Le Curé de Tours / Pierrette
de Honoré de Balzac

critiqué par Veneziano, le 30 novembre 2008
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Le célibat, une comédie inhumaine
Le célibat aigrit, rend méchant et sadique, ce dont ont souffert l'abbé Birotteau, curé de Tours, et Pierrette Lorrain. Le premier, lui-même déformé malgré lui par la même condition, est logé par Mademoiselle Gamard, vieille fille desséchée qui se lie avec l'abbé Troubert, tout aussi décharné, pour se liguer ensuite contre ce locataire aussi encombrant que niais, et cela pour des raisons strictement patrimoniales et d'avancement de carrière dans la hiérarchie ecclésiastique.
Pierrette, elle, arrive de Bretagne chez ses cousins de Provins, Sylvie et Jérôme Rogron, qui l'hébergent, en raison de l'état de nécessité dans lequel est tombée cette jeune fille de douze ans, qui va connaître une adolescence perlée d'humiliations en partie dues à la jalousie.
L'atmosphère provinciale de ces deux villes campe les deux personnages principaux dans un environnement clos, où toute échappatoire, bien qu'espérée par quelques éléments, devient illusoire. Les célibataires s'avèrent être des logeurs exigeants broyant leurs hôtes dans le carcan rétréci de leurs habitudes et frustrations. Les intrigues notariales et judiciaires viennent donner à ces deux histoires une teinte des plus glauques, à désespérer de l'humanité, si Balzac n'y mettait pas une bonne dose d'ironie et d'humour noir.
Il s'agit d'une caricature au vitriol, qui avoisine le plaidoyer.
Clairvoyant, réaliste et difficile Balzac 8 étoiles

Ah, on retrouve là, avec ce court roman, tout ce qui fait qu’on aime Balzac ! C’est-à-dire encore une fois, sa capacité à savoir discerner et analyser la complexité des rapports sociaux et les ressorts des influences plus ou moins cachés de tous groupes humains dans les sociétés où ils vivent et agissent vers un sens ou un autre, et à démontrer ainsi toute la variabilité des points de vues d’après les intérêts en jeu et les rapports de force et partant, de l’élasticité mouvante des frontières de la moralité et de l’extensibilité à volonté des conceptions personnelles du bien et du mal en fonction des besoins. Balzac nous dévoile tout cela sans juger des dessous des sociétés et de l’âme humaine, en se contentant de nous les exposer pour notre édification. On ne peut pas dire que sa vision de l’être humain soit bien optimiste, mais elle est peut-être plus réaliste que celle de bien d’autres auteurs…

Et sa démonstration en fait avec le pauvre abbé Birotteau, ce curé de Tours, âme simple et sans profondeur de vues, pourtant capable de calculs et d’intérêts, mais trop petit joueur qui ne pouvait qu’être perdu au milieu de toutes les intrigues qui le dépassaient de très haut et dont il était l’objet et le centre, pour son malheur.

Du grand Balzac, quant à la perspicacité et à la clairvoyance. On se demande où il était allé chercher une histoire pareille… La conception du roman est de haut niveau, sa réalisation est toutefois chargée et d’une lecture un peu difficile, pas toujours claire parfois. Un bon Balzac, d’une qualité exigeante, comme à son habitude, un peu trop même...

Avec une préface intéressante qui explique bien les correspondances entre certains événements vécus de la vie réelle de Balzac avec les éléments relatés dans ce court roman.

Cédelor - Paris - 52 ans - 7 avril 2021


Toute guerre a au moins un perdantt 8 étoiles

Deux prêtres, l'abbé Birotteau et L'abbé Troubert, qui ont chacun une chambre chez mademoiselle Gamard, logeuse dévouée. Ils semblent vivre en parfaite harmonie. Troubert a "hérité" du mobilier et de la bibliothèque du précédent occupant (prêtre lui aussi). Sa chambre est la plus spacieuse et la mieux décorée.

Troubert est un faible. Piètre orateur, homme qui n'aspire qu'à la paix, à la prière mais aussi à son confort. Il ne comprend qu'avec une longueur de retard ce qui se trame autour de lui.
Or l'abbé Birotteau convoite secrètement les appartements de son confrère. Le conflit devient larvé, la société s'en mêle car chacun a ses partisans.

Dans toute guerre il y a au moins un perdant et c'est ainsi que le roman se termine, dans la tristesse.

Monocle - tournai - 64 ans - 3 novembre 2020


Du bon Balzac, avec tout ce qu'il faut 8 étoiles

L’abbé Birotteau apprend qu’il sera sans doute bientôt nommé chanoine, ce qui lui ravit le cœur. Comme un bonne nouvelle ne vient jamais seule, mademoiselle Gamard lui propose de lui louer l’appartement de l’abbé Chapeloud qui vient de décéder. Un appartement que l’abbé Birotteau convoite depuis longtemps (notez que la convoitise est un péché mais véniel seulement). La première année, tout se passe bien mais dès la seconde, Melle Gamard prend notre bon curé en grippe (entre autre parce qu’il préfère aller jouer aux cartes chez madame Salomon). C’est alors la longue descente, si pas aux enfers, du moins au sépulcre de notre bon, naïf et faible Birotteau.

Du bon Balzac avec tout ce qu’il faut !

Catinus - Liège - 72 ans - 8 avril 2018


Balzac fidèle à lui même 7 étoiles

Quel plaisir de lire ou relire Balzac ! Un style d'une élégance exceptionnelle, des descriptions d'une rare précision. Pauvre abbé Birotteau, qui n'a même pas la pitié de l'écrivain, caustique avec les « esprits étroits ».
On le sait, l'histoire se finit mal, il en est ainsi chez Balzac, qui semble vouloir punir ses personnages lorsqu'il les juge médiocres. Mais le lecteur passe un merveilleux moment, même si, il faut le reconnaître, ce n'est pas ici le meilleur Balzac.

Bernard2 - DAX - 74 ans - 16 novembre 2015


Le curé de Tours 6 étoiles

Le curé de Tours c'est une histoire sur l'hypocrisie des gens. C'est ce que subit ici l'abbé François Birotteau. C'est la mesquinerie d'un groupe envers un personnage un peu bonasse. Ce n'est pas le meilleur Balzac que j'ai lu. Il est très long à démarrer et ennuyant par moment. Cependant, j'ai bien aimé la fin avec sa petite morale.

Exarkun1979 - Montréal - 44 ans - 20 juin 2012