Le Présent d'incertitude : Journal 2002-2005
de Henry Bauchau

critiqué par Donatien, le 20 février 2009
(vilvorde - 81 ans)


La note:  étoiles
Dans la chair de la création
Le titre choisi pour cette partie du journal reflète bien l'état d'esprit d'Henry Bauchau durant cette période allant de janvier 2002 à décembre 2005.
Il y consigne ses rêves, ses lectures, certains souvenirs, le nouvelles de la famille et des amis, ses promenades et ses réflexions sur l'écriture et ses difficultés.
Certains prétendent que seule l'oeuvre compte et qu'il ne faut pas s'intéresser à la biographie des auteurs pour s'en enrichir. Je pense le contraire pour les artistes qui me touchent ou m'inquiètent!
C'est parce que Henry Bauchau m'intéresse en tant qu'écrivain, poète , psychanalyste que l'homme par son destin, son parcours dans la vie ,m'interpelle comme témoin!

A près de 90 ans (en 2002), il évoque régulièrement l'affaiblissement de ses forces et donc de la proximité de la mort. Par contraste, la beauté de la nature adoucit ses moments de déprime. Je cite ; "...j'ai un peu envie de pleurer à cause de la mort de L.. L'écriture m'en préserve."

Voici quelques extraits pour susciter la curiosité d'y aller voir :

23 octobre 2002 : "J'ai ri de ma chance d'être encore vivant et aussi d'être reconnu".
27 mai 2003 : "Que le plateau et les sentes de ses vallées sont beaux sous le soleil. Tout est vert, je me réjouis de voir grandir les blés, j'espère les voir peu à peu blondir".
6 février 2004, se souvenant de sa première rencontre avec Laure :"c'est le premier contact que j'ai eu avec la rapidité, la souplesse de sa pensée, de ses décisions et cette désinvolture généreuse qui m'a tant charmé et m'a fait l'appeler quand nous nous sommes aimés : ma vive seigneure.".
1 décembre 2005 : "Pour mes lecteurs, j'aimerais de nouveau consacrer plus de temps à la poésie".

Durant cette période, Henry Bauchau a écrit son roman "L'enfant bleu" et mettait en chantier son dernière roman édité ,"Boulevard périphérique", tout en participant à des rencontres avec les lecteurs et les journalistes.
Où trouve-t-il encore la force de faire face ?

Henry Bauchau pratique héroïquement ce qu'il 'appelle"l'espérance acharnée".

Chapeau l'artiste!
Retrouvailles 10 étoiles

J'avais lu " L'enfant rieur" et il me laissait un souvenir enchanté (je m'aperçois d'ailleurs que je n'en ai laissé aucune trace sur ce site et cela m'étonne), quand j'ai trouvé ce journal sur les rayons de la bibliothèque, je n'ai donc pas hésité une seconde.

La rencontre est belle ; Henry Bauchau se livre, ils nous confie ses doutes, ses recherches, ses amours, son esprit et ce qu'il nous donne à découvrir nous incite à prolonger le chemin, à découvrir un peu plus son oeuvre.

Un extrait : "J'en arrive à la deuxième question : pourquoi le succès de ces pessimistes ? Je risque une réponse : C'est parce que les lecteurs sentent obscurément que les idéaux de notre société sont plaqués. On parle démocratie et on a ploutocratie, on parle sport et on a commerce et dopage. On parle art, culture et on a une sous-culture massive dominée par le rentable. On nous dit progrès et on a suractivité des uns, chômage des autres et gouvernance de tout dans l'urgence. Vous connaissez cela mieux que moi. Ce mensonge général donne envie d'écouter ceux qui vont directement au pire "
Cet extrait du 10 septembre 2004 sont des mots qu'il écrit à Nancy Huston.

Bafie - - 62 ans - 15 septembre 2013