Prométhée, tome 1 : Atlantis
de Christophe Bec

critiqué par B1p, le 31 décembre 2008
( - 50 ans)


La note:  étoiles
des auspices dans le vol des ovnis
En règle générale, j’apprécie le travail de Christophe Bec de manière mitigée. Il a, c’est sûr, un énorme talent pour reproduire les visages de manière quasiment photographique, et son utilisation binaire du noir et blanc a souvent un effet assez saisissant. Mais il y a un revers à la médaille : son habitude de reproduire les faciès de stars hollywoodiennes pour créer ses personnages a le don de me hérisser le poil ou de me faire lever les yeux au ciel (et parfois même les deux en même temps). De plus, sa façon assez gloomy d'utiliser le noir donne un rendu parfois très très froid.
Alors, c’est toujours un peu circonspect que je me saisis d’une de ses nouvelles bédés.
Dans Prométhée, il y a certainement de ça. Le contrôleur du ciel page 46 qui a les traits de Brad Pitt m’a fait dresser les cheveux sur la tête. Et il y a bien sûr Fred Ward, second couteau de l’industrie du cinéma qui prête ses traits à l’un des personnages principaux. Mais vu que ce gars n’est qu’un éternel second rôle du cinéma américain (du genre de ceux dont on connaît la tête mais dont on ne connaît pas le nom), les réactions allergiques ont été assez limitées chez moi.
Et puis, il y a le coloriste qui a fait un travail extraordinaire pour rendre moins âpres les ambiances généralement assez dark de Bec. Merci Mr Gérard !

Mais le plus réussi se situe dans le scénario. Il part sous les meilleurs auspices* !

Christophe Bec a eu l’idée assez curieuse de mêler les légendes de différentes époques. Celle de Prométhée qui a donné le feu (donc la connaissance) à l’Homme selon la mythologie grecque, de l’invasion des extraterrestres qui semble seule à pouvoir expliquer des phénomènes étranges (d’accord pour certains l'invasion des ET n’est pas une légende mais un fait établi) : des engins volants ou marins disparus à travers les siècles réapparaissent de manière inexplicable des années plus tard alors que les horloges du monde s’arrêtent puis redémarrent de manière mystérieuse. Seule exception, un mécanisme grec archaïque découvert dans une épave qui est le seul à résister à l’arrêt systématique de toutes les horloges du monde, qu’elles soient montre-bracelet à ressorts mécaniques ou horloges atomiques. Sans compter une navette spatiale qui revient sur Terre après avoir disparu de tout contrôle alors que tout l'équipage ou presque a été sauvagement décimé.
Pour nous expliquer ces faits hautement mystérieux, un découpage acrobatique des faits, un lacis de personnages qui semblent chacun détenir une pièce du puzzle alors que l’ombre de Prométhée, retenu par les dieux dans un endroit désolé où une bête lui dévore inlassablement le foie, hante les pages.

Une série qui promet donc !!! Mais comme toute série qui promet, on attend avec impatience de lire la suite et on espère qu’elle sera au niveau de nos espérances (qui partent avec un niveau extrêmement haut aïe aïe aïe !!!)

* Présages envoyés par les dieux via le vol, le chant ou par la manière dont mangeaient les oiseaux. Désigne aussi le prêtre qui était chargé d'interpréter ces signes.