Lettres à ses amies-enfants
de Lewis Carroll

critiqué par Nance, le 19 août 2008
( - - ans)


La note:  étoiles
Intéressant pour les admirateurs
Bien que ce soit un auteur dont j’apprécie tout particulièrement la plume. Comme plusieurs, je trouve étrange qu’il se fasse des liens presque uniquement avec des petites filles, mais surtout que ça ne dure quand elles vieillissent (à quelques exceptions près).

Dans la préface de Francis Lacassin, il est dit : « En général, relations épistolaires, promenades et visites cessaient quand les intéressées avaient déçu Lewis Carroll ou - ce qui revient au même - lorsqu'elles quittaient l'enfance pour l'adolescence. Dans quelques cas, la rupture des relations avait lieu à l'initiative des parents brusquement alarmés par le qu'en-dira-t-on. La notoriété et l'honorabilité de l'auteur d'Alice ne suffisaient plus à vaincre leurs inquiétudes. Carroll prenait lui-même l'initiative de la rupture quand les parents, pour apaiser les scrupules, envisageaient de voir les relations de leurs fillettes avec le charmant vieux monsieur se poursuivre en la présence d'un chaperon. Ce qu'il considérait comme une insulte à son honneur. "J'ai ma conscience pour moi", écrivait-il à une de ses soeurs probablement alertée par la rumeur publique. »

J’espère qu’il n’est pas pédophile (on ne le saura jamais), mais même sans aller aussi loin, j’ai quand même été mal à l’aise. L’impression qu’il rejette ces filles après leurs avoir accordé son amitié juste parce qu’elles grandissent me dégoûte. En lisant ses lettres, ses journaux intimes, mon opinion n’est toujours pas nette. Il est drôle, mais il y a souvent des pointes : « Il y a si longtemps que je ne vous ai vue que je redoute un peu que vous n’en ayez profité pour "devenir une grande fille" », « Certains enfants ont une bien désagréable habitude, qui est de devenir grand : j’espère que vous ne ferez rien de semblable d’ici notre prochaine rencontre ». Je ne sais pas si c’est à prendre au sérieux ou si c’est de l’humour. Si ce n’est pas le cas, ma première pensée est « pour qui il se prend, lui ? ». Une seule de ses lettres est adressée à un garçon et c’est pour lui dire qu’il ne va pas lui écrire, c’est une lettre drôle (j’ai ri), mais étrange. Reste que ses lettres sont remplies d’humour et de vivacité intellectuelle. Ce sont des textes qui peuvent être intéressants pour les admirateurs de Lewis Carroll. Il raconte des anecdotes, des histoires...

« J'aurais dû vous écrire plus tôt pour vous remercier du sonnet ; n'allez surtout pas imaginer que je n’en ai rien fait : je vous ai même écrit des centaines de lettres. Là où est les difficultés ont commencé à se faire jour, c’est lorsqu’il s’est agi de vous dépêcher lesdites lettres. Au début, je vous les ai dépêchées avec une violence telle, qu’elles ont outrepassé de très loin le lieu de leur destination ; certaines d’entre elles ont été ramassées jusqu’au fin fond de la Russie. La semaine dernière, il s’en est fallu de très peu que je n’en misse une dans le mille [...] Ensuite, ma santé a laissé beaucoup à désirer, et j’ai dépêché mes lettres si mollement que l’une d’elles a tout juste réussi à atteindre le bout de la pièce. »

« Je crains fort de ne pouvoir me rendre en ville, ces temps-ci. Autrement j’eusse été ravi de venir, ne fût-ce que pour avoir l’occasion de vous dire : "Loin de moi ! Monstre d’ingratitude !" »

« Pour ce qui est de danser, ma chère enfant, sachez que je ne danse jamais, à moins que l’on ne m’autorise à le faire à ma façon, qui est très personnelle. Il est inutile d’essayer de décrire ça : il faut le voir pour le croire. »