Vincent avant Van Gogh : L'affaire Marijnissen
de Benoît Landais

critiqué par Sahkti, le 3 avril 2009
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Un Van Gogh dans votre grenier ?
Décidément, avec Benoît Landais, je ne suis pas au bout de mes surprises ! Quelle volonté chez lui de défendre l'œuvre de Vincent Van Gogh et de tenter de rétablir la vérité dans certains dossiers troubles.
Après "La folie Gachet", qui démontrait comment de faux Van Gogh avaient été mis sur le marché par le célèbre Docteur et son fils, c'est une situation inverse qui est ici relatée.
Lorsque Vincent Van Gogh a quitté la Hollande en 1885, il a laissé derrière lui, dans un grenier, des caisses remplies de toiles peintes et de dessins. Sa famille a à son tour déménagé, a confié les cartons à un voisin, qui lui-même les a vendus à d'autres et c'est ainsi qu'un jour, Adrianus Marijnissen devient propriétaire d'un lot d'œuvres dans lesquelles il reconnaît la griffe du peintre. S'engage un long processus, compliqué et épuisant, de reconnaissance des toiles qu'il possède. Non pas dans un quelconque but vénal mais afin de rendre hommage à Van Gogh et de lui restituer la paternité de ces peintures. D'abord positifs, voire enthousiastes, les experts finissent par renoncer les uns après les autres, sous diverses pressions dont une de plus importantes viendra du neveu de Van Gogh dit l'Ingénieur, héritier et décideur de tout ce qui a trait à la carrière de VVV. Un homme qui n'hésitera pas à faire preuve de contradictions et d'incohérence dans ses propos, voulant voir la quasi destruction d'œuvres qui salissent l'image de son oncle mais prêt à les revendiquer gratuitement pour la Fondation Van Gogh si elles sont vraies.

Tout au long de cette minutieuse enquête, richement documentée (dommage que les reproductions des toiles concernées ne soient pas de meilleure qualité), Benoît Landais s'attarde à nous démontrer pourquoi telle ou telle toile est l'œuvre de Van Gogh et mérite d'être reconnue comme telle. N'étant en rien spécialiste du peintre (ni de rien en peinture, d'ailleurs), je ne peux pleinement me prononcer sur le sujet de l'authenticité mais Benoît Landais est tout de même très convaincant. Une fois de plus, ils nous expose les mécanismes de ce que j'appelle une pure rouerie, où il est question d'honneur et de gros sous. Des experts sont prêts à vendre leur âme pour ne pas déplaire et en fonction des courants ascendants; c'est assez triste.

L'épopée de cette collection Marijnissen, aujourd'hui disséminée ou en partie détruite, est assez rocambolesque. Elle est un bon reflet de la relativité de la cotation des oeuvres d'art mais aussi du parcours tumultueux de certains tableaux, perdus à jamais parce que pas reconnus et dès lors considérés sans valeur. Alors que qui sait…