Gamines
de Sylvie Testud

critiqué par Madame Charlotte, le 30 octobre 2008
(Argelès sur mer - 48 ans)


La note:  étoiles
Drôlissime
Ce roman largement inspiré de la vie de son auteur est une bouffée d’air frais ! Raconté par Sybille, la “numéro deux”, c’est l’histoire de 3 sœurs élevées par leur mère comptable et sa tribu italienne. Sybille est toute blonde alors que ses sœurs, sa mère, ses tantes sont toutes brunes. Leur enfance sera rythmée par les évocations fugaces de “Il”, celui supposé être le sourire blond sur la photo volée dans un carton. “Il”, qui terrorise étrangement leur mère Anna, “Il” qui n’a d’existence que cette photo. Jusqu’à ce que trente-deux ans plus tard “Il”refasse surface”. Le style est très agréable et plein d’humour, la façon de traiter le sujet du père absent, est léger, mais dans le bon sens du terme. Pas de larmoiement, pas de pathos ou de misérabilisme. On rit beaucoup, on s’attache facilement à Sybille et ses sœurs. La fin apporte son quota d’émotion, mais toujours avec pudeur et sobriété, on peut s’interroger sur la conclusion et la réaction des sœurs, mais on rit aussi beaucoup lors du face à face père-filles. Une histoire relatée de manière touchante et drôle, tout en finesse.
Bonne surprise 8 étoiles

J'ai abordé ce livre avec un a priori certain concernant l'auteure. Non pas que je n'apprécie pas l'actrice, mais je suis toujours un peu sceptique par rapport à la place laissée dans les media aux auteur(s) déjà connus par ailleurs.
Aussi j'ai apprécié ce roman - qui peut-être n'en est pas un - à l'écriture courte, précise, percutante. L'histoire de ces trois filles sans père racontée par la cadette est touchante, drôle. Sylvie Testud retranscrit parfaitement une époque avec tendresse et bonne humeur. On perçoit fortement l'autobiographie derrière ce roman, mais une autobiographie sans rancoeur malgré les difficultés, notamment l'absence du père. C'est un livre heureux, joyeux, malicieux.

Anna Rose - - 52 ans - 19 juillet 2016


Drôle et émouvant 7 étoiles

J'ai beaucoup aimé cette petite histoire d'enfance, narrée tout simplement. Sylvie Testud a pas mal de talent pour nous mettre dans la peau (ou à la portée) de la petite fille qu'elle fut et nous faire partager sa vie enfantine, pas facile tous les jours.
Ce roman est un doux mélange de nostalgie, d'humour et d'authenticité. Un petit livre émouvant et agréable en diable !

Gnome - Paris - 53 ans - 30 décembre 2010


« Cette histoire est une fiction. » 8 étoiles

« Cette histoire est une fiction. Elle est librement inspirée de la vie d’une petite fille. Je ne sais pas qui ça peut être. Pas du tout. Toute ressemblance avec des personnes existantes est un peu par hasard. »
Voilà ce qu’écrit Sylvie Testud en exergue de « Gamines ». On a bien du mal à ne pas croire qu’en réalité ce n’est pas une bonne tranche d’autobiographie ! Mais peu importe …
Ce roman, manifestement, divise la gent lectrice. On aime ou on est agacé. J’aime, pour ma part. Ceci doit venir du fait que Sylvie Testud a un style. Au moins dans ce roman puisque je n’en ai pas lu d’autres d’elle. Un style pas tant au niveau de l’écriture elle-même ; simple et sans prétentions, sans chichis, marqué par des phrases courtes d’où les subordonnées sont souvent absentes. Non, un style dans la manière de mener le récit, de raconter le fil de la vie des gamines dont il est question. Par flashes successifs, par « épisodes », diront certains. Mais des épisodes qui ne sont pas déconnectés les uns des autres au final. Des épisodes qui constitueront la chair, la trame de « Gamines ». Un peu ce que des taches de couleur sont au pointillisme ; reculez vous à 10 mètres et le tableau apparaîtra dans sa fugacité. Pour ma part j’adore, mais je conçois que ça puisse agacer. Ce dont je suis sûr c’est qu’une fois que j’ai eu attaqué ce roman, je ne l’ai pas lâché avant la fin (et donc peu dormi !).
Corinne, Sybille et Georgette sont trois sœurs, élevées par leur mère, d’origine italienne, dans un milieu dont on comprend qu’il n’est pas celui des nantis :
« Chez les Italiens, les Portugais et les Espagnols, c’est les grands-mères qui font le ménage. Les mères n’ont pas besoin. Elles font plutôt un autre métier. Ca dépend du pays en fait. Les Portugaises et les Espagnoles, normalement, elles font plutôt gardiennes. Les Italiennes, c’est un peu comme ma mère ou mes tantes. Elles sont vendeuses ou comptables, ou je ne sais pas trop … Les Arabes, à part celles qu’ont un mari épicier, elles font le ménage avec les grands-mères portugaises, espagnoles ou italiennes. »

Elles sont élevées par leur mère parce qu’un « Il » est parti, qui revient rôder parfois, qu’on n’a jamais vu, et dont l’existence finalement rendra à ce roman, in fine, toute l’émotion intense qui n’aurait été que de petits morceaux d’émotions sans lui. On va les suivre de la petite enfance au début de leur vie d’adulte, au fil de micro-évènements, ou de tranches plus compactes, et ce canevas constituera au final une belle relation de vie. Un beau livre, une belle sensibilité, toute féminine.
Quelque part, ça m’a rappelé une expérience d’écrivaine, celle d’une autre actrice ; Marie-France Pisier, avec « Le bal du gouverneur ».

Tistou - - 67 ans - 27 juin 2009


Testud se raconte 8 étoiles

Le "personnage Testud" me fait rêver. Je ne la connais pas particulièrement, mais elle fait partie de cette catégorie de gens denses et fascinants à mes yeux. A tort ou à raison, mais c'est dans cet état d'esprit que j'ai abordé le roman...

Sybille (Sylvie?), c'est la gamine de la famille. La blondinette au milieu des brunes, le garçon manqué qui aime porter les cheveux longs, une soeur, celle du milieu, qui se distingue toujours d'une manière ou d'une autre, par sa ressemblance avec son père, son côté artiste et rebelle, son activité d'enfant de choeur... Un concentré de petite bonne femme dont on prend plaisir à faire la connaissance, à ce moment de sa vie. Les petites histoires (les colos, le parrain mafioso, les chaussures à la poubelle) et la Grande Histoire en toile de fond (celle du père absent dont on regarde la photo en cachette et dont on sait qu'Il sonne parfois à la porte, sans le connaitre).

Le style, parlé et expressif, est sympa, mais pas immensément original. Il laisse au moins la porte grande ouverte à l'atmosphère du récit, lui demandait-on vraiment plus?

La deuxième partie du récit (Sybille adulte et en quête du père) est une moins bonne idée. Pas que ce soit inintéressant ou mal écrit, mais je serais volontiers restée un moment supplémentaire au milieu de ces gamines...

Mallollo - - 42 ans - 1 juin 2009


Mouton blanc et nuage gris 4 étoiles

Toute la première partie du livre est une collection de petits récits: Sybille et le poisson d'avril, Sybille et la photo volée, Sybille à la maison, Sybille à l'école, Sybille en colo, etc, etc... C'est écrit dans un style qui se veut parlé, direct, d'aujourd'hui, avec tous les défauts que la langue française attrape comme on attrape une maladie. C'est gentil, un peu déluré, sans grand relief. Sybille y apparaît comme une petite fille effrontée, petit mouton blanc car seule blonde au sein d'une tribu toute brune, espiègle et garçon manqué.
Dans la seconde partie apparaît ce qui n'était jusque là dans la vie de Sybille qu'un "nuage gris". "IL" est l'homme dont elle a, un jour, volé la photo et qui la retrouve trente ans plus tard. Les deux derniers chapitres décrivent une infinie tristesse malgré les rires de diversion et les propos anodins qui cachent mal les questions lancinantes. C'est alors l'histoire d'une blessure qu'on ignorait mais qui n'a jamais vraiment cicatrisé.
Un petit livre sans importance qu'on peut lire pour ces quelques dernières pages, émouvantes et sans pathos.

Jlc - - 80 ans - 4 mai 2009


Gaminerie ! 4 étoiles

Je n’aurais pas dû ! Je n’aurais jamais dû lire ce livre alors que je venais à peine de refermer « Train de nuit pour Lisbonne » de Pascal Mercier ! Le contraste est trop violent, la différence est trop énorme. Que puis-je donc dire aujourd’hui de cette petite histoire toute simple, toute simplette même, banale comme le divorce dans notre société actuelle, que cette petite faction matriarcale est bien touchante et même un tantinet émouvante, que cette connivence sororale est pleine de fraîcheur malgré les quelques petits accrocs qui la déchirent, parfois, mais toujours provisoirement et puis … c’est à peu près tout ce qu’on peut dire de cette famille où la mère se démène pour élever dignement ses trois filles en l’absence de leur père. Il n’y a rien à ajouter tant cette histoire est vide de tout contenu original.

Comment Sylvie, une actrice qui a un tel talent, qui déploie autant de finesse d’esprit pour pénétrer des personnages aussi complexes, aussi tortueux et aussi torturés avec une telle justesse et les habiter avec tant de vérité, a-t-elle pu se laisser aller à écrire cette suite de « sujets-verbes-compléments » pour raconter un morceau de vie tellement banal même si cette vie est la sienne et qu’elle n’est pas forcément la plus facile à vivre pour elle. Il ne suffit pas d’avoir un solide talent de comédienne et une grande sensibilité, fût-elle la plus exacerbée, pour raconter une histoire capable de retenir l’attention des lecteurs en leur procurant quelques émotions qu’ils sont en droit d’attendre en achetant un bon roman.

Et j’ajouterai un petit grief tout personnel, juste pour la forme. Le « pagut ! Un pignouffffffff » que j’ai été, et suis sans doute encore, a dû lire un bon millier de livres d’une bien meilleure tenue que celui là. Comme quoi, il faut toujours faire attention avant de médire de toute une partie de la société et de se moquer gratuitement de personnes qui ne sont pas forcément aussi sottes qu’on peut le penser. Pour cela, il faudrait au moins avoir un minimum de talent !

Bref, oublions vite ce livre et ces petites histoires et courons vite voire le prochain film avec Sylvie Testud car elle est toujours géniale dans chacun des rôles qu’elle interprète.

Débézed - Besançon - 77 ans - 9 avril 2009


Sympa 8 étoiles

Sybille, la narratrice, a 10 ans. Elle vit avec ses deux soeurs, Geogeo, 8 ans et Corinne, 12 ans, et sa maman dans un petit logement Lyonnais. Sur la petite famille, plane le spectre du père absent, que les filles n'ont jamais vu et dont elles ne doivent pas parler.

Avec plein d'humour et de faconde, Sylvie Testud raconte son enfance. La première partie du livre est excellente : les bêtises, les réunions de famille (une famille italienne ou tout le monde se mêle de tout),..c'est très amusant. L'écriture est légère et pétillante, ça va vite et c'est souvent très marrant. Un regret par rapport à la fin du livre, qui voit la petite fille devenue célèbre revenir sur le lieu de son enfance, ce n'était pas nécessaire et ça casse un peu l'impression.

Dans l'ensemble un livre amusant et léger, qui ne laisse pas un souvenir impérissable, mais c'est frais et c'est sympa.

Saule - Bruxelles - 58 ans - 24 février 2009


Léger 4 étoiles

Au début j'étais douteuse, mais je trouve que ça s'est amélioré au fil des pages. Ça m’a pris du temps à immerger, c’est devenu plus intéressant quand j’ai rentré dans l’histoire. L’humour et l’abandon de l’auteure sont agréables, mais sans me toucher fortement.

Nance - - - ans - 24 février 2009


Pas vraiment un roman 4 étoiles

Beaucoup d'émotion dans ce livre, de la sensibilité à fleur de peau mais j'avoue avoir eu du mal à considérer ce livre autrement que comme une autobiographie, déguisée ou non, et pas comme un roman. Cela modifie dès lors ma lecture, car je sais que j'entre dans un univers réel et la qualité de l'écriture s'en ressent. Sylvie Testud a certes une plume légère et agréable mais il est dificile de juger avec recul et objectivité quand on expose de la sorte ses tourments et sa vie.
Il y a de l'humour, des petites histoires qui rendent ce récit palpable, très présent mais difficile de se détacher de la personnalité de l'auteur, de sa carrière, de l'image qu'elle dégage à travers son cinéma, même si elle ne se met pas ici en scène et parle d'autres personnages.
Le style ne m'a pas paru renversant, il est est propre, net, mais assez lisse en fin de compte et ne me laissera pas de souvenirs durables.

Sahkti - Genève - 50 ans - 15 janvier 2009


Le spectre du père 7 étoiles

De jolis souvenirs d’enfance faits de petites misères et moments drôles. L’univers féminin du quatuor – trois filles et une mère – est évoqué de manière vivante avec une belle simplicité. Il s’agit d’un roman fortement autobiographique, mais qui ne succombe jamais à la tentation du règlement de compte

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 54 ans - 26 décembre 2008