La traversée de la nuit
de Geneviève de Gaulle Anthonioz

critiqué par Smokey, le 21 août 2008
(Zone 51, Lille - 38 ans)


La note:  étoiles
De la résistance à Ravensbrück
Geneviève de Gaulle est la nièce du général de Gaulle. Résistante en 1940, elle est arrêtée en 1943, internée à Fresnes puis au camp de concentration de Ravensbrück.

Depuis 1996 elle préside l'association nationale des anciennes déportées et internée de la résistance.

Son récit commence en 1944. Mise en isolement dans le cachot de ce camp réservé aux femmes, Geneviève de Gaulle vit exclue parmi les exclues.
Chaque jour qui passe est rythmé par une terreur à peine concevable.
Cinquante ans plus tard, elle se souvient de ce périple au coeur des ténèbres de l'humanité.
Ce livre est bouleversant, il porte sans le dire l'origine d'un engagement futur, indéfectible.

Extrait: (p.10)

"Pour le moment, je suis dans un bâtiment à l'intérieur du camp de Ravensbrück, appelé bunker. C'est une prison qui sert aussi de cachot. En ce cas, il n'y a pas de couvertures, ni de paillasse, le pain est distribué tous les trois jours, la soupe tous les cinq jours. La condamnation au bunker est accompagnée d'une bastonnade: vingt-cinq, cinquante ou soixante-quinze coups auxquels la détenue survit rarement.
Nous savons tout cela au camp et aussi que de jeunes femmes, cobayes humains, ont subi dans ce lieu les horribles expérience du professeur Gebhar."
à lire 8 étoiles

Que dire qui ne fut dit... Geneviève de Gaulle Anthonioz témoigne, sans jugement, évoquant la réalité de Ravensbrück... évoquant les derniers mois de son enfermement... ayant conscience que son nom peut-être la sauva, en faisant d'elle une prisonnière particulière...
Elle dit, décrit sans tomber dans l'excès ou le pathos... et elle nous touche.

Deinos - - 62 ans - 6 février 2016


Un témoignage aussi tragique qu'indispensable 10 étoiles

Cet ouvrage court n'est autre que le témoignage de déportation d'une survivante des camps de la morts, de celui de Ravensbrück. Il y est décrit les maltraitances exécutées à titre d'expériences, les conditions miséreuses de survie, les battues exercées à profusion, parfois de manière nocturne. Et j'en passe.
Se souvenir s'avère indispensable, connaître l'est tout autant, et les descriptions sont nécessaires à cette fin. Le style employé demeure simple, l'artifice devient bien superflu, voire franchement dérisoire, pour rendre compte de l'indicible, de l'horrible. Ce crime contre l'humanité doit apparaître dans sa réalité, également dans ses détails.
Déportée car elle est résistante, de surcroît nièce du général qui tente d'organiser ce mouvement de rébellion, elle reste étonnamment lucide sur ce qui lui arrive, l'issue fatale qui risque de l'attendre et la manière probablement différée dans le temps de sa connaissance par ses proches.
En parallèle de l'élaboration d'un devoir de mémoire "institutionnel", cette survivante fait comprendre l'importance de la connaissance de ces crimes. Cette lecture est presque indispensable.

Veneziano - Paris - 46 ans - 2 mai 2015