Un scorpion en février
de Guillermo Fadanelli

critiqué par Débézed, le 9 septembre 2008
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Merde, maudite soit la vie !
Guillermo Fadanelli, écrivain mexicain né en 1963, écrit des nouvelles comme Schubert écrit de la musique : en morceaux très courts (les fameux Stücke Musik). Mais les morceaux littéraires de Fadaneilli que l’on ne peut qualifier de nouvelle tant ils sont brefs, n’ont absolument rien de romantiques , bien au contraire, ils n’évoquent que la violence gratuite, la médiocrité de la vie et la puérilité des êtres qui s’efforcent d’exister dans un monde sordide où l’amour n’est qu’un exercice
charnel exécuter des plus perverses façons : pédophilie, viol, nécrophilie, etc …,
Toutes les horreurs figurent dans ce bref recueil de cent-trente pages pour dix-neuf récits où deux ou trois nouvelles ont tout de même un caractère un peu plus émouvant et même assez pathétique malgré une ambiance toujours aussi sordide.

Ce recueil est un peu comme la page de garde de toute une littérature latino-américaine qui ne trouve plus aucune raison de vivre dans un monde trop injuste et noie son désespoir et son désenchantement dans la violence et les pratiques sexuelles les plus sordides comme pour se venger de l’existence qui est imposée à ce peuple de misère. Ces récits rappellent l’atrocité de certaines nouvelles de Quiroga , le désespoir cynique de Vallejo (Fernando pas François) et bien d’autres écrivains du continent : Galeano, Onetti, Roa Bastos, Scorza, Arenas, Arriaga, … Ils sont aussi un hommage à la mémoire d’Arguedas qui n’a pas pu supporter cette vie qu’il a décidé de quitter prématurément. « Merde, maudite soit-elle, ça c’est la vie ! »

Tous les morceaux de ce recueil ne sont pas de la même qualité et on ne peut s’empêcher de penser que cette livraison a un peu servi à calmer l’impatience de l’éditeur.