Le faucon afghan : Un voyage au pays des talibans
de Olivier Weber

critiqué par Jules, le 6 novembre 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Au royaume de l'hypocrisie et de l'absurde
Ce livre, écrit par un grand reporter au journal « Le Point », est sorti en septembre. Il nous fait découvrir un monde dans lequel Ubu ne serait qu'un pâle gamin sans aucun intérêt !…
Et pourtant, on sent que l'auteur a une véritable sympathie pour ce peuple, tant il les sent perdus et écrasés.
Il nous donne également un assez bon aperçu de ce qu’est l’histoire de cette région. Elle n'est bien souvent qu'une histoire de guerres d'invasions de leur territoire, que ce soit par Genghis Khan, les Anglais, les Russes, ou d’invasions par eux-mêmes de l'Inde par exemple. Les troupes afghanes y massacreront plus de huit mille soldats ayant déposé les armes et quelques cinquante mille croyants civils !... Tout cela n'est pas grand chose pour eux, sauf que, le soir, les bras sont un peu lourds… Bien plus tard, les Anglais et les Russes ne seront pas traités beaucoup mieux !… Le raffinement dans la torture n'est pas à apprendre à ces hommes plus que rudes.
Le taliban sait de qui tenir !
Le mollah Omar se vante à Olivier Weber d'avoir coupé des mains, des pieds, des bras et des têtes à ne plus pouvoir les compter, par l’intermédiaire de sa police religieuse et du Vice et de la Vertu. C'est la loi coranique, dit-il, et c’est cela qui fait que Kaboul ou Kandahar sont calmes. C’est cependant un calme des plus relatifs.
L'Afghanistan est un vaste ensemble de tribus et de territoires dans lequel on ne sait pas bien qui dirige. Un sauf conduit du niveau le plus élevé ne veut plus rien dire dès que l’on a quitté la ville où réside cet homme. Chaque petit chef se sent seul chef chez lui !. Une chose est certaine par contre : chaque chef est à vendre, tout n'est qu’une question de prix (il faut faire vivre la famille.).
Les lois ancestrales et les coutumes l'emportent sur le Coran. Une exception cependant : quand son intérêt le lui dicte, l'Afghan sait assouplir toutes ses lois ou coutumes en fonction de cet intérêt du moment.
Parlons maintenant des Talibans. Ceux-ci sont issus des écoles coraniques du Pakistan et, pour la plupart, ne savent pas lire. C’est aussi vrai pour des ministres que pour d'autres. Ne sachant pas lire le Coran, ils l'interprètent à leur façon. Cette interprétation consiste à dire qu’ils sont plus « purs que les plus purs » et leur but est de créer un homme nouveau (on a déjà entendu cela au Cambodge.), un véritable croyant. De là vient en partie la nouvelle opposition entre eux et les Iraniens. Pour eux, les Iraniens ne sont que de mauvais croyants parmi d'autres. C'est au nom de cette pureté que le taliban exécute à tour de bras, bastonne, mutile, lapide et enferme les femmes. Tout est punissable : le concubinage, la prostitution, l’homosexualité, la polygamie, l'usage de l’alcool, des drogues, posséder une télévision, un lecteur de cassettes, simplement regarder une femme pour tenter d'en deviner les formes. Cela est punissable pour tous, sauf pour les talibans eux-mêmes. L'auteur assistera au mariage d'un haut fonctionnaire taliban avec son concubin, célébré par un mollah. Le tout suivi d'un énorme banquet. Les talibans sont polygames, recourent aux prostituées, que l’on conduit avec discrétion chez eux après le couvre feu instauré pour la population. Tous trempent dans le commerce de la drogue interdite et en tirent leurs revenus. Le pouvoir taliban paye ses policiers et fonctionnaires avec cet argent.
Ils ont créé, au nom d’un semblant de pureté, la situation la plus hypocrite qui soit !. Et le peuple le sait. Tout au long de ce livre, il est flagrant que le peuple afghan n'en peut plus de cette dictature imbécile et hypocrite. Il est clair aussi que dans leur ignorance et leur analphabétisme ils ne sont pas arrivés à créer un véritable état. Leur pouvoir ne tient que par la peur et la répression !… Dans ce pays, les plus menaçants pour les non musulmans sont les Arabes venus de tous les pays. Eux seuls parlent de la djihad contre le monde occidental. L’Afghan voudrait enfin la paix !
Mais la trouvera-t-il avec toutes ses divisions tribales ?.
Je voudrais signaler, pour ceux que cela intéresserait, que "Le Monde 2" vient de sortir son n°12 qui est essentiellement un dossier sur les événements d'Afghanistan et sur ce pays. Il a des rubriques aussi variées que "Le Journal de Crise", "Mollah Omar, chef suprême des talibans", "Le "Cerveau" de Ben Laden", "Les réseaux dormants d'Al-Qaida", "Si victoire, quelle victoire?", "Le Pakistan est-il contrôlable", "L'Islam, la violence et l'Occident" etc. A la fin du cahier, vous ferez une balade en Afghanistan et vous découvrirez les différentes populations, leurs richesses culturelles et artistiques, la géographie, le climat et bien d'autres choses encore. Je vous le conseille vivement et sans craintes... C'est "Le Monde" et non "Le Figaro" ! Je devrais donc pouvoir échapper à une accusation d'être par trop orienté.
Superbe! 10 étoiles

Un très beau récit de voyage sur l'Orient et un périple en Afghanistan. La plume de l'écrivain rappelle celles de T.E. Lawrence et de Bruce Chatwin. J'aurais aimé que le livre soit un peu plus long! Beaucoup d'humour aussi. Donne envie de reprendre la route (mais pas forcément au pays des turbans noirs!). Olivier Weber est un écrivain aventurier, qui fut apparemment longtemps reporter de guerre.

Pierrot-la-Lune - - 38 ans - 21 octobre 2016


Voyage au pays des Talebs 7 étoiles

J'ai bien aimé ce livre qui décrit bien l'Afghanistan des Talibans. On peut voir l'hypocrisie des talibans, l'état d'esprit général en Afghanistan, et quelques bonnes anecdotes. L'auteur semble être dans un espèce de rêve contemplatif. C'est poétique, mais je préfère dans ces récits de voyage les analyses "réalistes" de la situation où l'auteur creuse un peu plus, non seulement sur l'histoire, mais aussi sur la géopolitique locale.
Enfin, bon livre quand même.

Coutal - - 36 ans - 19 décembre 2010