La maison hantée
de Collectif, Charles Dickens (Autre)

critiqué par Jean Meurtrier, le 9 décembre 2008
(Tilff - 49 ans)


La note:  étoiles
Les grands esprits se racontent
John, le narrateur souhaite se reposer quelques temps dans la campagne anglaise. Il a choisi de séjourner dans une maison qui a la réputation d’être hantée. La population locale ne cesse de lui déconseiller d’occuper la vieille bâtisse chichement restaurée. John n’est cependant pas du genre superstitieux et ne verse pas facilement dans l’angoisse des esprits. Par contre les personnes à son service manquent sérieusement de sérénité. Commence alors l’enchère aux épouvantes, chacun interprétant chaque bruit ou chaque impression de la façon la plus inquiétante.
John et sa sœur décident de congédier le personnel, qui ne se le fait pas dire deux fois, afin d’inviter pour quelque temps des amis plus rationnels. Ils jurent tous d’attendre le dernier jour de la fête de Noël pour échanger leur expérience concernant les spectres qui habiteraient les lieux.
Ce repos dans l’antique demeure va faire office de catharsis pour tous ses occupants. Le jour dit, chacun prend la parole pour exposer une expérience qui le touche personnellement, révéler une angoisse persistante, laisser parler sa sensibilité, exprimer des regrets enfouis voire déclarer sa flamme.
Ainsi, le couple de la chambre de l’horloge narre une histoire romantique, dont on imagine qu’ils sont les acteurs. L’occupant de la double chambre, plus fantasque, livre un délire selon lequel il a été en proie à l’esprit de la fièvre, alors que la chambre aux tableaux, par la voix d’une jeune femme, accouche d’une parabole au sujet d’une sœur et d’un couvent dans le midi. C’est le locataire de la chambre aux armoires, un marin, qui proposera le récit le plus réussi à mes yeux, une petite perle digne de la nouvelle «Le puits et le pendule» de Poe. Enfin, le narrateur qui dormait dans la chambre du mystérieux M. B*** déballe une aventure onirique et confuse relative à son enfance. La dernière chambre, celle du coin, conclut les révélations.
«La maison hantée» est un ouvrage collectif dirigé par Charles Dickens. Il est donc naturel de lui trouver une qualité variable. De même, il est plutôt à considérer comme un recueil de nouvelles qui ne risquent pas de vous donner la chair de poule, la maison hantée n’étant finalement qu’un prétexte pour rassembler divers contes. Ce livre, qui a bien vieilli, reste très agréable à lire et, de plus, est de circonstance en cette période de l’année.