La belle Gabrielle
de Auguste Maquet

critiqué par Killeur.extreme, le 3 août 2008
(Genève - 42 ans)


La note:  étoiles
"Nègre" ou véritable écrivain ?
Auguste Maquet était-il vraiment le véritable auteur des romans d'Alexandre Dumas et un écrivain oublié par la postérité? Je ne peux pas répondre par l'affirmatif à la lecture de ce roman.

Présentation de l'éditeur
Espérance, né de parents inconnus, est un beau jeune homme qui apporte une lettre de sa mère morte à Crillon. Le célèbre capitaine d'Henri IV le prend aussitôt sous sa protection car le danger menace. Le roi doit encore vaincre les ligueurs, les Guise et leur parti qui, malgré sa conversion, lui contestent sa légitimité royale. Espérance se retrouve ainsi au beau milieu de conspirations, de duels, de trahisons et de batailles. Mais surtout, sa route croise celle de la favorite d'Henri IV : Gabrielle d'Estrées. Formidable roman d'aventures et de cape et d'épée, La Belle Gabrielle montre avec éclat le talent d'Auguste Maquet qui n'a rien à envier à celui dont il fut le " nègre ", Alexandre Dumas.

Pour démarrer cette critique, je vais devoir contester un peu le point de vue de l’éditeur « Formidable roman d’aventures….Alexandre Dumas » Autant le dire tout de suite, ce roman écrit uniquement par Auguste Maquet n’arrive pas à la cheville de ceux qu’il a écrit avec Alexandre Dumas, bien que son rôle soit plutôt celui de rédacteur du « premier jet» que Dumas réécrivait avec son style (même si quelque fois, pressé par le temps et les différents romans qu’il avait sur le feu, Dumas gardait le texte de Maquet sans le modifier), ni à la cheville de romans du même genre écrit par Paul Féval (le Bossu), par Théophile Gauthier (le Capitaine Fracasse), Edmond Rostand (je sais Cyrano n’est pas un roman, mais c’est une des seules pièces qui peut se lire comme tel) ou Michel Zévaco (le Capitan, plutôt début du 20ème siècle, mais le fait que l’auteur se soit inspiré des personnages dumasiens ne fait aucun doutes).
Si Dumas est capable d’écrire de bons (voire des très bons) romans seuls ("les Compagnons de Jéhu", "le Sphinx rouge"). Maquet, en ne jugeant que "la Belle Gabrielle" semble avoir plus de difficulté, pas que son roman soit vraiment à jeter, je vais vous exposer ses qualités et défauts à vous de juger si vous désirez quand même le lire pour vous forger votre propre opinion, mais je vous conseillerais plutôt de le louer à la bibliothèque.

« La Belle Gabrielle » apporte une suite à la trilogie de Dumas « des guerres de religions » (La Reine Margot, La Dame de Monsoreau et les Quarante-cinq, Dumas avait prévu de faire un 4ème roman baptisé « Ravaillac » qui aurait débuté par l’assassinat d’Henri III et aurait raconté la conquête de la France par Henri IV et se serait achevé par l’assassinat du roi et l’exécution de Ravaillac. Dumas fera quand même une biographie d’Henri IV des années plus tard, voir la préface du « Sphinx rouge » édition Kryos)
Ce roman permets d'en apprendre plus sur la femme qui a failli devenir Reine de France, et ainsi changer l'Histoire de France (pas de Louis XIII, ni de Louis XIV,etc.), à la place de Marie de Médicis et Maquet montre à quel point certain ministres n'hésitent pas à employer tout les moyens pour faire des mariages politiques et financiers malgré de désirs du souverain.
Maquet tire moins à la ligne que Dumas (et d’autres auteurs de feuilletons) son roman va plus à l’essentiel.
Le roman est plutôt bien écrit et on voit que Maquet, ancien professeur d’histoire, connais bien la période qu’il décrit, même ses inventions romanesques sont crédibles, mais également une qualité qui s’applique au romans de Dumas auquel Maquet a participé (c’est quand même lui qui se chargeait de la documentation, en plus d’écrire la première version du texte)

Mais pour moi « la Belle Gabrielle » contient des défauts qui m’ont donné plusieurs fois l’envie de critiquer le livre sans le finir, c’est contre mes principes, mais je n’arrivait pas à lire ce roman sans penser au chef d’œuvre que Dumas en aurait fait, c’est seulement en passant outre que j’ai réussi à le terminer. Défaut important : On ne s’attache pas aux personnages, Espérance est un héros trop lisse, trop parfait, il me fait penser à Raoul de Bragelonne et son amitié avec le garde Pontis n’est pas à la hauteur de l’amitié entre la Mole et Coconnas, Maquet réutilise des personnages des romans signés Dumas, Chicot, qu’il ressuscite (le "vrai" Chicot est mort 1592 et plusieurs éléments montre que le Chicot "fictif" "simule" sa mort aussi cette année là et il est encore vivant en 1600 à la fin du roman), Henri IV, Mayenne, la duchesse de Montpensier, Crillon mais ils ne sont plus que des ombres, Chicot est toujours aussi rusé, mais il n’a pas la même éloquence que dans « la Dame de Monsoreau » et la duchesse de Montpensier que Dumas rendait terrifiante et dangereuse à chacune de ses apparitions, est toujours dangereuse mais pas au point que le lecteur soit effrayé par sa présence ni les conséquences des plans qu’elle forme, que dire des autres méchants, La Ramée est seul vraiment intéressant car il semble invincible et malgré sa cruauté, Maquet en fait un personnage plus complexe qu’un « méchant de plus » et Henriette d’Entragues prête à tout pour mettre le roi dans son lit, le personnage est à la fois lâche et vraiment prête à tout. A noter deux personnages secondaires importants Leonora Galigaï et Concino Concini qui seront des personnages importants dans « le Capitan » de Michel Zévaco.

2 étoiles: 1 pour la qualité de l'écriture, 1 pour les connaissances historiques de l'auteur et sa manière de romancer l'Histoire, certaines bonne idées. Mais pas plus pour les personnages trop transparents, pas attachants et le fait qu'on ne soit pas emu par les péripéties des protagonistes, il manque de sentiment là où Dumas alternaient l'action, la comédie et la tragédie et des dialogues d'anthologie. Dommage, j'ai voulu lire ce livre pour réhabiliter Auguste Maquet que la postérité a oublié (il est mort riche et châtelain, grâce à sa seule plume selon ses dires), mais malheurseusement c'est le contraitre.