Les Mains gamines
de Emmanuelle Pagano

critiqué par Feint, le 14 décembre 2008
( - 60 ans)


La note:  étoiles
Sa façon de ne pas dire
N’ayant pas lu les Adolescents troglodytes ni ses romans précédents, c’est avec les Mains gamines que je découvre l’univers et l’écriture d’Emmanuelle Pagano. Un sujet fort (il est bon peut-être de préciser qu’à mes yeux, ce pourrait facilement être une réserve) heureusement servi par une écriture authentique. Un traumatisme, comme on dit. Victime et bourreaux sont des enfants, de la même classe, CM2. Une année entière, peut-être ; plusieurs mois en tout cas, ça a duré. Etaient des enfants, plutôt, les bourreaux ; aujourd’hui ce sont des hommes faits, car cela appartient au passé. Au passé, mais toujours présent dans la mémoire collective. Le roman compte quatre parties, on change de narrateur – de narratrice – à chacune. Ce sont des proches des bourreaux, proches d’une manière ou d’une autre, qui parlent. Mais de tous les âges. Qui savent, sans savoir, comme on sait de l’extérieur ; qui n’en sont pas moins habitées, rongées. La victime est là aussi, présente, omniprésente même, mais opaque, ou presque, « aux petits soins » – j’aime cette façon de traiter ce personnage. J’aime aussi le suspens du récit, dans le temps, un temps d’automne (Emmanuelle Pagano ancre son récit dans un terroir, dans un tissu social où les plus riches le sont grâce à la vigne, tandis que d’autres vivent des châtaignes). Et j’aime aussi sa façon de ne pas dire.
Une très jolie façon de raconter la violence enfantine 9 étoiles

Quatres narratrices. Ce sont des femmes qui parlent car les bourreaux sont tous des "petits hommes" en devenir. Quant à elles leur crime c'est le silence et elles doivent aussi en faire les frais. Les tabous, les secrets de famille, tout cela engendre du désespoir (le traumatisme de Claude), de la maladie (douleurs aux oreilles), du mal-être (la petite fille rejette la vie réelle). Ce magnifique roman nous montre des personnages qui ont tous un passé douloureux et qui n'arrivent pas à vivre avec. Ce livre dénonce la violence des enfants et l'hypocrisie des adultes. A lire absolument.

Mirevol35 - mordelles - 73 ans - 25 mars 2011


Une découverte ! 9 étoiles

Difficile d’ajouter quelque chose à l’excellente critique de Feint si ce n’est quelques extraits :
« Lorsque je roule, et déroule, et enroule encore, des pensées qui lui paraissent, de loin, sans queue ni tête, parce qu’elles sont serpentines, digressives. […] J’aimerais les étirer, noter des phrases, pour éviter que ça se rembobine sans cesse, mais je ne sais pas trop comment m’y prendre. »
« Les mots, je crois bien que ça peut remplacer les fils pour les sutures des plaies »
Merci Feint, pour cette découverte

Ludmilla - Chaville - 68 ans - 20 janvier 2009