Le codex Angélique, tome 1 : Izaël
de Thierry Gloris (Scénario), Mikaël Bourgouin (Dessin)

critiqué par Shelton, le 3 février 2009
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Délicat à classer dans un genre spécifique !
Il n’est pas toujours aisé de réaliser de bonnes bandes dessinées ésotériques et mystiques car, souvent, de tels projets nécessitent de très longs textes pas toujours compatibles avec une narration graphique. Thierry Gloris, après de belles études en Histoire, avait une grande envie de racontées des histoires sur fond de dix neuvième siècle et de fantastique. Il rêvait de ce mélange entre Auguste Comte et Edgar Poe… C’est en découvrant le travail de l’illustrateur Mickaël Bourgouin qui se lance dans cette aventure du Codex Angélique, série prévue initialement en quatre volumes mais qui prendra fin avec le troisième. L’histoire n’est pas pour autant achevée à la va-vite, tout le monde l’aura compris, l’éditeur peut parfois estimer que les ventes ne sont pas suffisantes pour une série et la faire raccourcir… ou les auteurs peuvent revoir le déroulement de l’histoire et enlever un album plutôt que de faire durer l’histoire pour rien. Heureusement, contrairement à certaines maisons, chez Delcourt on respecte le lecteur et l’histoire sera bien complète…
On peut regretter cette fin, peut-être un peu rapide, car l’histoire est de très bonne qualité et le graphisme est tout à fait à la hauteur. Mais que voulez-vous, il n’est pas toujours facile de motiver les acheteurs et lecteurs quand il y a tant de sorties annuelles en bandes dessinées… Si vous le voulez bien, concentrons-nous sur cette série et son premier album, Izaël.
L’histoire est, du moins au départ, assez simple. Une femme, Freeda, fait un malaise et perd la vie. Son frère, Ernest, refuse ce fait et met en œuvre toute la science, toutes les sciences, pour, dans un premier temps, la congeler, puis lui redonner la vie dès que ce sera possible…
Freeda avait un fils, Thomas, étudiant, vit chez son oncle qui s’occupe entièrement de lui. Pour ce pauvre jeune homme, plutôt croyant et sérieux, les comportements de son oncle s’apparentent à de la folie douce… voir dangereuse.
Nous sommes dans Paris, à la Belle époque, et la ville est agitée par une série de meurtres sanguinaires. Les policiers, le commissaire Nimber et son adjoint Pujol tentent d’éclaircir cette affaire qui recouvre les trottoirs de prostituées mortes et sans cœur : un arrachage de cœur ! Beurk !
L’histoire semble basculer quand Thomas va faire un tour chez son bouquiniste préféré et y trouve dans un arrivage trimestriel venant de toute l’Europe, un texte exceptionnel, Le Codex Angélique de Angus Mac Manaman, un illustre moine… Il offre cet ouvrage à son oncle qui va le dévorer et en tirer toutes les richesses pour le meilleur et le pire…
Ce premier volet de l’histoire permet de faire connaissance avec presque tous les personnages, de pénétrer le fond de cette histoire sans en percevoir les limites et la finalité. Elle comporte des aspects très policiers, d’autres plus scientifiques, enfin, des côtés ésotériques et spirituels. On peut penser que le personnage d’Ernest Devisse a un petit quelque chose de Victor Frankenstein, mais globalement ce n’est pas tout à fait la même chose. Il y a des passions plus fortes dans cet album, des personnages plus extrêmes et séquences beaucoup plus drôles aussi. Il faut dire que certains personnages comme Pujol ne sont pas des tristounets…
J’ai beaucoup aimé la narration graphique et spécialement les planches faisant de Freeda un personnage à part entière. Quant à la tentative de la capture de l’ange…
Une bonne bande dessinée qui mérite d’être mise en valeur et lue !
bd de genre 8 étoiles

Je n'en dirai pas beaucoup plus parce que Shelton a déjà été loin dans la description.
Je dirais simplement que le dessin est exceptionnel. Visiblement en couleurs directes, ce qui lui donne de la substance. Dire aussi que la qualité du tout - dessin et scénario - sont dignes de la production Delcourt habituelle. Dire cependant que l'adjectif "habituel" a ici tout son sens car je reprocherais certainement au scénario de mélanger des éléments qui ne sont guère originaux et donnent une impression de déjà vu (Frankenstein, Jack l'éventreur etc.) qui renvoie sans aucun doute l'album dans le rayon 'bd de genre' malgré l'excellence du dessin.

B1p - - 50 ans - 4 février 2009