Janine Brassard, auteure/narratrice raconte, avec brio, l’enfance et l’adolescence du philosophe Malek Chabel. Elle nous rend la biographie plus vivante, en donnant la parole dans des dialogues. La guerre lui enlève son père Hocine alors qu’il n’a que treize ans et sa mère Zohra est obligée de placer Malek et son frère Tayeb à l’orphelinat. Le travail scolaire et la responsabilité de son frère cadet, dont l’avait confié Zohra avant le départ pour le Centre, seront ses principaux intérêts. La situation financière et la perte des terres du grand-père Amadi, ainsi que le manque d’espace, obligent la famille à déménager. Ce qui fait réfléchir Malek sur son chez soi, depuis qu’il ne partage plus le quotidien de sa famille. Il décidera qu’il n’aura qu’une seule femme, quand il sera grand.

L’auteure sait analyser les sentiments et l’attitude de Malek, en ce qui concerne les relations troublées avec quelques compagnons difficiles. Il comprend Soltan, ce révolté, dont le père est décédé et la mère ne va jamais le voir et ne répond même pas à sa lettre. Étant analphabète, il supplie Malek d’écrire pour lui. De par sa nature de bon garçon, il aime aider les plus démunis. À sa demande de lui enseigner la lecture, c’est avec gaîté de cœur que Malek accepte. Surdoué, il fait preuve de compréhension et de maturité, dans ce milieu assez violent.

Merci à Janine Brassard de nous faire partager la jeunesse de Malek. J’avoue que j’aurais aimé entendre parler de l’image publique de Malek, homme fait, de sa vie sentimentale et sociale. C’est que ce boulimique de connaissances a parcouru un long chemin pour devenir ce qu’il est aujourd’hui. Fait de courts chapitres, crédibles, bien détaillés, ce récit/biographique se lit bien, et rapidement. Heureuse rencontre pour l’auteure, et bénéfique pour nous, lecteurs.