Let me go!
de Anne Claire Poirier, Marie-Claire Blais (Co-auteur), Annie Leclerc (Préface)

critiqué par Nance, le 3 avril 2009
( - - ans)


La note:  étoiles
Le travail de deuil d'une mère
« 18 octobre 1992, 5 heures 20 minutes
Dimanche matin de fin du monde

Une jeune femme est morte étranglée
dans un appartement envahi par le désordre,
elle faisait de la prostitution,
elle était héroïnomane,
elle était belle,
elle était ma fille.

Yanne la funambule, l'acrobate du coeur,
Yanne qui plongeait pour faire le plein du vide.

Yanne la forte, Yanne la fragile.
Yanne ma difficile. »

Anne Claire Poirier est une cinéaste québécoise dont la fille, toxicomane et prostituée, est morte assassinée. Vient le pénible processus de deuil de son enfant (« l’accouchement à rebours »), elle cherchera à connaître le monde dans lequel elle vivait, les circonstances de sa mort et elle se posera des questions sur les jeunes et la drogue. Elle nous partage sa quête dans un documentaire Tu as crié: Let me go! où, en commentaire, elle nous lit une lettre écrite en collaboration avec l’écrivaine Marie-Claire Blais. Ce livre est la lettre du film, une lettre touchante et poétique. Le film m’a laissé une grande impression, la première scène est mémorable, on y voit une immense étendue glace se détacher d’un iceberg (qu’on croirait - à tord - éternel) et tomber dans l’eau (on peut voir la scène comme une métaphore sur la vie et la mort) et il y a aussi la lettre adressée à sa fille. J’avais le goût de lire ce livre pour me la remémorer. On referme le livre avec un pincement au coeur. On peut ne pas être d’accord avec sa position sur la légalisation de la drogue, mais on ne peut rester de marbre à son cri de coeur pour sa fille.

« Arrivée prématurément, tu te précipites,
tu me bouleverses et m'impressionnes.
L'urgence de naître et de vivre s'impose.
Déjà j'entends pour moi ton
"let me go, let me go, maman!"
T'avait-on prévenue d'un temps si court ?
Yanne mon impatiente. »