Largo Winch, tome 03 : O.P.A.
de Jean Van Hamme (Scénario), Philippe Francq (Dessin)

critiqué par Shelton, le 31 décembre 2008
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Ah, les finances !
Avec ce troisième opus de la série Largo Winch en bande dessinée nous restons, aussi, dans le film récemment sorti sur les écrans. En effet, ce sont bien les quatre premiers albums qui ont servi à composer le scénario de cette fiction… Oui, n’en déplaise à certains, Largo Winch est une invention, il n’a jamais existé et les mécanismes de la finance exposés dans ce troisième album ne sont pas prêts d’arriver dans notre univers de la finance et de la diplomatie… Enfin, dans des conditions normales… car, depuis quelque temps, la réalité rattrape, peut-être, la fiction !
Tout commence du côté de la Suisse, là où les comptes en banque restent du secret professionnel sauf quand les « méchants » utilisent des moyens illégaux : « Allons, remettez-vous, mon vieux, c’est terminé. Et ne faites pas cette tête : vous ne serez pas le premier banquier suisse à transgresser l’article 47 de la loi de 1934 sur le secret bancaire ».
Vous avez avec cette phrase de Jean Van Hamme la preuve que le monsieur connaît son sujet. Il lui arrive de nous inonder de détails pas toujours très sexys sur les règles et processus financiers, mais, comme il le dit lui-même : « C’est barbant, d’accord, mais c’est comme ça ».
Donc, disais-je, tout commence dans une banque quand un pauvre employé est obligé de donner quelques éléments secrets à un « méchant » qui veut monter une grande manœuvre pour faire plonger un certain Largo Winch, l’homme le plus riche du monde, ou presque. Le mécanisme peut sembler un peu simple car il est récurrent : tout le monde veut s’offrir la fortune de ce Largo. Certes ! Mais, comme à chaque fois les modes opératoires changent, les alliés et les traitres aussi, le lecteur se laisse prendre au jeu comme les fans de James Bond continuent à aller le voir alors qu’ils savent bien qu’il finit toujours par triompher du mal…
Cette fois-ci, il s’agit d’une OPA, offre publique d’achat, qui met en danger la W. C’est Fenimore qui semble mener la danse, lui que l’on dit doté de «couilles de chimpanzé» greffées… Mais ce vieil illuminé est-il manipulé ou ne fait-il cela que pour trouver une femme de plus à accrocher à son palmarès pourtant déjà très riche ?
Largo Winch est aussi mis en danger par un certain archer vert dont la dextérité à l’arc est irréprochable : chaque fois qu’il tire il fait mouche.
Largo tombe amoureux, un peu trop vite à mon goût, d’une certaine beauté blonde tombée d’on ne sait où, Mélanie Wagner. Elle aussi tombe amoureuse mais ce n’était pas prévu dans le plan des « méchants ».
Pour la petite histoire, c’est avec cet album que l’on commence à faire un peu plus connaissance avec Miss Pennywinkle, secrétaire personnelle de Largo. Ce n’est pas une tête écervelée ou une beauté à conquérir. C’est plutôt une professionnelle d’expérience, dotée d’un caractère forgé dans l’acier inoxydable, que Largo doit garder à tout prix et ce n’est pas simple du tout… Ce n’est pas en l’appelant « Penny » qu’il se l’attachera définitivement, ni en faisant la une de la presse people… Mais cela vous le découvrirez en lisant cette histoire…
Ce scénario offre, aussi, quelques complications politiques et diplomatiques, dont nous allons devoir nous habituer car Jean Van Hamme en fera un usage régulier tout au long de la série…
J’ai beaucoup apprécié le fait que Largo puisse « dialoguer » avec Nério, son père adoptif, quand les situations deviennent trop complexes pour le jeune homme encore inexpérimenté à un tel niveau de responsabilités…
LA LÉGENDE CONTINUE!.. 9 étoiles

Au début de l’histoire, nous sommes à Lucerne en Suisse. Un mystérieux individu achète un banquier d’affaires pour avoir accès et photographier des documents appartenant à Largo Winch et détaillant le fonctionnement de sa société holding établie au Liechtenstein, la fameuse «Zukunft Anstalt» (1)…

Par la magie du scénario, l’instant d’après nous sommes à New York aux États-Unis d’Amérique et nous assistons à la réunion des directeurs des différentes divisions du Groupe W. Deux directeurs sont à remplacer, le français Michel Cardignac, mystérieusement assassiné (1) qui dirigeait la division «Winchair Airlines» et l’américain Robert («Bob») B. Cotton, démissionnaire et qui dirigeait la division «Oil» du Groupe W.

Cotton a été débauche par un société holding dénommée la FeniCo (Fenimore Insurance Company), appartenant à M. Gus «Monkey Balls» Fenimore. Largo et son équipe comprennent alors qu’une opération de rachat en sous-mains des actions du groupe W est en cours, et que Cotton est à la manœuvre. Il décident alors selon la stratégie de défense «Pac-Man» (2), de monter à leur tour une O.P.A. (3) sur FeniCo. Le «Noyau dur» de l'actionnariat de celle-ci est en effet affaibli, suite au meurtre de M. Matt Northridge (l’un des principaux actionnaires de FeniCo), perpétré par un mystérieux «Ecofreak» qui se fait appeler «L’Archer Vert»… Celui-ci a envoyé des lettres de menaces de mort aux principaux industriels de la planète dont… Largo Winch!..

Comme toujours, le scénario du belge Jean Van HAMME (*1939) est impeccable. D’ailleurs, comme celui des deux premiers volumes de cette série, il est directement adapté d’un de ses six livres, écrits dans les 70-80, par Van HAMME et qui racontent les aventures du «milliardaire en blue jeans»!
Rien à redire donc, c’est du solide, bien écrit, bien «torché», très linéaire. Les évènements s’enchaînent vraiment bien, tout s’emboîte parfaitement. Les moments d’exposition (forcément nécessaires pour nous exposer à nous les profanes, les arcanes de la haute finance…), sont nécessaires, puisque cet album est bien plus «complexe» dans son intrigue que les précédents… L’alternance se fait toutefois très bien avec les scènes d’actions «pure»!
Il y a bien quelques «invraisemblances», comme p. ex. p. 8 si les usines du groupe W sont a Taïwan, comment la Chine peut réclamer la restitution des exonérations d’impôts qui ont été accordées au groupe W? Mais bon, dans le fond, rien de grave…

Les dessins de son compatriote M. Philippe FRANCQ (*1961) sont… Que dire? Comment les décrire? Parfaits? Magnifiques? Incroyables? Je ne sais quels mots employer, les dessins sont tout simplement... «immenses »? Leur précision est sans pareil! Regardez p. ex. p. 3, nous sommes en Suisse, à Lucerne, et donc si vous regardez les plaques d’immatriculation de la voiture du personnage qui habite la ville, elle commence par «LU» et comporte le blason bleu et blanc de ce canton… Mais, la voiture de la personne qui arrive est, elle, immatriculée «TI» et arbore (bien entendu!..), le blason rouge et bleu du canton du Ticin!.. Immense vous-dis-je! On a l’impression d’y être!
Toujours pas convaincu? Toujours Pg. 3, regardez et laissez-vous transporter… Et, comme par miracle, vous êtes sur le Kapellbrücke (qui devait d’ailleurs être complètement détruit par un incendie en août 1993…), juste au-dessus de la Reuss. Il y a même les oies que les touristes s’amusent à nourrir!..
On pourrait bien sûr faire des petits (mais alors tout petits, eihn!..), reproches au dessinateur, p. ex. p. 38, Largo est dans un atrium à colonnades, avec un bassin et une fontaine au centre, le tout à ciel ouvert et sous le soleil... Cet endroit est censé faire partie des appartements privés de Largo... Comment est-ce possible, puisque ceux-ci sont situés au dernier étage de la Winch Tower, et que chaque fois que l'on voit cet endroit, il n'y a pas d'atrium, et c'est un étage complètement fermé... La preuve? Il y a un héliport sur le toit! Alors? Mais où est donc cet endroit? M. FRANQ, si vous lisez cette recension, pourriez-vous SVP me le faire savoir?
Plus sérieusement, signalons les visages des personnages féminins qui se ressemblent tous, de près ou de loin… Miss Eleanore «Penny» Pennywinkle, ressemble à Lizza-lu Mellow, Marie ressemble à s’y méprendre a Sue Ann (que l’on a pu voir dans le tome I, «L’héritier») (1), etc etc… Quant à Marylin Apfelmond devinez à qui elle ressemble? Son prénom parle pour elle! Mais bon, aucun dessinateur n’est parfait!..

Que dire de plus sur cette BD? Peut-être… Rien, justement! Pourquoi ne pas tout simplement laisser la BD parler pour elle, tout simplement? Jean Van HAMME installe ici une série, et une technique d’histoire partagée en deux tomes, sans trahir de grands secrets, disons que dans le premier volume, Largo se «met», généralement «à l’insu de son plein gré» d’ailleurs, dans une… Disons une situation inextricable (pour ne pas dire une me_de pas possible !..), et dans le deuxième, il s’en sort toujours (généralement avec l’intervention d’un «Deux ex machina»), d’une façon miraculeuse et inespérée! Il aurait dû être Grand Maître International d’échecs Largo… Pas financier!..

Pour finir, est-ce que je conseille la lecture de cette BD? Oui. Déjà, si vous avez lu les deux premiers volumes, vous êtes (comme moi d’ailleurs!..), sans doute déjà «accro» a la série, et surtout au personnage de Largo… Ensuite, vous qui n’avez pas encore lu cette BD, vous rendez-vous compte de la chance que vous avez ? Vous êtes en train de lire les prémices d’une série de BD qui, avec le temps allait devenir légendaire! Une des plus grandes BD des années 90 – 2000, et qui continue encore aujourd’hui!.. Donc, c’est un oui, inconditionnel! Je n’ai rien à dire de plus…

(1). : Cf. ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/18725
(2). : La défense «Pac-Man», est une stratégie de défense contre les O.P.A. employée par l'entreprise ciblée (la «cible»), pour contrer une tentative d’O. P. A. hostile par une autre entreprise (l’«acquéreur»). Le nom vient du fameux personnage du jeu vidéo «Pac-Man», qui «mange» ses ennemis. Dans le contexte d'une O. P. A. la cible tente de «manger» (en fait, d’acquérir l’acquéreur), le plus rapidement possible, inversant ainsi les rôles dans l’O. P. A.
(3). : «O. P. A.» : Offre Publique d'Achat : Quand une personne, ou une société, offre aux actionnaires déjà existant d'une société cotée en bourse de racheter leurs titres à un prix supérieur au cours du marché. Le paiement se fait en espèces ou en échange de titres. L'O.P.A. est dite «amicale» si les dirigeants de la société «cible» sont d'accord, ou bien «hostile» ou «sauvage» dans le cas contraire.
Sur les «O. P. A.» : Cf. ici : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/14750 & ici https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/17593 sur CL

Septularisen - Luxembourg - 56 ans - 27 avril 2024


Du Largo ! 7 étoiles

J'ai retrouvé avec plaisir les bases d'un album de Largo Winch : les barouds d'un aventurier qui n'a peur de rien, les méandres de la finance et de la diplomatie internationales, le désintéressement d'un millionnaire courtisé, les femmes qui le harcèlent et lui tendent des pièges....

Je regrette que le héros se fasse aussi naïvement piéger dans cet album. Je trouve que cela gâche le personnage créé dans les premiers numéros et fait tomber une partie de l'histoire dans une certaine facilité.

Néanmoins, le principal y est dans cet album agréable.

Vinmont - - 49 ans - 7 octobre 2014


Mise en place. 9 étoiles

Après deux premiers tomes qui plantent un décor pictural parfait, il faut maintenant étayer l'histoire. Largo tombeur, baroudeur, bagarreur doit passer à la vitesse supérieure. Ce tome Trois est un tome de transition, la grande finance fait son apparition ainsi que ses méandres et ses eaux troubles où doit évoluer Largo pour faire survivre son groupe. Effectivement, Largo se laisse prendre un peu facilement dans les filets de ces dames, et se retrouve piégé par une starlette sur le retour. Néanmoins, je suis toujours tenu en haleine par le rythme du scénario qui est très cinématographique. L'album peut paraître rébarbatif par l'explication ( succincte) de la finance internationale. Mais cela permet la compréhension et donne un aperçu de la dimension du groupe. Les méfiances s'installent, que nous réserve donc Largo ? Le meilleur je n'en doute pas !
Impossible de faire varier la note de 4,5, on frise la perfection bédétesque !

Hexagone - - 53 ans - 2 février 2010