Attention éclaircie
de Marie Le Drian

critiqué par Cuné, le 3 août 2008
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Les "Garces" de Maman
Ellen Pogam est abimée par la vie. Elle est devenue "îlophobe", depuis qu'un marin qui l'avait choisie pour recomposer une famille sur une île ensoleillée a disparu, pfuiit, plus là. Elle a été rejetée sur le continent, ses enfants sont grands et partis au loin, et après quelques mois en maison de repos, où le vendredi on leur remettait de petits cartons disant "Il est inutile de se donner la mort", elle a choisi cette maison dans le brouillard pour y être malheureuse en paix.

Seulement il s'avère qu'elle ne l'est pas, qu'elle s'est faite des amies, que sa mère décédée continue à lui sussurrer de tendres remontrances à l'oreille tout au long du jour, et puis qu'elle a une mission à remplir, chaque 28 Décembre (et pour le moins originale). Justement, quand nous la rencontrons c'est le 24, elle est au marché pour choisir les langoustines du réveillon : c'est elle qui reçoit, Dominique de La Poste et les deux veuves de la gym, que des femmes, même si on sait bien que Paul-Henri, qui est si serviable, est seul aussi, mais pas d'hommes, comme ça on peut picoler un peu, avoir des vapeurs, sans que personne ne minaude...

Un roman étrange, enlevé, sautillant, original, mais derrière la fantaisie, tout une carte désenchantée se dessine, que reconnaîtront aisément tous les cabossés de la vie, tous les solitaires qui se calfeutrent les jours d'éclaircie, ne serait-ce que mentalement. H-élé-NEU est bien attachante, et quand on tourne la dernière page, on aimerait bien une suite pour l'histoire de Claire, qui m'a enchantée avec son idée de cassettes de plaintes mensuelles.

Un roman de ceux dont on tombe amoureux, parce qu'il faudra le relire, il y a plusieurs couches, et parce qu'on sent l'écriture non domestiquée, libre, bravache et surtout, surtout, déconneuse. Tout ce que j'aime.