Les chroniques de la lune noire, tome 14 : La Fin des Temps
de Froideval (Scénario), Cyril Pontet (Dessin)

critiqué par Numanuma, le 4 janvier 2009
(Tours - 50 ans)


La note:  étoiles
Parfois, il faut que cela se termine
Tout ça pour ça ???
Je suis probablement un peu dur dans mon approche mais je trouve que 14 volumes pour arriver à cette fin là, c’est un peu beaucoup…
Reprenons un peu le fil de l’histoire.
Je me souviens assez précisément du jour où j’ai fais l’acquisition du premier volume de la série, au siècle dernier. Nous sommes au tout début des années 90, et il me semble que les trois premiers épisodes étaient disponibles en même temps dans les rayonnages du Virgin Mégastore des Champs-Elysées. J’ai acheté le premier puis, je suis revenu le lendemain pour les deux autres. Cela doit se passer en 1992.
A cette époque, je découvre les jeux de rôles que je vais beaucoup pratiquer en fac. Evidemment, cette BD d’heroic fantasy, à peine feuilletée, m’a tout de suite plu. Depuis, les aventures de Wismerhill ont accompagné ma vie d’étudiant qui refait le monde dans les bistrots, d’appelé sous les drapeaux, de rappelé à la dure réalité de la vie, de travailleur donc, d’époux, etc., en attendant la suite.
Le personnage de Wismerhill est typique de ce que les pratiquants du jeu de rôle nomment un Grosbill, soit un personnage détenant des pouvoirs tellement énorme que cela en devient injouable ou caricatural. Les auteurs, Ledroit et Froideval, ont contourné le problème en faisant de leur héros le jouet de force encore supérieures. Une grande partie de la série n’est qu’un long parcours initiatique, un apprentissage permettant au lecteur de découvrir les forces en présence et au héros de découvrir ce qu’il a à découvrir. Le souci a toujours été, me semble-t-il, que l’intrigue est un peu légère même si les rebondissements sont nombreux et souvent spectaculaires.
A côté de cela, le dessin est plutôt moyen mais certaines planches, qui s’étalent parfois sur une double-page, sont d’une grande beauté, ainsi la dernière page du présent volume. L’ensemble s’adapte bien au ton du scénario.
Cet ultime volume est orné d’un sticker inutile indiquant « la fin de la série mythique ». Hum… Je ne suis pas du tout sûr que cette série soit mythique mais bon, on comprend l’argument commercial de l’éditeur à vouloir récupérer des lecteurs qui ont laissé tomber depuis un bon moment une série qui n’avançait plus qu’au ralenti.
De toute façon, le titre, La fin des temps, ne laisse planer aucun doute sur l’issue de la série.
Ce dernier épisode aurait mérité, à mon humble avis, une tournure bien plus apocalyptique. Le monde va être détruit, c’est déjà pas mal comme fin mais les scénaristes ont eu la très bonne idée, en fin de volume, de faire intervenir le premier dragon de ce monde. Dans tous les récits d’imagination modernes, dans tous les contes et légendes, le dragon est l’ennemi ultime, le Grand Méchant à abattre, incarnation du Serpent biblique sous une forme bien plus effrayante. Le faire intervenir ici sans en tirer véritablement parti est un vrai gâchis… Il y avait largement de qui faire un quinzième volume.
Mais comme je l’ai dis plus haut, la série n’avait déjà plus de souffle alors à quoi bon en rajouter ? De plus, les auteurs ont déjà sorti des séries parallèles sur certains protagonistes de la série et je crois qu’il existe un jeu vidéo des Chroniques de la Lune noires. Je pense même qu’il n’est pas souhaitable d’aller plus loin avec ces personnages-là. Ils ont déjà tout donné.
Un goût d'inachevé 5 étoiles

Malgré des débuts qui méritaient effectivement la qualification de mythique, elle perd carrément son souffle dans ce dernier tome. Trop d'intrigue inachevées ( que fait Parsifal? Quel est le passé du père de Wismerhill? Qui est Greldinard? Quid de la famille de l'empereur? ), trop de personnages secondaires qui ne servent plus qu'a la décoration, trop de nouvelles pistes inexploitées, plus assez de psychologie des personnages... Certes, de grandioses décors parviennent parfois à combler les vides du scénario, la fin du monde est très bien représentée, avec l'effondrement d'immense cités et la lune qui prend peu à peu de l'ampleur. L'atmosphère angoissante rend tient tout de même le lecteur en haleine, mais on aurait pu attendre beaucoup d'une série qui s'était crée son propre univers. On en viendrait presque à souhaiter une nouvelle série qui présenterait Wismerhill et les siens dans le nouveau monde, en espérant que le scénariste retrouve l'inspiration de ces débuts.

Firesloth - - 31 ans - 28 novembre 2010


Une fin convenable 8 étoiles

Oui, je pense tout de même que cette fin reste à la hauteur de l'histoire. La série a montré l'évolution du personnage Wismerhill, de vagabond à voleur, puis mercenaire, serviteur de la Lune Noire, empereur... C'est une belle épopée qui serait magnifique ne serait-ce son humour parfois un peu lourd, peu délicat. Ledroit (et Pontet, par la suite) nous a offert des graphismes à la hauteur surtout, comme dit Numanuma, dans les grandes démonstrations de son oeuvre, aux doubles pages, ou même pages entières (je me souviens de cette fin de volume qui montre Greldinard invitant Wismerhill à rencontrer Hazel Thorn).
La manipulation dont a été l'objet Wismerhill par Hazel et son père a été très bien illustrée, à travers le complot qui s'est tramé pour tuer l'empereur, mais je trouve que trop peu de personnages, d'événements, ont été exploités. En effet, cette série aurait pu je pense se poursuivre encore un moment. Notamment, le père de Wismerhill joue un rôle mineur, ainsi que les origines du héros, et la mort de Hazel est trop rapide, trop inattendue. Comment un demi-dieu n'aurait-il pas pu prévoir ? Posséder la puissance ? Le rôle des dragons et de leurs chevaliers est aussi trop mineur, et les mystères révélés ne sont pas mis à profit. Métraton, l'Oracle, les Chevaliers de Justice... J'aurais espéré quelque chose de plus... spectaculaire, juste. Quelque chose qui chamboule tout, surtout au niveau du groupe de héros que composent Wis, Pilou, Ghorghor, et les autres.
ça colle pas tout ça. Hazel n'aurait jamais laissé Wismerhill acquérir autant de pouvoir. Le chien de guerre n'était pas domestiqué.

Enfin, je ne suis pas déçu, cependant. C'était une belle série, majestueuse.

Tommyvercetti - Clermont-Ferrand - 35 ans - 19 janvier 2010