Entretiens sur la pluralité des mondes
de Bernard de Fontenelle, François Bott (Préface)

critiqué par Gryphon, le 5 octobre 2008
(Mexico DF - 59 ans)


La note:  étoiles
La Marquise et les étoiles
Titre austère pour ce qui n'est finalement, en caricaturant un peu, qu'une partie de drague avec la philo comme prétexte. Donc Monsieur le Philosophe va enseigner à la belle Marquise - nous sommes en 1686 - les rudiments de la cosmologie. L'atmosphère s'y prête: un parc, la nuit bardée des étoiles...

Plus sérieusement (en admettant que la drague n'est pas sérieuse, ce qui se discute...), c'est une des premières tentatives de faire sortir la philo de son milieu académique et institutionnel, de s'adresser à une autre public que les clercs habituels. Le style dialogué, lointain héritage socratique, se banalisera tout au long du siècle des Lumières.

Le contenu en lui-même est faible: la question de savoir s'il y a des habitants sur d'autres planètes (dont la Lune) et si oui, de quoi ils ont l'air. L'éditeur ne s'est même pas donné la peine de corriger les incongruités astronomiques en notes de bas de page, c'est dire. Reste un argument de poids d'ordre théologique: Si on arrivait à prouver l'existence de vie sur d'autres planètes, voilà qui serait en contradiction avec le récit de la genèse biblique. On peut aujourd'hui encore se servir de cet argument contre les créationnistes...

Quant à la Marquise, elle manque de culture, ce qui est normal pour la condition féminine de l'époque, mais ce n'est pas par manque d'esprit. Quand, face aux révélations du philosophe, elle dit "il me faut croire", ce n'est sans doute pas à prendre dans le sens religieux, mais plutôt dans celui de "crédible" dans le sens rationnel. Ce qui revient à dire que les spéculations métaphysiques sans queue ni tête, elle s'en passerait volontiers. Du reste, son attitude est tout à fait moderne: plus elle en apprend sur l'univers, plus elle s'en inquiète.