Le fou du Tzar
de Jaan Kross

critiqué par Tanneguy, le 15 décembre 2008
(Paris - 84 ans)


La note:  étoiles
Découvrir Jaan Kross
L'auteur, estonien, né en 1920, est mort en 2007 sans avoir reçu le prix Nobel de littérature que ses amis espéraient et qu'il aurait sans doute mérité. Il est présenté par Jean-Luc Moreau dans la préface intelligente de ce roman volumineux.

D'abord poète, Jaan Kross s'est ensuite lancé dans le roman historique, son pays et le XVIIIème siècle étant son champ d'action privilégié. L'histoire du "fou du tzar" est simple en apparence : un aristocrate d'origine estonienne s'oppose au tsar Alexandre en lui disant la vérité sur l'état de l'Empire et sur le mode de gouvernement. Le souverain ne lui pardonne pas, l'enferme pendant 9 ans dans des conditions épouvantables avant de le libérer pour folie manifeste ( est-elle simulée ?). Toute l'histoire est contée par Jacob Mältik, le beau-frère de Timotheus von Block le héros de ce roman.

Le récit est paisible et s'attarde volontiers sur les détails de la vie à la campagne au moment où le servage est aboli dans l'Empire. De ce point de vue, c'est passionnant. Mais il y a aussi en filigrane une leçon de courage qui s'adresse aux tyrans de l'époque (début XIXème) mais aussi à ceux de l'époque soviétique puisque le roman a été publié, et fort apprécié lors de sa parution, alors que le communisme était encore fort loin de s'effondrer...

Une fois le livre refermé, le lecteur se pose bien naturellement les questions habituelles : qu'est-ce qui est historiquement vrai dans ce roman, qu'est-ce qui relève de l'imagination de l'auteur ? Ce dernier aborde lui-même la question dans une postface bienvenue ; mais on reste un peu sur sa faim sans que que cela gâche le plaisir éprouvé.
Nobelisable ? 6 étoiles

Ce livre raconte la vie d’un héros, un héros shakespearien à en croire la page 4 couverture.
Cet homme était le confident et l’ami le plus proche du Tzar Alexandre et le Tzar lui avait fait promettre qu’il lui dirait toujours la vérité. Mal lui en prit ! Ce Tzar, connu pour sa félonie, ne supporta de s’entendre dire ses « quatre vérités » et poursuivit son malheureux ami de sa vindicte pendant toute sa vie.

Le livre est présenté sous forme d’un journal écrit par un proche du héros. Ce n’est donc pas un roman, mais un récit au jour le jour qui parle d’un personnage authentique (l’Estonie l’a remis à l’honneur à la fin du régime Soviétique). C’est un bon livre mais d’un intérêt un peu limité quand même.

Ce qui, à mon avis, sauve le livre de l’ennui, c’est que le narrateur décrit très bien la vie de son lointain pays. Il nous fait rencontrer quelques personnages intéressants et très bien décrits, comme, par exemple, la mère du tzar en visite dans le pays. Et puis il évoque avec des détails intéressants, la vie des paysans, les classes sociales - terriblement cloisonnées, et la tristesse d’un pays sous la domination d’un tyran.

Ce livre a, paraît-il, été proposé pour le Nobel de littérature ce qui, à mon avis, était beaucoup trop ambitieux. Le récit est intéressant, certes, mais il ne se passe pas grand-chose, et ça manque un peu d’animation.
De quoi laisser un bon souvenir de lecture, mais pas un souvenir impérissable.

Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 88 ans - 7 octobre 2012