Une femme sans importance
de Oscar Wilde

critiqué par Oburoni, le 2 novembre 2008
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
"UNE FEMME SANS IMPORTANCE"
( Cette critique ne concerne qu' "Une Femme sans importance" ! Pour ce que je pense des autres pièces, voir mes critiques éclairs dans les rubriques correspondantes... )

Suite au succès de "L'Eventail de Lady Windermere" l'acteur-directeur du théâtre Haymarket de Londres demanda à Wilde de lui écrire une autre pièce, ce à quoi Wilde était assez réticent au départ avant de se laisser convaincre et prendre au jeu.
Alors voila : une oeuvre écrite sous la pression d'un directeur, qui est aussi acteur et se veut un rôle majeur... Mouais ! On surfe sur la vague du succès, démarche purement commerciale, mais est-ce que ça en vaut la peine ?

L'histoire seule n'est pas très originale, je trouve. On connait Wilde capable de donner plus d'ampleur, de profondeur, à ses pièces. Ici ce n'est pas le cas : l'intrigue est des plus simplistes.
Lady Jane Hustanton donne une fête dans sa maison de campagne. Les invités forment un microcosme de la haute-société victorienne, passe au microscope et critique. Mrs Allonby, sorte de dandy au féminin, Hester, jeune américaine qui se trouve comme sur une autre planète, Mrs Arbuthnot, bigote puritaine, son fils, Gerald Arbuthnot, jeune ambitieux qui vient de se faire engager comme secrétaire par Lord Illingworth, dandy sans gêne et... père de Gerald ( ce que ni l'un ni l'autre ne savent ) !
C'est cette dernière relation et ses conséquences sur l'avenir de Gerald et Mrs Arbuthnot qui forme le coeur de l'intrigue.
Les personnages viennent s'amuser. C'est raté; ils seront jetés face à leur passé...

Ce qui est frappant dans cette pièce c'est que, comme si Wilde était conscient de la banalité de son sujet ( les passés troubles, petites hypocrisies, secrets de chacun et masques qui tombent ) il a voulu contrebalancer en appuyant sur autre chose : la forme du propos.
Les habitués de l'auteur seront surpris : il monte d'un cran dans sa façon de critiquer. Une mitraillette aux détonations mortelles. Des répliques tirées à bout portant, des échanges du tac au tac. Plus cynique. Plus acerbe. Plus acide. Parfois même... injurieux ! ( la diatribe d'Hester a l'Acte 2 est carrément cinglante ! )
La violence du propos lui vaudra d'ailleurs de se faire siffler lors de la première, des coupures seront envisagées et il faudra l'intervention du Prince de Galles pour que Wilde ne se censure pas ! Houleux houleux...
Les déboires personnels de l'auteur n'arrangeront rien. L'année de sa sortie ( 1893 ) est aussi l'année où il est arrêté et jugé à cause de son homosexualité... Sulfureux, une tournée américaine de la pièce sera complètement annulée.

Je veux juste ajouter un mot sur un thème qui m'a paru central : le féminisme.
Derrière tout cela il y a en effet une réflexion sur la place des femmes dans la société, les relations entre les sexes. On pense à Mrs Allonby, femme surprenante, libre, aux répliques digne d'un dandy. Il y a aussi et surtout le destin de Mrs Arbuthnot et de son fils : une vie rendue invivable à cause de l'étiquette sévère d'une aristocratie hypocrite...

"Une femme sans importance" : une intrigue banale et un ton trop cinglant qui cachent, malheureusement, un combat féministe assez révolutionnaire.
Critique principale Parfaite 8 étoiles

Je ne crois pas avoir à ajouter quoi que ce soit. Elle est complète et intéressante, et reflète assez bien mon point de vue.

Nouillade - - 32 ans - 2 janvier 2009