paradoxal : naïf, coloré et joyeux, il n’en rend le fond que plus troublant. Beaucoup d’originalité et une atmosphère assez peu commune, où le lecteur se sent pris au piège par quelque chose de désagréablement familier… Ces petites infamies du quotidien de l’enfance, où les rêves, les violences, les sentiments sont décuplés dans un imaginaire si étonnamment fertile.

Plein de jolies ténèbres...

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