Le nom sur le bout de la langue
de Pascal Quignard

critiqué par Jules, le 5 décembre 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Un problème que nous connaissons tous !...
Pascal Quignard nous raconte, en préface, comment ce livre est né lors d’un dîner avec des amis. Il y écrit : « Mais quel est l'homme qui n'a pas la défaillance du langage pour destin et le silence comme dernier visage ? »
Au début de son livre, il nous raconte une histoire qui se passe en Normandie au temps d’avant Guillaume le Conquérant. C'est l'histoire d’une certaine Colbrune à qui un seigneur qu'elle n’aime pas a proposé un marché. Si elle oublie son nom au jour de son retour, elle devra le suivre. Elle lui répond qu'elle est bien capable de retenir un nom !. Et voilà qu’elle épouse son seul amour qui s'appelle Jeûne. Neuf mois plus tard elle se souvient de l’histoire et, sur le point de retrouver le nom du seigneur, voilà qu’elle l'a sur le bout de la langue, mais ne le trouve pas. Le chagrin s'installe en elle et la mauvaise humeur dans le ménage. Le retrouvera-t-elle pour le jour fatidique ?…
Puis Pascal Quignard nous entraîne dans une série de réflexions sur la langue et la mémoire. Il écrit : « Qu’un mot puisse être perdu, cela veut dire : la langue n'est pas nous-mêmes. Que la langue en nous est acquise, cela veut dire : nous pouvons connaître son abandon. Que nous puissions être sujets à son abandon, cela veut dire que le tout du langage peut refluer sur le bout de la langue. Cela veut dire que nous pouvons rejoindre l’étable ou la jungle ou l'avant-enfance ou la mort. »
Il nous dit qu'un être sans mots est comme un être sans visage et que les êtres sans visages sont des êtres morts…
Et Quignard de nous raconter toutes les expériences que sa mère avait faites avec eux, enfants, touchant aux problèmes de la langue et de l’oubli.
Personnellement, j'ai vécu ce problème au plus profond de moi, les trois derniers mois de la vie de ma grand-mère à 93 ans. Elle perdait de plus en plus de mots et à chaque mot qu’elle ne trouvait pas, quand elle me parlait, d'abord son visage se crispait sous la contrariété, l'affolement aussi, puis deux larmes coulaient de ses yeux… J'étais affolé et effondré devant cette femme que j'ai admirée toute ma vie d'adulte !…
Vous devinez à quel point ce livre m’a touché !
la première partie du livre oui, mais la deuxième... 6 étoiles

Entendons nous bien, la première partie du livre avec le conte en Normandie est très agréable, frais et nous rappelle notre enfance...

Mais la deuxième partie du livre à été pour moi incompréhensible...

Djémsy - Bruxelles - 37 ans - 25 mars 2006