Journal, tome 4 - Accueils (1982-1988)
de Charles Juliet

critiqué par Henri Cachia, le 21 décembre 2008
(LILLE - 62 ans)


La note:  étoiles
De moins en moins de souffrance, mais que de doutes!
« 20 février 82 : On me dit : tu es toujours à te surveiller, te restreindre, te punir. Si tu te mutiles dans la vie, tu ne peux que te mutiler dans l’écriture. Laisse-toi aller. Abandonne-toi au plaisir de vivre. Consens à la jouissance. Quand tu ne te cacheras plus, que tu oseras être pleinement toi-même, alors tu pourras t’épanouir. Donner tout ce dont tu es riche. »

Manifestement, Charles JULIET gagne un peu en assurance ou tente de s’en persuader. Tant de doutes persistent encore, alors qu’il a publié à ce jour pas moins de trente ouvrages, de plus ou moins grande importance. Beaucoup de poèmes, et beaucoup de livres sur des peintres ou sculpteurs comme Bram Van Velde, Giacometti, Pierre Soulages, ou des auteurs comme Jean Reverzy, Raoul Ubac et Samuel Beckett. « Ecarte la nuit », pour le théâtre. Cela ne l’empêche pas d’écrire le

« 6 mars de la même année :Lorsque je suis dans un état d’hypersensibilité et que me ronge un doute radical quant à ce que je vaux, ce que j’écris, j’ai parfois le sentiment que respirer est déjà faire violence à autrui. »

Charles JULIET fait partie de ces hommes dont le simple fait de vivre n’est pas une évidence. Il cherche, comme beaucoup, qui il est, mais avec une telle acuité, que c’en devient une obsession. Parler d’une certaine sérénité serait sans doute excessif pour cet homme à l’exigence quasi monastique. Mais il n’est plus mélancolique, s’ouvre encore un peu plus aux autres, aux rencontres. A la vie.