Essais sceptiques
de Bertrand Russell

critiqué par Oburoni, le 31 janvier 2009
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
La raison au-dessus de tout
Publié en 1923 voila une apologie du scepticisme, seul moyen aux yeux du philosophe d'éviter les fanatismes sources de tant d'horreurs.
Bon, d'accord, on a un petit sourire a l'idée de Bertrand Russell "sceptique", lui qui avait des idées bien arrêtées politiquement, moralement et (ir)religieusement ! mais il n'empêche : dans cet essai il y a pas mal de bons petits trucs a engranger...

Abordant un vaste panel de sujets embrassant notre vie à tous -religion, politique, rôle de l'Etat, propagande, éducation, morale, puritanisme et j'en passe !...-, chacun trouvera de quoi picorer à son gré !

En ce qui me concerne j'ai beaucoup été frappé par "La Science est-elle superstitieuse ?".
Clin d'oeil à David Hume, là où la plupart des sceptiques en appellent à la science pour s'autojustifier, Russell, lui, en critique les fondements même (principe de causalité associé à un raisonnement inductif qui, pour lui, serait comparable à... la foi ! )...

Parfois surprenant, mais assez bon dans l'ensemble.
Plus que jamais d’actualité 8 étoiles

Ecrits durant les années folles ces essais sceptiques étonnent par la prescience et la lucidité de Bertrand Russell sur les comportements sociaux de l’entre-deux guerres. Les considérations prises en compte par l’intellectuel britannique un brin provocateur sont celles d’une période de transition. La philosophie dont l’apanage a longtemps été la recherche de la vérité dans la connaissance du monde s’est effacée devant la révolution scientifique des Temps Modernes. Celle-ci a privilégié la logique mathématique pour écarter les opinions trompeuses ne reposant pas sur des faits, a accepté le déterminisme en physique jusqu’aux phénoménales découvertes de la science du XXe siècle, a reconnu dans la psychanalyse un moyen de mieux comprendre les réactions humaines.
Sous le régime démocratique instauré chez les vainqueurs de 1914-18 la richesse produite aurait dû suffire à faire le bonheur des peuples n’était son accaparement injuste par les catégories dominantes avares de conserver leurs privilèges. Hostiles par définition aux réformes sociales celles-ci n’ont pu empêcher la Grande Dépression de 1929-33, la montée du fascisme par crainte de la menace bolchevique d’alors aux portes de l’Europe, non plus qu’un second conflit mondial ravageur en 1939-45. Il s’en est suivi la Guerre Froide jusqu’à la chute du mur de Berlin de 1989 et peu de temps après, la dissolution de l’Union Soviétique dont on n’a pas fini de mesurer les conséquences.

Colen8 - - 82 ans - 12 octobre 2022