Le rameau vert
de Ellis Peters

critiqué par Persée, le 16 novembre 2001
(La Louvière - 73 ans)


La note:  étoiles
La peau de l'ours
On dit que la vengeance est un plat qui se mange froid. Le jeune Harry Talvace, en bon gallois qu'il est, préfère le buffet chaud. A peine sorti de l'enfance, il veut venger son père injustement condamné à mort par le redoutable seigneur de Parfois, Ralf Isambard.
Nous sommes au XIIIème siècle, dans le monde des chevaliers et des bâtisseurs de cathédrales. Le père de Harry, maître maçon, avait sculpté un sanctuaire pour le cruel Isambard, fort pieux au demeurant. Un geste d'humanité du tailleur de pierre lui avait valu les foudres de son patron, entendez : la mort.
Son fils Harry, recueilli dans l'entourage d'un prince gallois, se décide à affronter le vieux géant avec toute la fougue inconsciente de sa jeunesse. Mais voilà, son ennemi le maîtrise et le retient prisonnier. Curieusement, Harry ne subira pas de (trop) mauvais traitements. C'est dans son sommeil qu'il révélera ce que l'autre attendait : l'endroit où repose son père.
Et le geôlier de se montrer de plus en plus humain, attentionné, voire même paternel, allant jusqu'à remettre dans les mains du fils les outils du père. De quoi dérouter un jeune taureau borné qui ne cesse de ruminer sa vengeance.
Qui me disait l'autre soir qu'on sentait tout de suite quand l'auteur d'un roman était une femme ? Eh bien, voici l'exception qui confirme la règle. C'est une tendresse toute virile qui tisse un lumineux filigrane tout au long de pages "pleines de bruit et de fureur".
Mais pour en savoir plus, il faudra attendre le prochain tome. Car si l'éditeur nous avertit que ce livre est le 2ème volet d'une grande fresque historique entamée en 1999 avec "la Pierre de Vie", il se garde de nous dire combien de volumes restent à venir. Peu apprécieront cette façon de filer à l'anglaise au moment où l'intrigue semble s'acheminer vers son dénouement.
La frustration est d'autant plus grande qu'après une mise en place assez lente, le lecteur se laisse prendre à un jeu subtil où l'on voit le Chevalier Noir progressivement . blanchir. Pourquoi cette magnanimité souriante du redoutable Isambard ? Ce diable d'homme cacherait-il un ange en son sein ? Le remords l'aurait-il sanctifié ? L'ogre aurait-il perdu l'appétit ? En attendant, c'est une solide leçon de vie qu'il donne à son jeune rival.
Roman initiatique ? Attendons la prochaine épreuve. Celle, sans doute, du dévoilement.
Une vraie suite... 8 étoiles

« Le rameau vert » est une vraie suite au premier roman de cette trilogie, pas un roman « obligé » par le succès du premier.
Harry Talvace le Jeune, élevé par le prince gallois Llewelyn, et bien que n'ayant pas connu son père (voir « La pierre de vie ») a une dette de sang envers Isambard de Parfois, le cruel voisin anglais descendant des Normands français.
Sur fond historique des luttes d'influence entre les Anglais (Henri III, fils de Jean Sans Terre) et les Gallois qui veulent conserver leur indépendance, guerres, embuscades, amours et loyauté, le cocktail est encore très séduisant. Edith Pargeter brosse d'admirables portraits, particulièrement celui d'Isambard qui distille le froid et le chaud tout au long de ce 2° volume et dont le vrai caractère est vraiment difficile à cerner. La trame historique me paraît supérieure à celle développée par la même auteur (alias Ellis Peters) dans la série des « frère Cadfael ».
Harry avec l'aide de ses deux « frères de lait » Owen et David, va tenter de faire justice à son père, le génial bâtisseur, mais Isambard est du genre coriace... Toujours de l'action mais moins d'émotion dans ce 2° tome.
Allez... en route pour « La graine écarlate » !

Domimag - - 66 ans - 6 juillet 2007


Petite précision. 8 étoiles

Edith Pargeter (1913-1995) est le VRAI nom d'Ellis Peters et non l'inverse. Elle prit le pseudo d'Ellis Peters lorsqu'elle se lança dans le roman policier (avec les aventures de Cadfael entre autres) alors qu'elle était déjà un écrivain illustre dans les pays Anglo-saxons.

Patman - Paris - 61 ans - 7 août 2002


Oui et non... 7 étoiles

Je suis d'accord que les hommes sont plus sensibles à certains auteurs et les femmes à d'autres, mais de la à en faire une généralité... Bien sûr, les Barbara Cartland s'adressent essentiellement aux femmes, comme les SAS ou les San Antonio aux hommes (encore que...), mais si on sort des romans machos ou à l'eau de rose, je pense que peu importe le sexe de l'auteur. Tout dépend de la sensibilité du lecteur, de son genre de lecture. D'ailleurs, j'ignorais, à l'époque où j'ai lu Ellis Peters, que c'était une femme...

Sorcius - Bruxelles - 54 ans - 20 novembre 2001


C'était moi ! 6 étoiles

C'est moi qui ai fait cette déclaration, au risque de m'attirer les foudres des dames présentes... Et j'assume, de la même façon que je comprends les femmes qui me disent qu'Hemingway, Harrison, McCarthy ou d'autres sont des écrivains davantage pour les hommes. Cela n'avait donc rien de péjoratif, puisque j'aime beaucoup certains écrivains femmes. Cependant, et cela me semble normal, je me retrouve mieux dans les livres écrits par des hommes, à quelques exceptions près, dans un sens comme dans l'autre.

Jules - Bruxelles - 79 ans - 20 novembre 2001