Là-haut vers le Nord
de Joseph Boyden

critiqué par Aliénor, le 13 juillet 2008
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Encore un cadeau
Quel bonheur de retrouver Joseph Boyden, deux ans après le chemin des âmes qui est un pur chef d'oeuvre ! Et son talent ne se dément pas, bien au contraire ! On retrouve son univers et sa sensibilité dès les premières lignes de ce livre.

Cette fois ce sont des nouvelles qu'il nous offre. Des tranches de vie de femmes, d'hommes et d'enfants toutes plus belles les unes que les autres. Certaines sont surprenantes, comme cette histoire d'une jeune fille tombée amoureuse d'un loup. D'autres sont drôles, et toutes ont en commun d'être touchantes et parfois tristes et bouleversantes, comme la légende de la fille sucre qui a ma préférence. Très touchante aussi cette aventure d'un petit garçon passionné de catch qui va venir en aide à son idole.

Et cette fois aussi, ce sont les indiens qui nous sont racontés, peuple auquel les “blancs” ont apporté certaines choses, tout en les dépouillant de tant d'autres. D'où la colère et la violence traduites dans quelques nouvelles, face à l'incompréhension voire au mépris de ces hommes qui prétendaient tout leur apprendre.

Bref une fois le livre refermé, on a l'impression de s'être nourri et enrichi. Là-haut vers le Nord est un nouveau très beau cadeau de ce jeune auteur qui reçoit un extraordinaire accueil partout dans le monde. Et on attend déjà le prochain.
J. Boyden : une grande plume 10 étoiles

On a beaucoup hésité avant de rouvrir un bouquin de Joseph Boyden.
Après le si remarquable Chemin des âmes, on voulait rester sur une bonne impression : J. Boyden était-il capable de nous emporter à nouveau chez les indiens ?
Frileusement, on a décidé de recommencer avec un recueil de nouvelles : Là-haut, vers le nord.
Forcément avec des nouvelles, dans le lot, il y en aurait bien quelques unes de bonnes ?
Oui, effectivement, pari gagné. À peu près douze excellentes nouvelles.
Sur une douzaine au total, ah ah.
Définitivement, Joseph Boyden est un auteur à ranger sur l'étagère des grands conteurs d'histoire(s).
Voici donc quelques tranches de vie, comme on dit, de ces gens qui vivent là-haut, vers le nord.
On y parle de catch, de jeûne et bien sûr de bingo.
Des existences parfois misérables, parfois emplies de poésie, parfois violentes, qui sont celles d'un peuple perdu sur ses propres terres.
Mais l'écriture de Boyden est pleine d'empathie et d'humanité, et ne verse jamais dans le misérabilisme facile.
On referme le bouquin en ayant eu l'impression de passer quelques belles soirées chez ces gens-là, des gens qui "valent" plus qu'il ne semble, des gens que l'on voudrait ne plus quitter.
Rappelons-nous ce que l'on disait précédemment du Chemin des âmes :

On se sent étonnamment bien aux côtés de la vieille sorcière cree au fond du canoë. Et l'on voudrait que le voyage de retour dure encore.

Ah bien sûr, on se doute bien que la vie n'est pas toujours facile là-haut, vers le nord !
On apprend des choses terribles sur (au hasard !) les pensionnats religieux qui, comme en Australie ou ailleurs, servaient la purification ethno-culturelle et l'expansion de la colonisation blanche.
On apprécie également à leur juste valeur les bienfaits de cette civilisation blanche !
Certaines histoires se terminent peut-être sur un ton un peu trop didactique comme cette Légende de la fille sucre qui conte, et de manière forte, les ravages terribles de l'alimentation à haute teneur en glucose apportée par les blancs.
D'autres histoires sont tout simplement exemplaires avec le ton juste, comme cette histoire d’Abitibi canyon où l’on voit des mères anishnabe (les indiens algonquins) se mobiliser avec leurs enfants contre un barrage qui va inonder leur vallée.
Bref, le détour avec Joseph Boyden par la Baie James et Moose Factory vaut le voyage.

BMR & MAM - Paris - 63 ans - 11 août 2013


Quoi de neuf ? 5 étoiles

Deuxième ouvrage de J. Boyden après Le Chemin des âmes qui m’avait alors beaucoup touché, c’est plein d’entrain mais aussi avec une excitation teintée de crainte que j’ai entamé la lecture de ce recueil de nouvelles.

Je goûte assez peu le style nouvelliste. Néanmoins je n’ai pas été déçu. Cette galerie de personnages, indiens du Nord canadien est troublante. Entre le malheur, la misère, la déserrance , la perte de repères, la perte de culture, mais aussi le fantastique, le traditionnel, l’ésotérique… Boyden poursuit son œuvre de présentation de ses origines. Teintée de souffrances, d’espoirs et d’amours, ces femmes et ces hommes sont une seule famille, un peuple qui s’est perdu, qu’on a tenté de perdre mais qui lutte et perdure dans la fierté qui le caractérise.

Monito - - 51 ans - 31 mars 2009