Jeux et combats
de André Lwoff

critiqué par Le rat des champs, le 9 août 2008
( - 73 ans)


La note:  étoiles
Un grand écrivain
André Lwoff (1902-1994) a été pendant des décennies une des gloires de l'Institut Pasteur à Paris. C'était un savant considérable, qui a reçu le prix Nobel en même temps que Jacobs et Monod pour ses recherches sur les virus, dont il a extrait un livre incontournable intitulé "l'Ordre biologique". Comme il le raconte avec humour dans cet essai, le prix Nobel est une récompense prestigieuse pour un chercheur mais aussi un piège, puisque souvent les récipiendaires abandonnent tout travail pour se reposer sur leurs lauriers.

Ce livre est une compilation de textes divers, comme son discours prononcé lors de sa réception, de souvenirs, comme sa rencontre avec Louis-Ferdinand Destouches dit Céline dans les années vingt, de textes sur le racisme et l'antisémitisme ou la peine de mort dont il était un opposant farouche.

Il a eu de l'amitié pour Céline, reconnait les qualités médicales et littéraires du personnage, mais après le passé collabo de celui-ci, il a pris des distances, et a choisi de ne plus le voir.

Comme l'écrit l'éditeur dans la quatrième de couverture, on connaissait un savant et on découvre un écrivain. Un grand écrivain, sensible et généreux, très proche de la pensée de Camus. Le temps a rattrapé Lwoff. Ce qu'il écrivait contre la peine de mort ou le racisme et l'antisémitisme dans les années soixante-dix est maintenant admis par la majorité de la population, mais à l'époque, il fallait une profonde dose d'humanisme et de foi en l'homme pour écrire de tels textes. Ceci ne signifie pas qu'il est ringard ou dépassé, loin de là. En particulier ses textes sur le racisme et l'antisémitisme restent d'une brûlante actualité.