Deux pauvres Roumains parlant polonais
de Dorota Masłowska

critiqué par Montgomery, le 4 mars 2009
(Auxerre - 52 ans)


La note:  étoiles
Dorota sait toujours cogner mais pas que…
Dorota Maslowska fait avec « Deux pauvres Roumains parlant polonais » une première incursion dans l’univers du théâtre. Elle y met en scène deux pauvres roumains parlant polonais, Gina et Bastard, qui cherchent par tous les moyens à rejoindre un bateau baptisé « Teutanic » qui doit les ramener dans leur pays. En fait de roumains, il s’agit bien de polonais qui vont se perdre aux confins d’une société indifférente et absurde.

Si l’on en croit la postface, la critique a apprécié le travail de la jeune romancière qui se démarquerait de celui des autres écrivains de sa génération par le fait qu’elle ne se contente pas de restituer l’apparence de la réalité sociale. Elle s’en distinguerait également en transposant au théâtre les techniques narratives du roman ( croisement entre apostrophes directes avec des comptes rendus d’événements passés…).

Pour ma part , j’ai bien retrouvé la Dorota Maslowska de « Polococktail Party », celle qui sait appuyer là où ça fait mal en appelant un chat un chat. Dans cette pièce de théâtre, elle prouve encore une fois que sa plume acérée fait des merveilles quand il s’agit de dénoncer une société qui, sans doute trop pressée de s’insérer dans le monde capitaliste, tolère la xénophobie et dénie toute singularité aux êtres.

Mais Maslowska sait aussi être déroutante lorsqu'elle fait le procès du sexe sans sentiment instruit par Bastard : « je déteste toutes les filles avec lesquelles j’ai couché sans les aimer , c’est affreux, affreux, le sexe sans amour, c’est du porno, tu sors, tu rentres… ». Du coup, on peut se demander si son prochain bouquin ne sera pas celui de sa conversion au romantisme.