Les incendiaires : Les banques centrales dépassées par la globalisation
de Patrick Artus

critiqué par Béatrice, le 21 décembre 2008
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Bref et instructif
Rien de révolutionnaire dans ce bouquin. En revanche, il brille par la clarté et l’esprit de synthèse. Il nous fait comprendre les enjeux et les causalités sur 150 pages.

Les banques centrales passent prématurément à une politique monétaire trop restrictive alors que l’inflation ne menace pas. Voilà un des principaux reproches.

Un autre reproche : la thèse officielle des banques centrales dit que, si la stabilité des prix des biens est assurée, les pris des actifs (immobilier, actions) restent raisonnables. Ceci n’est pas vrai, dit Artus. Les banques centrales devraient porter leur vigilance sur les prix des actifs, car l’éclatement d’une bulle est bien plus dangereux qu’une poussée temporaire d’inflation.

Une piste importante de réflexion : les banques centrales sont indépendantes sur leurs moyens d’action – bon, d’accord. Mais leurs objectifs généreux devraient être fixés par les parlements.

D’autre part, Artus reconnaît que la marge de manœuvre des banques centrales se trouve réduite, parce que les taux d’intérêt à long terme dépendent surtout de l’accumulation des réserves de change dans les pays émergents.

Artus identifie une difficulté supplémentaire en Europe : il n’y a pas de « véritable » union monétaire, la politique monétaire commune ne peut pas être adaptée aux conditions spécifiques de chaque pays. Un pays comme l’Espagne possède un taux de croissance supérieur au taux d’intérêt et ceci peut mener à la surchauffe. A l’inverse, dans un pays comme l’Allemagne, les taux d’intérêt sont supérieurs à la croissance et déprime encore plus l’économie. D’où l’hétérogénéité, qui ne peut pas être compensée par le transfert de richesse vers des pays en difficulté.

Voilà un bon bouquin, il fournit un éclairage indispensable pour suivre les débats actuels.