Ramata
de Abasse Ndione

critiqué par Sahkti, le 14 septembre 2008
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Fresque sénégalaise
Tout commence avec Ngor Ndong, gardien de la maternité Le Dantec, obéissant à la lettre aux ordres du professeur Gomis, qui sont de ne laisser entrer personne en-dehors des heures de visite. Lorsque la femme du procureur général se pointe hors délais et sans laisser-passer, le gardien la renvoie promptement à ses affaires. Vexée, la belle se plaint à son mari qui envoie un troupeau de flics cueillir l'arrogant gardien. Les coups de la police pleuvent, voilà Ngor Ndong serait mort... c'est le drame! Mais comme souvent, tout peut toujours trouver arrangement à condition d'avoir une langue bien pendue et de l'argent. Le tout à la sauce africaine, c'est à dire joyeuse.

Infirmier de profession pendant 35 ans, ce n'est sans doute pas sans raison que Abasse Ndione a placé une partie de son récit dans un hôpital et en a fait un des héros principaux le gardien d'une maternité.
Ramata est son deuxième livre en français, d'autres textes ayant été publiés en langue wolof.
En partant de la mésaventure de Ngor Ndong, Abasse Ndione nous offre un beau roman-conte, à la limite de l'oralité, avec des incursions dans le passé, des retours dans le présent africain et une vaste fresque qui ne nous décrit pas uniquement des personnages mais aussi un pays et une société. A travers les pots-de-vin versés par ramata au gardien, pas vraiment mort, pour qu'il retire sa plainte, c'est tout un pan de la corruption qui est pointé du doigt, ainsi que la violence policière et les nombreux actes dont on ne peut parler sous peine de répression, même dans certains pays dits démocratiques.
Le Sénégal se dévoile à travers les personnages de ce roman à la voix chantante. Abasse Ndione manie la plume avec talent, pour faire ressentir les ambiances, la chaleur mais aussi la peur et les tensions qui se lisent au fond des yeux.

Je connais assez peu la littérature africiane mais j'ai le sentiment que Abasse Ndione en est un des dignes représentants, il mérite d'être lu!