Caprices de Chine
de Stéphane Fière

critiqué par Sahkti, le 14 juillet 2008
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Entre modernité et tradition
Stéphane Fière a passé plus de vingt ans en Chine, vingt années qui l'ont marqué et inspirent fortement les lignes qui composent les nouvelles de ce recueil. Ce dernier débute par une histoire triste et drôle à la fois, celle de Mr Wu, atteint d'une maladie grave et inventeur de la pastèque carrée. Célibataire, sans enfant, il ne veut pas laisser sa fortune à l'état et tente donc de dénicher en quelques jours une femme qui prendra possession de l'héritage en échange de l'entretien de sa tombe et des esprits de ses ancêtres. C'est là toute l'image parfois contradictoire d'un pays pétri de traditions séculaires pas toujours en adéquation avec la modernité, surtout économique, qui le caractérise. La fin, cruelle et attendue, ramasse judicieusement l'ensemble du texte.
On retrouve cette impression au fil des nouvelles, souvent très drôles et profondément humaines.
Stéphane Fière connaît bien la Chine et ses petits travers, il les utilise pour en dépeindre quelques éléments qui peuvent paraître incohérents aux yeux des Occidentaux que nous sommes mais sont parfaitement quotidiens dans la vie des Chinois.
Un des autres textes du récit est consacré à un chien, "devenu signe éxtérieur de richesse" selon l'auteur, un animal qu'on promène et dont on s'occupe comme d'un enfant, à défaut de pouvoir compter une grande progéniture humaine.
Au fil des récits, les narrateurs se font écho, se retrouvant de ci de là d'une histoire à l'autre. Autant de fragments chinois pour tenter de mettre en lumière l'essentiel de ce pays de contradictions. Ne connaissant rien ou presque à la vie en Chine, je suis incapable de dire si c'est vraiment pertinent, mais c'est en tout cas drôle et léger; ça donne le sourire et puis ça fait réfléchir sur les difficultés de la tradiction à demeurer ancrée dans la modernité. L'économie ne peut tout balayer d'un seul geste de la main, il y a encore pas mal de boulot à accomplir semble-t-il...