Sylvie de Gérard de Nerval

Sylvie de Gérard de Nerval

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pétoman, le 5 décembre 2001 (Tournai, Inscrit le 12 mars 2001, 48 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 569ème position).
Visites : 6 271  (depuis Novembre 2007)

Incertitudes

Nerval à travers ce récit semi autobiographique nous montre les différences qu'il y a entre l'amour idéalisé et l'amour tel qu'il se présente dans la réalité.Et cela, à partir des intrigues du héros avec Sylvie, Raphaelle et une actrice de Théâtre.
Il faut faire avec ce que l'on a... hésiter entre la réalité et son idéal ne peut aboutir en définitive qu'à la ....solitude. Une belle petite histoire donc, pas un sommet mais certainement pas une merde. Quant à ses poèmes, une merveille à savourer. Les meilleurs sont ceux qui à l'inverse de Baudelaire sont exprimés avec simplicité, dans les mots de tous les jours. Pour les fans et pour ceux qui veulent comprendre pourquoi ce fabuleux auteur s'est foutu en l'air n'en en expériences sexuelles mais en se suicidant...

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Du rêve à la chute

9 étoiles

Critique de Opalescente (, Inscrite le 8 novembre 2005, 41 ans) - 4 mai 2011

Résumé grossièrement "Sylvie" est l'histoire d'un homme qui ne sait se contenter de ce qu'il a. Courant après des chimères, il passe à côté d'une belle histoire sentimentale simplement car il souhaite l'amour parfait. À trop rêver sa vie on la traverse sans rien y posséder, en se retrouvant seul et désemparé.
L'auteur d'ailleurs ne semble pas apprendre de ses erreurs car il laissera passer une autre histoire en voulant la rapprocher de son rêve.
Une belle nouvelle, écrite dans un joli langage, qui m'a longtemps donné à réfléchir, malgré sa rapidité de lecture.
À mettre en toutes les mains!

Droit de réponse à Petoman

7 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans) - 13 décembre 2001

J'ai parfois dû me retenir de rire à la lecture de ta dernière critique éclair... Et je crois que tu ne pourras pas m'en vouloir. Tu dis "Vivement que Jules reprenne la vedette de ce site...", mais tu ne dois quand même pas oublier, qu'à une certaine époque, tu ne me supportais pas mieux que Syllal-O aujourd'hui !... Des insultes, j'en ai pris un paquet et bien pires que de me faire traiter de don Quichotte !... Le passé est le passé et il n'a pour intérêt que d'avoir existé.
Mais qui te dit que j'étais "la vedette" du site et, surtout, qui te dit que tel était mon but ?... Ce ne l'est d'ailleurs pas plus aujourd'hui ! Une de mes passions est la littérature: point !... Deux des fondatrices de ce site avaient besoin de critiques, alors qu'il venait d'être créé. L'une d'elle s'est adressée à moi et je me suis lancé pour les aider, au début, par passion au fil du temps. Contrairement à ce que tu as cru à un moment, pas "pour étaler ma culture comme de la confiture" J'avoue d'ailleurs que cela m'a pris énormément de temps pendant toute une année et que je compte lever le pieds solidement. Mais il fallait remplir le site, car à défaut de critiques les visiteurs ne s'y seraient pas intéressés.
Tu nous dis que "nous faisons les intéressants en citant des phrases et qu'il nous suffit de consulter les préfaces"... J'aimerais que tu me donnes une édition avec préface explicative pour Auster, Russell Banks, McCarthy, McInnerney et bien d'autres auteurs que j'ai mis sur le site. Je ne me suis pas plus servi de préfaces pour Céline, Camus et les autres (Yourcenar oui, car elle les faisait elle-même et qu'elles sont un régal !) Les citations reprises des livres critiqués sont soulignées (avec bien d'autres phrases d'ailleurs) dans mes propres livres. Le but que j'ai poursuivis n'a jamais été de "faire l'intéressant" mais bien de tenter, par mes critiques, de montrer l'intérêt qu'un livre peut avoir et de donner l'envie de le lire. Comme tout passionné, j'aime essayer de faire partager ma passion: point. Je n'ai jamais eu d'autre but ! Et certainement pas celui de me "masturber intellectuellement" même si je préfère les livres "intelligent" aux autres.
Tu dis ne pas avoir le temps, mais si tu ne te donnes pas celui de tenter de transmettre ce que tu as ressenti en lisant un livre, pourquoi en fais-tu la critique ?... Fais en moins, mais fais les en sorte que celui qui te liras auras envie de lire ce livre !
J'ai déjà été bien trop long et j'arrête donc ici ce qui n'est qu'une réponse ou un avis.

Du vent dans les branches de Syllah-o

8 étoiles

Critique de Syllah-o (Liège, Inscrit le 5 décembre 2001, 61 ans) - 12 décembre 2001

Je veux bien débattre de littérature, polémiquer. Répondre à des insanités dépasse mes forces.
Après Cyrano, Don Quichotte... Me voilà fort bien traité. Toi : Pétoman. La preuve est ainsi faite que nous ne pouvons prétendre aux mêmes rôles. Et cela tombe bien, puisque tu nous dis vouloir te contenter du rôle de critiqueur expéditif. Par cet aveu, au moins tu prouves que tu ne jalouses pas un certain art de dire les choses. Je te soupçonnais à tort de macérer dans la rancune.
Tu vas être content, car j'ai obtenu du webmestre de faire cesser la censure. Nous pouvons désormais nous défouler sans craindre les foudres du Grand Inquisiteur. TU peux désormais te défouler, car moi je ne joue pas à ce jeu. Le duel à fleurets mouchetés, tant qu'on voudra. La grosse empoignade bien sanglante avec crachats, insultes, coups de poing, merci : je n'ai plus 16 ans. D'ailleurs, je ne te reproche que d'être un peu sommaire dans tes critiques. Pour le reste, il est possible que tu sois un gars parfaitement sympathique.
Mes "frustrations inhérentes à ma névrose" m'ont beaucoup fait rire. Je croyais me lire sous la plume de l'aimable et distingué Pétoman. Sollers aussi a commencé par le pastiche. Il n'est guère allé plus loin, mais toi, on sent que tu es plus doué, tu as quelque chose dans le ventre. On le sent même très fort... Dis donc, tu as mangé des fèves ?

Si là haut, au pays des enfers

1 étoiles

Critique de Pétoman (Tournai, Inscrit le 12 mars 2001, 48 ans) - 12 décembre 2001

Moi, je ne suis pas là pour faire des critiques pompeuses où d'ailleurs, comme mon détracteur aime le faire, on pompe tout dans la préface d'un bouquin, qu'on recopie la préface et qu'on fait semblant de tout savoir. Mon rôle est de raconter brièvement un livre et de donner mon avis... pas de faire un résumé du livre, je ne suis pas à l'école. Et faire l'intéressant avec des citations de machin chose n'intéresse pas grand monde. de plus j'ai une vie et je ne peux pas passer deux heures par jour sur ce site... moi, j'ai aussi une vie... je ne peux pas passer deux heures sur une critique. Ce n'est pas de ma faute si certains frustrés n'ont rien d'autre à faire que de passer leur vie sur ce site... et critique amateur, il est payé le critique professionnel... moi pas en tout cas. Je ne suis pas ici pour montrer, pour me masturber intellectuellement, ce qui n'est pas le cas de tout le monde ici... vivement que Jules redevienne la vedette de ce site, lui, au moins, a vécu pour de vrai, pas à la manière d'un Don Quichotte, enfin pour Silahauthaut, plutôt Don Quichiotte... avec ma critique, moi, je parle du bouquin, pas de mes frustrations inhérentes à ma névrose...

5 étoiles, parfaitement !

8 étoiles

Critique de Syllah-o (Liège, Inscrit le 5 décembre 2001, 61 ans) - 12 décembre 2001

Je dois avouer quelque chose, que j'aurais préféré taire : c'est que la première partie de ma critique de "Sylvie" a été censurée, parce que j'osais dire, en termes suaves pourtant, ce que je pensais de la critique de Pétoman. Sans doute est-ce mieux ainsi, mais je persiste à penser qu'on peut être un critique amateur et faire preuve de talent : la preuve par Eric B. Et je ne dis pas cela parce qu'il abonde dans mon sens et me lance au passage des fleurs par ailleurs... pas volées ! Je pense que ma critique de "Sylvie" et la brillante intervention d'Eric inciteront plus le curieux à lire Gérard de Nerval que la critique précédente signée Pétoman... Soit. Je tenais à faire cette brève mise au point, et à remercier éric pour son appréciation MOTIVéE de l'oeuvre de Nerval, auteur qui me touche littérairement et humainement, comme un certain Kafka, un certain Montaigne, une certaine Marina Tsvétaeva, et d'autres encore. Pour atténuée qu'elle soit, l'influence de Gérard de Nerval est encore perceptible, sinon directement, du moins par le biais d'auteurs que l'œuvre nervalienne a inspirés. Tu cites Dhotel, et c'est justice. Dhotel quant à lui inspire beaucoup Jean-Claude Pirotte qui fait référence à ses livres obstinément, amoureusement... Pirotte... Voilà un remarquable écrivain, fort peu lu, parce que sans doute peu turbulent, une plume discrète, envoûtante elle aussi (lire "Autres arpents" !), mélancolique et cependant... comment dire ?... tiens : éméchée, avec son joli nez tout rose, son haleine parfumée au bourgogne, un vin qui semble faire chanter l'encre dans les encriers ! Je lui consacrerai bientôt une critique, et l'on verra si je suis toujours un impitoyable iconoclaste !

*****

10 étoiles

Critique de Eric B. (Bruxelles, Inscrit(e) le 15 février 2001, 57 ans) - 12 décembre 2001

Avant de devenir ce que l'un de mes profs de quatrième appelait, dans son style un peu emphatique, l'Himalaya de la littérature française, Marcel Proust fut un fin lecteur : il avait raison de placer Nerval, auteur très mal connu de nos jours, à l'avant-plan du romantisme, et Syllah-O, de le rappeler dans sa critique, dont certaines phrases, comme dans chacune de ses interventions, sont à sauver ("c'est un décor réel, une matière qui respire et que Gérard de Nerval habite"). Comme Rousseau, auquel il serait hasardeux de le comparer en dépit de leur commune inscription dans le courant littéraire de l'autobiographie, Nerval transcende le temps : malgré certains aspects datés de son oeuvre, il reste à maints égards un contemporain, ce qui est la marque des auteurs essentiels. A quoi cela tient-il ? Au fait, je crois, qu'il est aller puiser au plus profond de lui-même la matière de son oeuvre, et qu'il s'est forgé un style en parfaite adéquation avec ce qu'il avait à dire : chez lui, comme chez les écrivains majeurs, forme et sens ne font qu'un, ce qui pourrait être, au fond, la caractéristique de la "prose poétique", poétique étant pris ici dans son acception formaliste - ce qui a trait à la forme. Le "plat ultra" que fut Chateaubriand selon la formule de Stendhal a, lui, fixé, les canons de l'esthétique romantique, et ce de manière définitive, dans les premiers chapitres des Mémoires d'outre-tombe. De la même façon, on touche ici à l'origine la moins frelatée (même si elle est en partie dérivée du roman gothique anglais de la fin du XVIIIème siècle) de thèmes que l'on retrouvera encore dans les arts visuels de la fin du XXème siècle. L'apport stylistique de Chateaubriand, pour lourd et systématique qu'il puisse paraître à certains moments, est également considérable, une grande partie de la littérature des deux derniers siècles en découlant d'ailleurs. Quant à Proust, il est évident que son oeuvre plonge certaines de ses racines dans Nerval, lequel a aussi inspiré très nettement Alain-Fournier, André Dhotel, Henri Bosco, Marcel Brion et quelques uns des rares auteurs qui puisèrent à l'une des sources les plus brûlantes qui soient du romantisme français.

"Un amour qui remonte à l'enfance est quelque chose de sacré"

8 étoiles

Critique de Syllah-o (Liège, Inscrit le 5 décembre 2001, 61 ans) - 11 décembre 2001

"Sylvie" est une mélopée en clair-obscur narrant les déboires sentimentaux d'un homme indécis, inquiet, épris d'idéal, partagé entre les feux brûlants d'une réalité souvent décevante et les cendres chaudes encore de souvenirs liés à son enfance, à la campagne valoise que le narrateur parcourt à la poursuite des fantômes qui l'obsèdent.
L'histoire que raconte ici Gérard de Nerval est en partie autobiographique et repose sur la passion toute platonique que lui inspira trois années durant l'actrice Jenny Colon. "Je sortais d'un théâtre où tous les soirs je paraissais aux avant-scènes en grande tenue de soupirant." Ainsi débute "Sylvie". Aurélie, l'actrice que le narrateur
poursuit de sa lointaine assiduité, se confond dans son esprit avec une jeune fille blonde - Adrienne - que, dans son enfance, il a pu voir danser et chanter un soir à l'ombre d'un château du temps de Henri IV. Il lui avait offert une couronne de fleurs, qui, sur sa tête, la faisait ressembler "à la Béatrice de Dante qui sourit au poète errant sur la lisière des saintes demeures". Adrienne était alors rentrée dans le château, et le narrateur ne devait plus jamais la revoir, car "le lendemain elle repartit pour un couvent où elle était pensionnaire." Sylvie, la petite fille que le narrateur accompagnait et qu'il aimait jusque-là, avait fondu en larmes : "La couronne donnée par mes mains à la belle chanteuse était le sujet de ses larmes".
L'évocation d'Adrienne, devenue religieuse, à travers la figure d'Aurélie, l'actrice, ramène le narrateur à la pensée de Sylvie, qu'il se reproche d'avoir délaissée et qu'il a envie soudain de revoir, après trois ans, avec en tête l'idée de l'épouser. Ils se reverront, ensemble évoqueront des souvenirs, des chansons d'autrefois, se promèneront sur les chemins de la campagne valoise, de Loisy à Othys, de Châalis à Ermenonville (où repose Jean-Jacques Rousseau, chantre du Romantisme français), jusqu'à ce que le narrateur apprenne, dépité, qu'il est trop tard : Sylvie est promise au "grand frisé", frère de lait du narrateur, qui jadis l'avait sauvé de la noyade.
Le narrateur reporte alors toute son attention sur Aurélie, l'actrice, à qui il envoie un bouquet, accompagné d'une lettre anonyme, puis, d'Allemagne où il est en voyage, une lettre "empreinte de mysticisme germanique". Il revient avec dans ses bagages une pièce écrite pour elle, dont elle accepte le rôle principal. Un jour qu'il lui lit la pièce, il avoue être l'inconnu des deux lettres. Troublée, Aurélie encourage le narrateur qui se met à lui écrire des lettres de plus en plus tendres. Elle y répond sans enthousiasme excessif, puis un jour lui apprend qu'il lui serait "difficile de rompre un attachement plus ancien". Elle ne lui ferme cependant pas la porte de son coeur. Ne voulant appartenir qu'à un seul, elle veut être assurée d'être aimée pour elle-même. L'été suivant, le narrateur accompagne la troupe dont fait partie Aurélie. Des représentations sont données dans la campagne valoise chère aux souvenirs du poète. Il emmène Aurélie sur les lieux mêmes où jadis il a vu Adrienne pour la première fois et lui raconte comment celle-ci, de ses souvenirs, puis de ses rêves, s'est échappée pour se réaliser tout entière en la personne d'Aurélie. Aurélie, bien sûr, n'accepte pas d'endosser la défroque d'un fantôme : elle renvoie le narrateur à ses vers, à ses rêves, à ses lubies...
C'est à juste titre qu'on a pu dire (Kléber Haedens) de Gérard de Nerval qu'il était "le plus profond des romantiques de la littérature française". Et le plus authentique, ajouterais-je pour ma part. Aucune pose chez lui. Il n'a pas joué au malheureux : il l'était. Rien de moins littéraire que sa mélancolie. Il y a totale adéquation entre l'auteur et sa prose en demi-teinte, comme baignée d'une brume nordique, l'une des plus envoûtantes qui soient dans le genre, dont le charme, lorsqu'on y a goûté, imprègne durablement l'esprit. Tout le bric-à-brac cher aux auteurs romantiques (références médiévales, châteaux, bois, étangs, brumes, clairs de lune, ruines, jeunes filles aux allures de nymphes, mélancolie, langueurs...) est présent chez Gérard de Nerval, mais non à la manière d'un décor en carton-pâte dressé là pour faire triste ou joli : c'est un décor réel, une matière qui respire et que Gérard de Nerval habite. Personne mieux que lui n'a su nous faire visiter de l'intérieur ce palais délabré aux lumières vacillantes, hanté de légendes et bercé de romances anciennes, dans les couloirs enténébrés duquel, soudain, retentit le rire d'une enfant d'autrefois, une enfant morte dont le souvenir ému imbibe celui qu'on appelait "le gentil Gérard", celui-là même dont Proust disait qu'il était avec Chateaubriand le plus grand génie du XIXe siècle.

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