Les Formidables Aventures de Lapinot, tome 7 : La couleur de l'Enfer
de Lewis Trondheim

critiqué par Corto, le 10 décembre 2000
(Bruxelles - 51 ans)


La note:  étoiles
… vous emmènera au septième ciel
Depuis le début des Formidables Aventures de Lapinot, Lewis Trondheim nous avait habitués à l'alternance entre un récit contemporain et un récit historique.
Pour ce septième tome, on aurait donc pu s’attendre à un Lapinot engoncé dans une armure de peureux chevalier du Moyen-âge ou perdu dans le labyrinthe d'une tombe égyptienne. Et bien non ! On le retrouve bien à sa place, dans sa petite vie banale d'aujourd'hui et qui ressemble tellement à la nôtre, avec ses prises de tête émouvantes et parfois plus fondamentales. Cette fois encore, il joue les seconds rôles dans l’ombre de la Nadia de son coeur, et se retrouve rapidement et malgré lui au premier plan d'une intrigue fleurant bon le terrorisme anti-fric, anti-médiatisation, anti-pollution, anti-monde d'aujourd'hui finalement.
On aime ou on n’aime pas Lapinot, et ça commence par le dessin, comme pour toutes les bandes dessinées. Et il est vrai que le dessin de Trondheim, un peu genre " histoires pour enfants " pourrait en rebuter plus d’un. Surtout qu'il faut se passionner pour des animaux qui sont censés mener une vie d’humains. Pourtant, même le plus sceptique des lecteurs ne pourra résister longtemps aux histoires toutes simples mais subtiles que nous raconte Trondheim. En prêtant à ses personnages des intentions et des paroles typiquement humaines et modernes, il nous les rend terriblement familiers. On éprouve du plaisir à les retrouver d'un album à l’autre, pareils à eux-mêmes, évoluant dans un univers qui est le parfait miroir du nôtre. On y croit. Encore un peu, et on se surprendrait à hurler à l'irréel si un humain venait à traverser une case. Et pourtant, sans avoir l’air d’y toucher, Trondheim nous épingle un à un, critique notre société avec justesse et ce qu'il faut de légèreté.
Ce septième tome est dans la lignée des précédents, un délice. On espère juste que, pour le prochain album, Trondheim placera à nouveau sa ménagerie dans un lieu ou une époque insolite, histoire de nous ménager quelque peu.