Notes sur l'affaire Dominici, suivi de Essai sur le caractère des personnages
de Jean Giono

critiqué par Killeur.extreme, le 28 mars 2009
(Genève - 42 ans)


La note:  étoiles
Plus objectif que le (très bon) film avec Jean Gabin
Les faits: 1952, une famille anglaise, le père, la mère et la fille, est violemment assassinée pendant qu'ils passaient la nuit, sur ou à proximité, de la ferme Dominici, le commissaire chargé de l'enquête soupçonne vite la famille, sinon d'être les assassins d'avoir vu et en tout cas entendu quelque chose, alors que l'enquête continue 2 ans plus tard, lors d'un interrogatoire, les fils Dominici accusent directement leur père d'être le meurtrier et celui-ci pour être débarrassé de la pression policière, durant depuis plus de 2 ans, fait des aveux et malgré le manque de preuve de sa culpabilité, il manque aussi des preuves pour certifier son innocence, et les mensonges ou les convictions de chaque membre de la famille, Dominici est le seul accusé, il sera condamné à mort en 1954, sa peine sera transformée en prison à vie en 1957 et il sera gracié en 1960 par Charles De Gaulle.

Le livre: Jean Giono est chargé par un journal de faire un compte rendu du procès, dans la première partie du livre, on peut y lire ses notes avec des extraits des audiences, cette première partie est vraiment objective, Giono ne livre pas sa conviction sur la culpabilité ou l'innocence de l'accusé, cependant il livre certaines incohérences du procès, le président du tribunal stoppant la séance au moment où un des fils Dominici était sur le point de faire une révélation capitale, l'occasion ne se représentera plus. Giono dit aussi que ce procès ne lui a pas permis de se forger une opinion, d'ailleurs encore aujourd'hui l'affaire reste un mystère, des indices ont disparu, les policiers arrivent 4 heures après la découverte des corps, la scène de crime est remplie de badauds. La deuxième partie est un essai sur les personnages, Giono qui a connu des paysans comme Dominici essaie d'expliquer quel genre d'homme il est, son milieux social, son éducation, le conflit avec ses enfants. cette partie essaie de comprendre qui est l'accusé, l'interprétation de Giono est plus personnelle que dans la première partie où il se contentait de couvrir le procès.

Le film (celui avec Gabin, je n'ai pas vu la version avec Serrault dans le rôle de Dominici) Le (seul?) principal défaut du film c'est de présenter l'affaire avec comme certitude: "Gaston Dominici est innocent", il faut dire que ses avocats ont participé au projet. Le téléfilm avec Serrault, qui lui aussi avait la conviction de l'innocence de Dominici, a été monté sous l'impulsion du petit-fils de Gaston Dominici. Le choix de Jean Gabin pour l'incarner et son interprétation nous conforte dans cette opinion, alors que les personnages incarnés par Depardieu, composant un personnage à la fois idiot, ahuri, et inquiétant et Victor Lanoux, présenté comme un faible de caractère, mais est-il si faible que ça? . Le film du reste est bien documenté, l'affaire date d'il y a 20 ans, et le fait qu'elle ait été fortement médiatisée permet au film d'être au plus près de la réalité, en tout cas pendant les scènes du procès, certaines répliques se retrouvent même dans le livre de Giono, mais comme tout film s'inspirant de faits réels, les blancs sont comblés par l'imagination du scénariste, un très bon film, dommage qu'il ne soit pas plus objectif.