Mémoires de Mary Watson
de Jean Dutourd

critiqué par Shelton, le 13 décembre 2008
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Presqu'un polar...
Il arrive, parfois, que notre main rencontre un livre improbable lors d’une vente de livres d’occasion chez un bouquiniste, chez Emmaüs ou dans une bibliothèque se séparant de ses ouvrages anciens ou jamais empruntés. C’est ainsi que je pris ce roman de Jean Dutourd. Il serait exagéré de vous avouer que Jean Dutourd m’était inconnu car, comme beaucoup, j’avais lu, il y a fort longtemps, « Au bon beurre ». Il ne me reste pas grand chose de cette lecture et c’est pour cela que j’ai pris ces « Mémoires de Mary Watson », uniquement convaincu que j’allais faire un peu plus connaissance de Sherlock Holmes et son fidèle ami Watson, le mari de Mary…

J’eus raison de faire ce choix car si le roman n’est pas un livre exceptionnel, il est plaisant à lire et ce fut une façon de replonger avec délectation dans les enquêtes de l’un de mes détectives préférés. Ce n’est pas, à proprement parler, une histoire policière, quoique l’intrigue existe bien et que tous les fans la reconnaitront bien. Une jeune femme, Mary Morstan, a perdu son père… et le trésor qu’il prétendait posséder !

Le détail de l’enquête que l’on a pu lire par ailleurs n’a aucune importance. L’intérêt du livre réside dans la manière de combler les vides laissés par Sir Arthur Conan Doyle. En fait, il serait bien possible que Doyle n’ait jamais existé et que ce soit le pseudo d’un homme plus réel, plus fiable, une sorte de romancier révélé dès son premier texte et encouragé par Oscar Wilde… Je sais, cela peut vous sembler surprenant et surréaliste… mais vous comprendrez en lisant vous-même ces mémoires de la femme de Watson.

On va découvrir Mary dès la fin de sa jeunesse, faire la connaissance de son père du temps de sa splendeur, visiter une pension pour jeunes filles en Ecosse profonde, rencontrer une femme ayant approché Napoléon III… sans oublier notre détective, son médecin préféré et l’horrible Moriarty…

Je ne saurais toujours pas vous dire si Jean Dutourd, académicien français, est un grand écrivain. J’avoue avoir lu son roman d’un seul coup, avec plaisir et sans voir le temps passer. Certes, ma passion pour le roman policier et pour le locataire du 221 Backer Street, ne me confère pas l’impartialité nécessaire pour vous parler d’un ouvrage de cette nature, mais qu’importe, moi, j’ai aimé !

Ce roman date de 1980. Jean Dutourd est né en 1920. En 1952, il reçoit le prix interallié pour « Au bon beurre ». Il a été élu à l’Académie française en 1989. Malgré une petite incursion politique à gauche, il est généralement considéré comme un homme de droite. Durant vingt ans, il tint une chronique hebdomadaire sur Radio Courtoisie, radio cataloguée « extrême-droite ». Aujourd’hui, on pourrait dire que c’est une forte personnalité, ayant une indépendance certaine, atypique, grand défenseur de la langue française. Son roman « Mémoires de Mary Watson » n’est pas marqué par ses idées politiques et n’a rencontré qu’un succès auprès des spécialistes… Dommage !