Evana 4
de Philip Le Roy

critiqué par Sahkti, le 3 mars 2009
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Détruire pour créer
Zender Arbacan est ce qu'on pourrait appeler un sale type, un gars qui ne pense qu'à lui et au film qui le rendra riche et célèbre, Evana. Evana, dont il a tiré quatre versions + une. Pour ce faire, Arbacan a séduit les plus jolies femmes, leur a promis monts et merveilles avant d'en extraire la substantifique moelle, les faisant jouer dans ses films, avant de les abandonner comme des mouchoirs usagés. Aucune n'en est sortie indemne, les blessures psychologiques et physiques ont été nombreuses; de quoi se faire pas mal d'ennemies.
Le temps a passé et voilà Zender le mal aimé qui se marie avec la belle Kirsten. A la sortie de l'église, on leur tire dessus, le couple s'en sort avec des blessures légères et Arbacan décide de mener lui-même l'enquête, en parallèle avec la police, pour découvrir qui veut sa mort. Retour dans un passé peu glorieux, assailli des souvenirs de sa lâcheté et de médiocrité. Les candidates au meurtre sont nombreuses et Zender se dit que ce serait pas mal de les réunir toutes sous son toit pour démasquer la véritable coupable.

Alternant instants du présent et histoires du passé, Philip Le Roy réussit à créer rapidement une atmosphère étrange et prenante. Très coloré cinéma et show-business, ce roman explore les tréfonds de l'âme d'un homme qui se rend compte qu'on veut sa peau et qui comprend pourquoi. Est-ce autant qu'il regrette ses actes manqués? Pas forcément, il y a toujours un côté jouissif, chez les salauds, à se souvenir du mal qu'on a fait aux autres.
Et puis il y a cette femme idéale, ce film Evana, ce besoin impérieux et obsessionnel pour Zender Arbacan de tourner LE bon film, celui qui sera non seulement un succès mais restera à jamais dans la mémoire collective. Objet de toute une vie, à l'image de sa démesure, cette entreprise guide les pas de l'artiste et de ses proches. Là encore, n'est-ce pas le propre de beaucoup d'humains que cette nécessité de se réaliser dans quelque chose qui laissera une trace de nous même?
La puissance qui émerge d'un huis clos organisé dans la villa de Zender est magistrale. Entre les hésitations de plus en plus nombreuses du propriétaire et le déshabillage psychologique menée sur ses invitées, le lecteur assiste à un bon moment de tension et de réflexion.

Auteur peu connu de moi, ce fut une agréable découverte que de lire ce Evana 4 !