Roman Nègre
de Dan Franck

critiqué par Alma, le 12 juillet 2008
( - - ans)


La note:  étoiles
Taro ou le nègre qui s'affranchit
Si Dan Franck a signé nombre de romans reconnus par la critique, il ne faut pas oublier qu’il a été longtemps un auteur de l’ombre . Il fait de cette longue expérience de « nègre » la matière de son dernier opus : ROMAN NEGRE .

Le titre du roman condense en une seule expression les deux travaux du personnage principal Taro. D’abord le travail alimentaire de nègre, effectué dans la journée, dans une certaine pièce de son appartement : la rédaction « d’une écriture blanche, irréprochable, sans style » des mémoires d’un haut fonctionnaire impliqué dans la libération des otages du Liban et celles d’un footballeur réputé : Z ; et plus tard, dans la nuit, dans une sorte de soupente au dernier étage, l’écriture d’un roman dont le sujet l’obsède, travail « de littérature » .Taro est donc alternativement nègre et Blanc . Dans les dernières pages on le verra accéder au rang de Blanc et choisir le pseudonyme dont il signera son roman : Dan Franck .

L’intérêt de l’ouvrage réside, me semble-t-il dans l’interaction qui s’effectue entre ces deux moments . Taro, pris dans ces deux pôles d’activité d’écriture, dépasse sa schizophrénie, nourrit sa fiction des informations qu’il tire du réel vécu par ceux dont il raconte la vie .

On peut juger trop long le récit oral des péripéties du haut fonctionnaire, confuses celles de la signature du contrat avec l’agent du footballeur-star, toutefois le roman constitue un voyage salutaire au cœur du monde de l’édition, une observation de la comédie éditoriale, des rapports entre le Blanc et le nègre . Bien qu’ indispensable, recherché comme une perle rare, parfois très bien rémunéré, « le nègre est taillable, corvéable, virable à merci par celui qui signe : le Blanc puisque c’est sa signature que l’éditeur, puis le client achètent » .
Splendeurs et misères du nègre !