Au-delà du fleuve et sous les arbres
de Ernest Hemingway

critiqué par Jules, le 2 novembre 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
La nostalgie du temps, la mort à la porte
Le colonel Cantwell, de l'infanterie américaine, est cantonné à Trieste en 1945. L’Italie a été libérée par les Américains et, pour lui, ce n'était pas son premier passage en Italie.
Avec son chauffeur, il quitte Trieste pour se rendre à Venise, ville qu'il connaît très bien. Pendant le trajet, il se rappelle sa campagne en Italie de 1917 à 1918. Les mêmes villes viennent d'être violemment bombardées à nouveau et les marques de ces bombardements sont toujours parfaitement visibles. C'est surtout vrai près des ponts et des gares.
Enfin arrivé à Venise, il se rend au Gritti où il compte loger pendant son séjour. Celui-ci a deux objectifs : retrouver une jeune Vénitienne dont il est très amoureux et aller à la chasse aux canards sur la lagune gelée. Ce sera peut-être sa dernière chasse. A la veille de son départ, le médecin major du régiment l’a ausculté une fois de plus. Son coeur est en mauvais état et il le sait.
Ce séjour, il le passera à se souvenir du passé, ses guerres, ses amis morts, les endroits qu’il a aimé, mais surtout à admirer sa jeune et belle Contessa Renata, . Elle n’a que dix-neuf ans et lui dit : « Moi aussi, je t'aime et tu es mon grand amour. Quoi que cela veuille dire en américain. Je t’aime aussi en italien, contre toute ma raison, et contre tous mes vœux ».
Mais le temps joue contre lui, il se sait condamné et elle le sait aussi. Ce livre a donc un côté très nostalgique, chaque parole pèse plus que son poids normal et les actes posés ont quelque chose de définitif, comme s'ils ne pourraient plus se répéter. A un moment Renata dit au colonel : « Tu ne sais pas comme ça peut être long, une semaine, quand on a dix-neuf ans. » Pour lui, une semaine, c'est vraiment très court !.
Ce livre a été publié par Hemingway en 1950, avant « Le vieil homme et la mer » qui sortira en 1953. La critique l’a descendu en flammes et disait tout haut qu'Hemingway était un auteur fini !… Il est vrai que ce livre est un peu moins bon que le reste de ses écrits. C'est en 1954 qu’il aura son prix Nobel.