Retour au pays bien-aimé
de Karel Schoeman

critiqué par Montgomery, le 24 mars 2009
(Auxerre - 52 ans)


La note:  étoiles
Une puissance d’évocation impressionnante
George un afrikaner de naissance a quitté très jeune l’Afrique du Sud avec ses parents, direction l’Europe. Installé en Suisse où il vit confortablement, il décide à la mort de sa mère de faire un court voyage dans son pays natal, officiellement pour reprendre possession de la ferme familiale et préparer sa vente. Nourri par les souvenirs d’une mère distante, George va découvrir un pays qui lui est étranger et pour lequel il est un étranger malgré l’intérêt ambigu que lui portent les autochtones.

J’ai été très touché par ce récit tout en finesse qui restitue des atmosphères pesantes et qui parvient aussi à évoquer le destin d’un peuple, sa manière de penser et cela sans avoir recours à de longues digressions. Schoeman sait comment raconter son pays et son peuple avec grande justesse.

On souffre avec ce peuple d’africains blancs qui ne cessent de pleurer sur un passé doré et dont certains membres sont victimes d’une répression arbitraire et humiliante.
On compatit aussi avec les plus jeunes d’entre eux qui, refusant de vivre dans le culte de lointains ancêtres, rêvent de fuir une vie pitoyable de fermiers perdus au milieu du veld.
On réfléchit avec George sur les véritables motifs qui l’ont poussé à remettre les pieds sur cette terre natale et l’on se dit que la figure de la mère, cette «étrangère », cette « silhouette lointaine », doit avoir sa part dans ce douloureux retour aux sources.

Récit brillant sur l’exil, mêlant destins personnels et destins collectifs, « Retour au pays bien-aimé » est un excellent roman qui illustre la force d’évocation d’une littérature capable de restituer ce qui fut ou ce qui aurait pu être avec une vérité telle qu’elle fait du lecteur le témoin direct des événements qui lui sont contés.
Quand l'émigré retourne au pays 10 étoiles

Ce livre raconte la visite de Georges, un jeune homme qui vit en Suisse, au pays de ses ancêtres les fameux Afrikaanders.

Au pays plus personne ne connaît Georges mais on connaît son nom. Les plus âgés se souviennent de ses parents et son arrivée réveille bien des souvenirs. Alors les anciens racontent, encore et encore, le monde fastueux de leur jeunesse. Par contre les plus jeunes en ont assez d’entendre évoquer le temps jadis. Ils vivent une vie terriblement dure, ils sont persécutés par le régime et, jour après jour, ils luttent pour durer.

Le livre ne raconte pas l’histoire des Afrikaanders il décrit seulement leur situation actuelle et nous entrevoyons leur passé prestigieux par les récits des anciens. Il révèle surtout une vérité universelle : l’incompréhension entre l’émigré de retour au pays et ceux qui sont restés. L’histoire est poignante mais elle est rapportée sans trémolo ni pathos. Le livre raconte et laisse le lecteur « regarder ».

A mon avis, ce livre est fantastique, inoubliable. C’est un des plus beaux livres, si pas le plus beau, que j’aie lu ces dernières années.

Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 88 ans - 22 juin 2017