Salih l'émerveillé
de Yachar Kemal

critiqué par FROISSART, le 26 mars 2009
(St Paul - 76 ans)


La note:  étoiles
Le commentaire de Patryck Froissart
Titre : Salih l’émerveillé
Auteur : Yachar Kemal
Traduit du turc par Munevver Andac
Editeur : Gallimard (NRF) - 1990
ISBN : 2070719219
474 pages

Salih, enfant poète, rêveur et curieux, qui vit dans un pauvre village turc de pêcheurs et de contrebandiers, recueille sur la grève une mouette à l’aile brisée, la nourrit, et cherche, des semaines durant, la personne qui sera capable de réparer l’aile et de permettre à la mouette de voler à nouveau.

Sa quête, mouvementée, nous fait découvrir des personnages au fort caractère, et nous fait partager la vie quotidienne des habitants de cet endroit perdu.

Sa grand-mère, tisserande connue pour les onguents miraculeux qu’elle fabrique et dont elle garde jalousement le secret, attend depuis quarante ans le retour de son mari, qui, depuis le jour de son brusque départ, n’a jamais plus donné de ses nouvelles. Acariâtre, elle déteste son petit-fils et guette le moment où elle pourra se saisir de la mouette pour l’étrangler de ses mains.

Haydar le Barbu, un alcoolique qui a « ingurgité toutes les connaissances concernant les hommes et les bêtes », le docteur Yassef, que sa femme a quitté pour l’Amérique, Ali le rebouteux, dit « le Magicien », qui a passé sa vie à fouiller les montagnes à la recherche des trésors du roi Salomon, puis le pharmacien Fazil Bey, au grand désespoir de Salih, refusent de soigner la mouette et diagnostiquent méchamment sa mort prochaine.

Salih porte un tee-shirt à l’effigie de Che Guevara, que lui a donné une touriste de passage. Salih ne connaît rien du Che. Il n’empêche qu’il sera arrêté par la police fasciste et violemment battu pour propagande bolchevique.

Salih a deux amis : le trafiquant Métine, qu’il admire, et le patron pêcheur Temel réïs. C’est ce dernier qui guérit l’oiseau.

Le roman est riche en couleurs, les personnages y sont durs, comme est rude la vie au village. Mais Salih a le don de rêver, de transposer la réalité dans le conte, et de transférer le merveilleux dans la réalité.
L’auteur, sans transition, nous transporte ainsi du roman au conte et nous fait retomber du conte dans le réalisme du roman.

Ecriture intéressante, qui donne cours à une lecture bien agréable.

Patryck Froissart
Plateau Caillou, mercredi 25 mars 2009