L'orchestre d'acier
de Pierre Siniac

critiqué par Ciceron, le 10 novembre 2008
(Toulouse - 75 ans)


La note:  étoiles
Archi noir, sauvage, impeccable.
Septembre 44. les trajectoires de trois affreux se recoupent au sud des Vosges au cœur de la contre attaque allemande à l’avancée des Alliés.

Maigoual, ex biffin de Sidi-Bel-Abbès à la Coloniale et ancien boucher, en fuite de Paris avec un colonel SS et une valise de diamants, La Berge, son pote du marché noir ex malfrat blanchisseur à Epinal et Vacheran, déserteur du maquis qui remonte à Paris piller les immeubles cossus avant le retour à la normale. Que du lourd et de la gouaille brute.

Si l’enjeu est la fortune de diamants, tout l’intérêt du récit vient de la couleur locale, de la situation, Wermarth, SS, miliciens et maquisards dans tous les coins, et du moteur principal de la guerre, la S.N.C.F et ses agents soumis à l’article 155 du Code militaire allemand. A la moindre incartade, c’est la déportation ou le peloton d’exécution.

Mais ce roman a surtout une bande son dont l’instrument principal est l’acier, orchestré par la fureur assourdissante, les sifflets et cris stridents des locomotives et des convois. Le fracas d’immeubles de 30 étages qui s’effondrent, sans compter le hachoir des obus dans les montagnes.

Avec sa brièveté et un dénouement qui tue, cet orchestre est une épure du roman archi noir.

Ecrit en 1977, les polars historiques n’étaient pas encore un succès de librairie. Siniac est mort seul comme un chien, ces quelques lignes sont une pensée pour lui.