Cuisine et dépendances
de Jean-Pierre Bacri, Agnès Jaoui

critiqué par Veneziano, le 30 août 2008
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Prototype du dîner-catastrophe
J'ai presque honte de présenter ce grand classique du boulevard réaliste, sanctuarisé au cinéma par ses deux auteurs, par ailleurs comédiens.
Un dîner entre amis se passe chez un couple. Qui, a priori, de plus classique comme scène ? surout pour une scène de théâtre, comme la Cantatrice chauve ? Or, il ne s'agit là pas d'incompréhension, d'incommunicabilité ou d'aburde : les personnages se comprennent justement très bien, et c'est ce qui fait leur drame, presque médiocre de trivialité et de quotidienneté, où les mots d'oiseaux sont constamment au bord d'être crachés.
Presque toute la pièce se passe dans la cuisine et dans l'immense couloir qui y mène, ce qui est assez original. Le second aspect un peu hors norme est que les choses se passent dès le départ, ce qui donne immédiatement le ton : l'ami du couple-hôte, qui squatte chez eux, fait la gueule aux retardataires, et jette un froid. Un invité connu, intellectuel, sauve la mise par son brio, le frère de la maîtresse de maison joue sa vie au jeu et enquiquine tout le monde avec l'état de ses dettes, son étrange compagne égayant le décor.

Cette pièce vire à la cacophonie bien aigre, qui explose de tous bords. Elle tout aussi brève qu'amère et jouissive.

Cela me permet de formuler un clin d'oeil virtuel à Anastasia K., Jennifer J. et Ludovic S. : cette oeuvre leur rappellera une mémorable soirée de pleine lune de septembre d'il y a quelques anées. Que les autres lecteurs me pardonnent de cette incartade privée, mais je pense que ce genre de scènes n'est peut-être malheureusement pas si anodine.