Léon Degrelle et la presse rexiste
de Lionel Baland

critiqué par Renedelatour, le 15 février 2009
( - 57 ans)


La note:  étoiles
Un livre intéressant sur Léon Degrelle et son entourage.
Un livre qui nous conte l'histoire de la presse de Rex.

Dans un des chapitres, l'auteur aborde les relations entre Hergé et Léon Degrelle, ainsi qu'entre Hergé et des proches de Léon Degrelle. Il s'agit d'une analyse objective des relations entre ces individus.



"Né dans la Belgique de l’Entre-deux-guerres, le rexisme a connu une trajectoire brève et fulgurante. Surgi dans la mouvance de l’Action Catholique de la Jeunesse Belge, le rexisme va progressivement évoluer vers un « poujadisme » avant la lettre. Il va ensuite s’attaquer au régime parlementaire belge et le faire trembler, avant de connaître une dérive politique et un déclin électoral à l’aube de la Seconde Guerre mondiale.

L’histoire du rexisme a été étudiée sous différentes perspectives. De nombreuses publications ont vu le jour. Différentes facettes du mouvement ont été passées au crible. Cependant, le rexisme n’a pas été envisagé sous son aspect journalistique. Il a pourtant été, avant tout, un mouvement de presse.

Cet ouvrage conte l’histoire de la presse rexiste depuis les débuts du mouvement jusqu’au 10 mai 1940, jour de l’invasion de la Belgique par l’armée allemande. Il retrace l’aventure d’un groupe d’écrivains, de dessinateurs et de journalistes dont certains sont connus en Belgique et d’autres en Europe, tel Hergé le dessinateur de Tintin.

L’homme à l’origine de ce courant politique est Léon Degrelle. Il entend rester « un homme de lettre qui fait de la politique ». Il va connaître un destin exceptionnel."
Un "éditeur" qui ne sent pas très bon 1 étoiles

L'excellente critique éclair de notre ami Micharlemagne ne laisse pas beaucoup de points dans l'ombre et je me contenterai d'apporter quelques informations sur "l'éditeur" de cet ouvrage nauséabond.

Les éditions Dualpha et Deterna ont été fondées en 1997 par le sieur Philippe Randa, qui les dirige toujours aux dernières nouvelles. Elles sont spécialisées dans des livres qui flirtent avec l'extrême droite ou ce qu'ils préfèrent appeler "la cause identitaire". Eh oui, figurez-vous, les nazis n'osent plus se nommer comme tels, ils savent que ça fait mauvais genre, et ils tiennent à cultiver le look du gendre idéal.

Cet homme se nomme en réalité Philippe-André Duquesne (c'est curieux comme ces gens se cachent derrière des pseudonymes), Son parcours est édifiant: pendant ses études de droit, il a fréquenté le Groupe Union Défense, une mouvance du Mouvement des Forces Nouvelles, une dissidence du Front National de Jean-Marie Le Pen. Probablement un type qui comme Enzo trouve Le Pen un peu mou. D'ailleurs, il est fier sur son site d'annoncer que son livre "Enquête sur l'identité" a été postfacé par Filip De Winter, député d'Anvers bien connu en Belgique pour son idéologie d'extrême droite musclée.

Dans le catalogue de cet "éditeur" on trouve les rééditions de « Combat pour Berlin » de Joseph Goebbels, l'ex-chef de la propagande du parti nazi (paru également aux éditions Déterna en 2006) et « Le Mythe du XXe siècle » d'Alfred Rosenberg, l'un des principaux théoriciens du IIIe Reich (en 2005 toujours chez Déterna).

Son catalogue est un melting pot de bouquins à la limite de la légalité, et d'autres qui semblent tout à fait illégaux. Franchement si on interdit la diffusion de Mein Kampf, est-il logique de publier les "œuvres" de Goebbels? Un idéaliste peut penser que le public est assez mûr, formé et intelligent pour ne pas se laisser prendre à des arguments aussi imbéciles, et qu'il faut laisser ces "livres" sur le marché, je suis personnellement beaucoup plus réservé, l'histoire démontrant que plus c'est gros plus c'est niais, plus ça marche.

Le rat des champs - - 73 ans - 17 février 2009


Léon Degrelle, fasciste, traitre et assassin ! 1 étoiles

Sans avoir lu le livre, je pense qu'il est peut être utile d'ajouter quelque chose en complément de la critique très bien documentée de Micharlemagne.

Léon Degrelle avait certes des qualités : c'était un grand orateur plébéien – pour ne pas dire populiste. Il parlait bien aux foules. C'était, comme on dit maintenant, un séducteur. C'était surtout un opportuniste.

Mais la guerre en a fait un fasciste, un traitre et un assassin...
Il a combattu sur le front de l'Est dans les troupes allemandes. Ses hommes, comme les Flamands et les Alsaciens, étaient considérés par les Allemands comme des demis-races, des sous produits : on les faisait passer les premiers sur les ponts pour faire sauter les mines...
(Sur le sujet, il faut lire l'inoubliable Le Soldat Oublié)

En 44 les gens l'ont reconnu dans la région de Namur alors qu'il guidait les Allemands et dénonçait les gars de la Résistance.
Il a été reconnu formellement, parmi ceux qui ont tué de leur main, d'un coup de revolver dans la nuque, dix personnes prises au hasard dans le Namurois, pour servir d'avertissement, suite à un acte de résistance...
Une de ces personnes avait réussi à se sauver et habitait à Namur, le même immeuble que ma sœur. Il lui a raconté. C'est donc un témoignage authentique.

Donc, avant de lire quoi que ce soit sur ce type, il est bon de savoir un peu qui c'était...

Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 88 ans - 17 février 2009


Une petite mise au point 1 étoiles

Quoiqu'il ait été question de ce livre sur les forums, je crois utile de préciser plusieurs petites choses pour les plus jeunes, en particulier.
1° Le critiqueur Renedelatour semble être l'auteur lui-même.
2° Le livre est publié par Déterna, une maison d'édition confidentielle dont le catalogue est extrêmement édifiant.
3° Léon Degrelle, né en 1906, a d'abord été un membre très remuant de l'Action catholique des jeunes et s'impliqua dans sa maison d'édition "Rex". Admirateur de Maurras et de l'Action française, après la condamnation de celle-ci par le Vatican, il créa l'hebdomadaire "Rex" dans lequel il attaqua virulemment la droite traditionnelle conservatrice et fut exclu par le Parti catholique (1935). Il lance alors un quotidien "Le Pays Réel" (1936) puis fonda un nouveau parti, "Rex", qui eut un succès important aux élections législatives de 1936. Lors d'une élection partielle en 1937, il eut à faire face à la coalition des partis traditionnels et fut assez sévèrement battu, ce qui marqua le début du déclin de son parti dont les membres, comprenant qui était réellement Degrelle, commencèrent à s'égailler. La chute des ventes de son journal l'incita à accepter des subsides de Rome, d'abord, de Berlin ensuite. Il se déclara donc clairement fasciste. Après le 10 mai 1940, il commença par faire des ronds de jambes aux autorités d'occupation pour pouvoir continuer à publier son journal. Lorsque l'Allemagne attaqua la Russie, en 1941, guidé par un anti-communisme viscéral, il n'hésita pas à recruter un "Corps franc Wallonie" mit plusieurs mois à faire admettre dans l'organisation S.S. sous le nom de "Légion Wallonie" : Himmler se méfiait des palinodies de ce "polichinelle". Pour vaincre ces préventions, Léon Degrelle donna des gages de plus en plus précis au nazisme.
Ses admirateurs répètent à l'envi qu'il combattit avec courage sur le front de l'Est. Ce n'est pas entièrement inexact même s'il passa plus de temps en Belgique que sur le front lui-même. Il n'en reste pas moins que, par ses discours enflammés, il réussit à envoyer plusieurs centaines de jeunes gens à la mort sous l'uniforme feldgrau. Les rexistes restés en Belgique se mirent entièrement au service de l'occupant avec sa bénédiction, pourchassant les résistants et dénonçant les Juifs. Condamné à mort par défaut en décembre 1944, il parvint à se réfugier en Espagne (alors franquiste) et échappa à plusieurs tentatives d'enlèvement, dont une, montée par des volontaires de guerre, qui fut stoppée à la dernière minute par le gouvernement Van Acker, craignant de graves ennuis diplomatiques avec Franco qui avait entre-temps naturalisé Degrelle. C'est ainsi qu'il put continuer à cultiver des oranges et à publier des Mémoires jusqu'à sa mort à Malaga en 1997.
4° Le livre dont il est question s'arrête au 10 mai 1940, effaçant ainsi la partie la plus "intéressante" de la carrière de Degrelle : celle où, de remuant orateur fasciste, il devient le plus sinistre collaborateur du régime nazi. Ce n'est évidemment pas anodin...
5° Le système ne me permet pas de donner une cote négative à ce livre, ce que je ferais avec joie, ni même un zéro. C'est donc à regret que je suis obligé de mettre 0,5... Hélas !

Micharlemagne - Bruxelles - 72 ans - 17 février 2009