Journal de l'air
de Jacques Ancet

critiqué par Sahkti, le 30 octobre 2008
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Raconter l'indicible
Notre monde est composé de multiples éléments, dont l'air. Insaisissable, invisible, abstraction à l'état pur d'un état qu'on imagine vide, creux, vaste toile ou compilation d'inconnu.
Il en va de l'air comme de nos émotions. Perceptibles et imprenables, composées de tout et de rien, énigmes pour la science comme pour nos âmes curieuses.
Vouloir identifier, percevoir puis apprivoiser ces composants relève d'une tâche ardue, voire impossible à mener. Et si les mots nous permettaient d'appréhender, à leur tour, ces perceptions de l'esprit? Si la poésie nous offrait les moyens de concrétiser l'abstrait?

"On ne voit que ce qu'on peut nommer" (page 38)

Se promener au coeur du recueil de Jacques Ancet, c'est comme errer au creux d'un jardin dont les parfums nous seraient familiers mais dont nous ignorerions les noms. Idem pour les fleurs, les plantes, les oiseaux... éléments vivants et bien présents, connus de l'esprit et en même temps impossibles à fixer. Démarche étrange et palpitante que celle-ci, qui fait frémir et rassure à la fois, car l'inconnu ne l'est pas tout à fait et vouloir le maîtriser est en quelque sorte apprendre à nous connaître.

"Et pourquoi cette peur chaque fois
d'avancer sur le vide du temps"
(page 143)


Quelques lignes:

"Les images pullulent pourtant
visages discours multipliés
indéfiniment se reproduisent
personne n'y échappe les corps
se défont en fines pellicules
ils n'ont plus d'épaisseur chaque chose
se change en son propre simulacre
le reflet d'un reflet l'ombre d'une
ombre est la caverne dis-tu"
(page 44)