Fabiola : une jeune fille de 80 ans
de Brigitte Balfoort, Joris De Voogt

critiqué par VLEROY, le 6 janvier 2009
( - 45 ans)


La note:  étoiles
Un portrait objectif de la veuve du roi Baudouin
Les journalistes Brigitte Balfoort et Joris De Voogt travaillent pour l'émission "Royalty" (VTM) et côtoient donc régulièrement la famille royale belge. A l'occasion des 80 ans de la reine Fabiola, ils ont rédigé son portrait, car il n'existait que deux hagiographies pas très récentes à son sujet. J'ai trouvé leur préface un peu pompeuse : "La reine Fabiola, un Monument National à l'honneur, à jamais unique (...) Nous comprenons mieux maintenant pourquoi Baudouin n'a jamais cessé d'être aussi épris d'elle". Mais les deux auteurs restent cependant objectifs : "Son comportement à l'égard de certains membres de sa famille par alliance n'a pas toujours été exemplaire".

Née en 1928 à Madrid, Fabiola de Mora y Aragon est issue de la noblesse espagnole et a une prestigieuse marraine : la reine Victoria-Eugénie d'Espagne, petite-fille de la reine Victoria d'Angleterre! Lors de l'instauration de la république et de la guerre civile, la famille de Fabiola s'exile quelques années en France et en Suisse. De retour à Madrid, elle suit des cours d'infirmière, va tous les jours à la messe, aide des oeuvres de charité et écrit "Les douze contes merveilleux" pour ses neveux et nièces. Son père Gonzalo décède en 1957.

Son destin bascule en 1960 lorsque Fabiola rencontre le roi Baudouin par l'intermédiaire du cardinal Suenens et d'une religieuse irlandaise. C'est à Lourdes qu'ils décident de se marier. La cérémonie a lieu le 15 décembre à Bruxelles et il est évident que les jeunes mariés sont très amoureux l'un de l'autre. Les deux auteurs font remarquer : "Incontestablement, Baudouin a gagné le gros lot avec sa Fabiola. Trouver une épouse plus parfaite eut été une impossible gageure. Elle a absolument tout pour elle, elle est hypercatholique, vient d'une famille monarchiste, est d'une teneur irréprochable et pour couronner le tout, est sensible socialement. C'est la Mathilde de cette époque".

Le début de leur mariage est marqué par la rupture totale entre le couple royal et Léopold III et Lilian. Les auteurs pensent qu'il y a plusieurs explications complémentaires : les liens étroits entre les souverains et le cardinal Suenens, la volonté du gouvernement belge d'éloigner Baudouin de son père, le déménagement des meubles de Laeken vers Argenteuil, les caractères opposés de Fabiola et Lilian, etc. De son côté, la Reine rompt tout contact de 1962 à 1978 avec son frère Jaime (car il s'était marié civilement et non religieusement) et leur mère (parce qu'elle tolérait les frasques de Jaime).

Malgré l'absence d'enfants, le couple royal est uni et très heureux. La reine Fabiola est joyeuse, énergique et très populaire auprès des Belges. Elle accorde beaucoup d'attention aux plus faibles de notre société et crée un secrétariat social afin de répondre efficacement aux personnes qui lui écrivent. Dans le domaine culturel, elle soutient le Concours Musical Reine Elisabeth et préfère l'art classique à l'art contemporain.

Dans le chapitre intitulé "Une mission divine", les deux auteurs évoquent les convictions religieuses des souverains, n'ont trouvé aucune preuve de leur appartenance à l'Opus Dei et reviennent sur le refus du Roi de signer la loi sur l'avortement. Après la mort de Baudouin en 1993, Fabiola défend la mémoire de son défunt époux, laisse la place de Première Dame à Paola et doit quitter le château de Laeken pour le plus modeste Stuyvenbergh. Sa dotation suscite des critiques et incite le Palais en 2007 à justifier l'octroi de cette somme. A l'âge de 80 ans, Fabiola souffre d'arthrose et emmène une canne avec elle, mais elle continue d'accomplir avec le sourire ses engagements officiels.

Ce livre dresse un bon portrait objectif de la souveraine, même si certains aspects sont oubliés (la création de la Fondation Reine Fabiola pour la Santé Mentale et son admission au sein de l'Académie Royale de Médecine, p.ex.) et si la plupart des témoignages viennent du nord du pays. L'absence de bibliographie est également regrettable.